Le député Thierno Alassane Sall, qui n’entend pas se laisser faire, a lancé l’offensive judiciaire et défie le gouvernement sur le terrain. Il a déposé une plainte contre X devant le Pôle judiciaire financier ce jeudi, concernant un important marché d’électrification rurale, financé par la banque espagnole Santander, et dont il dénonce la suspension et le manque de transparence. L’objet de la plainte porte sur un contrat d’électrification rurale qui devait couvrir 1 600 villages dans les régions de Louga, Saint-Louis, Kaffrine, Kédougou et Tamba. Le financement, d’un montant de 37 milliards de FCFA, devait être assuré par la banque Santander. Dans une déclaration faite après le dépôt de sa lettre plainte, le leader de la République des valeurs (Rv) a rappelé les faits : « Je suis venu ce jour porter une plainte contre X dans le cadre d’un marché d’électrification rurale. L’avance de démarrage a été délivrée le 11 juin 2024, il y a 16 mois. En septembre 2024, il y a plus d’un an, la banque Santander alertait les autorités concernées que les 37 milliards étaient sans doute en train d’être utilisés à d’autres fins que l’électrification rurale dans le périmètre concerné ».
Le député a précisé que le financement est désormais suspendu, la banque Santander n’ayant pas reçu les preuves de l’utilisation des fonds. « On devrait être à mi-parcours puisque le marché devrait être sur 36 mois. On aurait dû voir au moins 700 – 800 villages électrifiés dans le cadre de la zone concernée », a-t-il affirmé, soulignant que l’argent n’est pas traçable. Thierno Alassane Sall, qui avait déjà soulevé le problème à l’Assemblée nationale et fait l’objet d’attaques de la part de députés de la majorité, a dénoncé un climat de menaces visant à étouffer l’affaire. Pour prouver ses allégations, l’opposant a annoncé une offensive de terrain. Il a déclaré connaître la liste des villages concernés, dont 70 % se situent entre Louga (nord-ouest) et Saint-Louis (nord), et prévoit de s’y rendre prochainement. « Nous irons dans les principales villages qui figurent dans le marché. Et j’invite les Sénégalais qui se sentent concernés, notamment la presse, à suivre. Nous verrons s’il y a des chantiers effectivement sur le terrain, ou si alors c’est le désert », a-t-il martelé. Le technocrate sénégalais a souligné être venu au Pool judiciaire financier en raison de ses prérogatives actuelles. « Les indices probants sont assez importants », a-t-il soutenu, espérant que cette question qui agite l’actualité depuis des mois sera examinée « avec toute la diligence et la rigueur nécessaire ». Interrogé sur les récents développements concernant la convocation d’autres personnalités dans des affaires judiciaires, TAS a affirmé rester concentré sur son dossier : « Les péripéties en marge de mon chemin ne me concernent pas, je reste sur mon chemin, droit dans mes bottes ».
Ibrahima Mansaly