mardi, octobre 15, 2024
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Morts du covid-19 : Les difficiles obsèques

par admin

Les morts de la Covid-19 augmentent chaque jour. Nous en sommes à 13. Un chiffre mythique, du moins dans certaines traditions…

Mais, ce ne sont là que les morts à l’intérieur du pays. En dehors, beaucoup de sénégalais, sans doute une centaine, ont déjà perdu la vie du fait de la pandémie.

Malheureusement pour tous ces morts, du fait justement du risque de contamination, les obsèques sont particulièrement difficiles. Car, les rites mortuaires seront quasi-absents du fait des restrictions apportées par les autorités pour éviter tout risque inutile.

D’ailleurs, les autorités communiquent rarement sur le sujet.

D’abord, la toilette mortuaire. Le lavage du mort est prévu par la Charia. Elle s’impose même en général même si elle peut ne pas intervenir comme dans les cas de mort par incendie ou de décomposition avancée du cadavre pour ne citer que ces deux-là.

Au Sénégal, heureusement, il y a eu peu de polémiques dans ce sens. Contrairement à ce qui se passe en France par exemple où des divergences sont nées justement de la qualification de ‘’martyre’’ attribuée à des morts du Coronavirus.

Le site ‘’Xibaaru’’ nous renseigne que le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, un musulman mort du coronavirus est un martyre. Comme pour les soldats tombés au combat, pendant la guerre sainte, il doit être enterré sans toilette rituelle, afin d’empêcher la propagation du virus, qui peut être contracté au contact de son corps. La référence au martyre est gênante. Un discours battu en brèche par Al-Azhar, le « Vatican des musulmans du monde arabe ».

Ici, les morts du Covid-19  ne bénéficient pas en principe de toilette mortuaire sauf pour de rares occasions. Et même dans ces cas, il a fallu mobiliser des moyens humains et matériels importants.

Ensuite, la prière mortuaire! Chez nous, elle a une importance capitale. C’est traditionnellement le moment des témoignages en général en faveur de la personne décédée. Les proches qui le désirent prennent la parole pour se prononcer, en bien, sur son œuvre. Et l’Imam complète le tableau par des témoignages et des prières avant de passer au rituel final en présence des parents, proches et voisins.

Ici, s’agissant des victimes du Covid-19, ce rituel est exclu. Ce qui en rajoute à la désolation des familles.

Enfin, l’enterrement ! Ce sont les Sapeurs-pompiers et le Service d’hygiène qui s’en chargent avec de gros moyens et des précautions infinies. Car, il faudra creuser profond, éviter de toucher le corps et désinfecter les lieux une fois l’opération terminée. Et il faudra au préalable le mettre dans un sac désinfecté. La famille est mise à l’écart.

D’ailleurs, celle-ci a souvent de fortes chances d’être mise en quarantaine en tout cas pour les plus porches.

Et la situation est plus difficile pour les émigrés. Car, pour eux,  l’interdiction prononcée par les autorités de rapatrier les corps pose un sérieux problème aux familles.

D’ailleurs la Cour suprême saisie à cette occasion par un collectif d’avocats a refusé, en référé, hier, de satisfaire à la demande des requérants. Les Sénégalais morts du Covid-19 vont continuer à être enterrés dans leurs pays d’accueil. Il n’est pas question de les rapatrier même si l’Etat a promis de mettre la main à la poche pour aider les proches à acquérir des sépultures dignes de ce nom. Car, c’est loin d’être évident en Europe ou ailleurs dans les pays développés.

Une situation particulière préoccupante pour la diaspora. Car, non seulement les conditions de séjour sont rendues intenables par l’éloignement des proches, l’environnement souvent hostile de vie, mais également par la conscience que son corps ne sera pas rapatrié en cas de décès.

Les autorités maintiennent leur intransigeance pour éviter de prendre tout risque à ce propos.

Comme quoi, la Covid-19 poursuite la personne jusqu’à la tombe.

Assane Samb

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