Alors que le gouvernement vient de lancer un nouvel emprunt obligataire de 300 milliards de francs CFA, présenté comme un instrument de souveraineté économique et d’épargne citoyenne, l’ancien ministre de la Jeunesse, de l’Entreprenariat et de l’Emploi, Pape Malick Ndour, appelle à plus de transparence. Dans une analyse critique, il met en garde contre « un discours creux » si la répartition réelle des souscriptions (diaspora, personnes physiques et morales sénégalaises) n’est pas publiée.
Le ministère des finances nous dit que cet énième appel public à l’épargne n’est pas une opération de plus, mais qu’il s’inscrit dans une vision d’asseoir notre souveraineté économique sur des bases endogènes. On voudrait ainsi nous faire croire que ce sont d’abord les Sénégalais qui en seront les principaux acteurs.Très bien.
Notez ceci. On est parfaitement préparé pour qu’au moment du bilan, sur fond de manipulation politique et sans jamais nous préciser qui a réellement mis l’argent et dans quelles proportions, on nous présente l’opération comme un succès fulgurant, bouclée avant même la fin du délai grâce à la mobilisation exceptionnellement patriotique du peuple sénégalais et ayant conduit à une souscription dépassant …115 % du montant recherché…
Le 10 octobre prochain, à l’heure du bilan, au nom du Jub Jubal Jubanti et pour plus de transparence, le ministère des finances doit avoir le courage de nous dire quelle a été la contribution de la diaspora sénégalaise, la part des personnes physiques de nationalité sénégalaise, et celle des personnes morales de droit sénégalais. Sinon, ce discours sur la souveraineté économique ne restera qu’un slogan creux. Puisque, la réalité, nous le savons tous; derrière le discours sur l’endogénéité du financement de la dette intérieure, ce sont surtout des capitaux étrangers qui financent majoritairement via des banques établies dans la sous-région, la Côte d’Ivoire notamment. Et ça les resultats de nos récentes opérations sur le marché de l’Umoa-titre et la morosité économique, symptomatique d’un peuple qui éprouve des difficultés à consommer et à épargner, le prouvent aisément.
Bonne chance quand meme. Le Premier ministre, qui se présente comme souscripteur, pourrait bien lancer l’opération en publiant le montant de sa « contribution ». On pourra ensuite s’interroger sur l’origine de ces fonds, puisqu’il nous informe qu’il exerce ses fonctions de Premier minitre à titre gratuit, en renonçant à son salaire. On ne lui connait pas une autre source de revenu en dehors bien sûr de ses fonds politiques.
Bon jeudi et tous à la marche du vendredi.
Rappel à l’ordre!