L’élite juge, la marge subit
Ce n’est plus une dérive. C’est un système.
Les législateurs et une frange de la magistrature sénégalaise semblent avoir intériorisé un habitus de classe, empreint d’un snobisme glaçant et d’un mépris social et culturel envers les groupes vulnérables et les marges de la société.
Les délinquants en col blanc orchestrent des cannibalismes financiers et fonciers d’une ampleur telle qu’elle dépasse le seuil de la sidération.
Leur voracité cannibale défigure le tissu social, assèche les ressources publiques, et condamne les plus fragiles à l’indignité.
C’est à cause d’eux que nos jeunes s’effacent sur les routes brûlantes du désert, avalés par l’horizon, sans linceul, sans prière, sans sépulture pour dire qu’ils ont existé. Ils meurent deux fois : dans la chair, et dans la mémoire.
Et pourtant, ces prédateurs bénéficient de libertés provisoires, d’arrangements feutrés, d’une clémence judiciaire qui confine à la complicité. La justice, au lieu de les juger, les ménages.
Elle devient sélective, indulgente avec les puissants, implacable avec les pauvres.
Pour des peccadilles, les enfants de Jeeg la paupérisée et de Goorgoorlu le précarisé sont jetés dans des prisons qui, même sans brutalité physique, fonctionnent comme des dispositifs de torture silencieuse.
Leur architecture, leur logique punitive, leur froideur institutionnelle imposent l’indignité comme norme.
Elles ne rééduquent pas, elles écrasent. Elles ne réparent pas, elles décomposent.
Elles ne punissent pas la faute, elles punissent la condition sociale.
La justice ne saurait être le bras armé de l’élite contre les plus vulnérables.
Pourtant, un apartheid judiciaire s’est installé, insidieux mais réel : une ségrégation légale qui classe les justiciables selon leur origine sociale, leur capital culturel, leur précarité. Ce tri silencieux mine les fondements mêmes de l’État de droit.
La justice, qui devrait être le sanctuaire de l’équité, devient l’instrument du mépris.
Elle humilie là où elle devrait protéger, elle exclut là où elle devrait rassembler.
Ainsi s’impose l’urgence d’une INSURRECTION JURIDIQUE: non pas une révolte contre la loi, mais un sursaut pour la restaurer dans sa vocation première- celle d’être le rempart des faibles, et non le privilège des puissants.
#Pour une justice sans caste.