samedi, octobre 12, 2024
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POURQUOI MACKY S’ACHARNE SUR GUY MARIUS ? LIBEREZ GUY MARIUS

par admin

Lors de son interview télévisée du 31 décembre 2019, le président Macky Sall a clairement donné ordre à la justice de punir Guy Marius pour avoir osé manifester aux grilles du Palais présidentiel. A la place de l’habituel propos selon lequel « l’exécutif ne se mêle pas des affaires de la justice indépendante », on a assisté à cet oukaze présidentiel :  » il faut reconnaître que le Sénégal est une démocratie, mais on ne peut pas permettre de manifestation à la grille du Palais ». Macky président a refoulé et renié les menaces du Macky candidat d’aller bouter hors du palais son ex-mentor, l’ex-président Wade pour, disait-il, « le rétablissement de l’état de droit au Sénégal ».

Déjà l’opinion publique nationale et internationale s’était étonnée de l’arrestation et la détention illégale pendant un mois de Guy Marius suite à une ubuesque accusation de « fausse alerte au terrorisme » dont il ne pouvait en aucun cas être l’auteur : non seulement il n’était ni lecteur, ni signataire du texte incriminé de la conférence de presse. Ce texte citait le ministre français de la police française, M. Castaner et un député de la majorité présidentielle qui avait parlé de la « menace du terrorisme » au Sénégal. Le Président Macky Sall s’en était pris au messager annonçant la mauvaise nouvelle au lieu de s’en prendre à la déclaration publique menaçante du Ministre de l’intérieur français à Dakar selon laquelle « le terrorisme est présent au Sénégal… ». Quel courageux ce Macky « qui veut tuer son chien en l’accusant de rage », comme le dit le dicton français, en faisant accuser faussement Guy Marius de « fausse alerte au terrorisme » pour éviter de répondre à l’incroyable culot du premier flic de France qui s’est permis à Dakar de semer la peur. 

Dès lors il apparaît clairement que l’emprisonnement, des 9 manifestants, puis la libération d’abord des 6, ensuite, après 50 jours de prison, des 2, visait bel et bien l’objectif de garder Guy Marius comme otage au camp pénal dans des geôles pour « terroriste ».

L‘interpellation citoyenne de Macky Sall à Londres par Mbayang Camara criant « libérez Guy Marius » et les violences exercées des sbires de l’APRBBY, les manifestations récurrentes contre la hausse du prix de l’électricité, raison pour laquelle les 9 ont été manifester aux grilles du Palais, les répressions, les gardes à vues pour diffusion de tracts et les emprisonnements deviennent des scènes courantes sous Macky Sall.. 

Ce sont les signes d’une mise en place d’une autocratie au Sénégal : la loi n’est plus respectée par les autorités qui n’hésitent plus à la bafouer. Autre signe de ce ère liberticide : il a fallu une semaine de grève de la faim pour que Guy Marius ait droit au règlement intérieur de sa prison.

Que doit-on comprendre de cet abus de pouvoir et de cet acharnement contre celui que la doyen Alla Kane à qualifier de Gouye (Baobab) ?

 

Exécuter les ordres du Président français

 

Même si Macky Sall n’est pas invité par l’impérialisme français dans le cadre du G5 Sahel, il a bien compris l’ordre donné par Macron de sévir contre la montée de ce qu’il appelle le « sentiment anti-français » lors du sommet néocolonial de Pau en France. Que dit cette ordonnance de Macron adressée à ses pro-consuls du « pré-carré » françafricain : « Je vois dans trop de pays (africain) prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-français… Si cette clarté politique n’est pas établie, la France dans certains pays en tirera toutes les conséquences ».

Ces « sentiments anti-français » que les gouvernants néocoloniaux doivent « condamner clairement » sont : – la prise de conscience de plus en plus forte que la présence militaire française fait partie du problème sécuritaire, l’exigence populaire qui en découle que l’occupation militaire française des pays les plus frappés par les djihado-terroristes doit cesser au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Bénin, mais aussi en Côte d’Ivoire, au Togo, au Sénégal – le rejet par les peuples de l’accord léonin des APE (accord de partenariat économique avec l’Union Européenne) qui impose la liquidation des droits de douanes et des impôts dans les échanges commerciaux – le démantèlement du système monétaire colonial du franc CFA et le soutien à l’ECO/CEDEAO sans la France comme étape vers la souveraineté monétaire de l’Afrique de l’ouest – l’opposition à la recolonisation par les grandes surfaces de la distribution des marchandises avec le slogan « Auchan, Carrefour dégagent » – la demande de transparence et la publication des contrats d’exploration et d’exploitation des richesses du sous-sol par les firmes transnationales (pétrole, gaz, fer, or, uranium, bauxite, phosphates, bois, etc) – le contrôle populaire de la gestion des deniers publics par les gouvernants, la lutte contre la corruption, le népotisme, la gabegie, le gaspillage et l’appropriation privée de l’argent public, les privatisations bradages des entreprises nationales, etc.

Guy Marius est en réalité un symbole des revendications légitimes ci-dessus que prennent en charge au Sénégal les activistes et mouvements de la « société civile » comme le FRAPP, Y en a Marre, Nittu Dëg, Aar Lu Nu Bok, Noo Lank, etc. 

De tels activistes et mouvements existent et se développent dans tous les pays africains avec l’accélération de la fin des illusions libérales néocoloniales qui avaient accompagné, depuis les années 1980, les diktats libéraux des Plans d’Ajustement Structurel (PAS) du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OMC. 

Une des manifestations les plus en vues de la rébellion de la jeunesse africaine contre les effets socialement dévastateurs et politiquement dictatoriaux de l’intégration libérale néocoloniale de nos pays dans la re-mondialisation capitaliste a été cette formidable insurrection populaire de la jeunesse et du peuple Burkinabé qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré, un des piliers tyran assassin de la françafrique du héros national et africain T. Sankara. 

Au Sénégal, c’est le soulèvement du 23 juin 2011 de la jeunesse et du peuple qui a stoppé la dérive monarchiste de l’ex-président libéral A. Wade dont a bénéficié dans les urnes l’actuel apprenti autocrate libéral Macky Sall.

La fuite en avant répressive de l’actuel pouvoir libéral APR/BBY n’est en vérité que la traduction sénégalaise du diktat liberticide de l’impérialisme français de mettre fin à la contestation sociale et démocratique contre les conséquences de la soumission servile à l’oppression impérialiste et de la mal gouvernance des gouvernants libéraux néocoloniaux.

 

Les causes profondes des atteintes liberticides à l’état de droit et aux droits humains 

 

Il suffit de voir et d’écouter, comme le diffusent les lanceurs d’alertes sur les réseaux sociaux, les déclarations tonitruantes de Macky Sall d’alors sur la « dictature », « les atteintes aux droits », ses appels à « la révolte pour arrêter les dérives anti-démocratiques inadmissibles » et ses promesses d’en finir avec la « gouvernance archaïque intolérable » pour « un État au dessus du Parti », pour une « gouvernance vertueuse » pour se rendre compte de l’extraordinaire marché de dupes que la régression anti-démocratique de sa gouvernance met en exergue.

Si A. Wade est le libéral du waxeet, Macky Sall est le libéral bonimenteur par excellence qui conduit à nouveau le pays sur le chemin d’une rébellion que l’exemple de la révolution anti-féodale française a justifié en proclamant: « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » (Constitution du 24 juin 1793 de la Révolution bourgeoise française, article 35). 

En effet les forfaitures de Macky Sall montrent que sur le papier les lois font « démocratiques », mais elles restent rhétorique parce que les actes du pouvoir les contredisent parce qu’il n’a rien d’autres à offrir aux populations que misère, chômage, abris provisoires, hôpitaux mouroirs, paysans condamnés à l’exode rural, pêcheurs sans poissons concurrencés par les chalutiers impérialistes, Sahara/Méditerranée devenus des cimetières à ciel ouvert pour la jeunesse. 

Singer les exactions du maître colonialiste est une maladie congénitale des bourgeoisies néocoloniales parce que le colonialisme a littéralement intégré les classes sociales précoloniales, très souvent féodales dans son système d’oppression et d’exploitation de nos pays. L’aliénation coloniale a servi à forger la mentalité de consentement à la soi-disant « supériorité » du colonisateur chez les « évolués privilégiés », véritables contremaîtres du système colonial. 

C‘est pourquoi les bourgeoisies féodales africaines volent l’argent des pays pour les placer chez leurs maîtres impérialistes, n’investissent pas l’argent volé dans les écoles, les hôpitaux et dans les économies nationales, envoient leurs enfants étudier et vont se soigner en Europe et aux USA, 

Le néocolonialisme, c’est-à-dire le passage de la domination directe à la servitude indirecte n’a fait que pérenniser cet avilissement déshumanisant fruit de la dépendance économique, politique et culturelle.qui subordonne le marché colonial et néocolonial aux Multinationalesdes puissances impérialistes. Ce système lie directement à la verticale chaque secteur d’activité du marché interne à au marché des Etats impérialistes et interdit toute intégration économique nationale et/ou panafricaine horizontale en associant les classes sociales féodale, bourgeoise et petite bourgeoise locales qui ont été mis aux commandes de nos États prétendûment indépendants. 

Tels sont les fondements socio-économiques, politiques et culturels des tendances autocratiques innées de ces bourgeois féodaux qui confondent d’une part argent public, budget de l’Etat et d’autre part argent personnel, familial ou clanique. Ces bourgeois féodaux dépensent sans compter l’argent du peuple dans des jouissances personnelles, familiales, claniques dans de somptuaires festivités ou festins de prestige et dans l’achat d’une clientèle politique tout en cultivant le culte de la soumission servile aux maîtres du système d’asservissement néocolonial situés dans l’ex-métropole coloniale. C’est l’ADN des classes sociales bourgeoises féodales issues, non pas d’un développement national endogène du capitalisme, mais d’un capitalisme exporté sous la forme du colonialisme et qui perdure sous la forme du néocolonialisme.

Voilà pourquoi les bourgeoisies féodales en Afrique ont tendance à enfreindre la limitation des mandats présidentiels, à ethniciser, tribaliser ou régionaliser les luttes politiques, à emprisonner arbitrairement les adversaires politiques ou les contestataires, à bafouer les lois au lien d’en être garantes, à soumettre les pouvoirs judiciaire et législatif à la présidence, au pouvoir exécutif.

Voilà pourquoi celles ci sont toujours à l’affût pour remettre en cause les conquêtes démocratiques gagnées par les luttes sociales et démocratiques du peuple et des mouvements progressistes syndicaux, politiques et citoyens. 

Un des facteurs qui a facilité ses attaques contre les les conquêtes sociales et démocratiques au Sénégal et dans la plupart des pays africains a été la corruption des chefs historiques de la gauche politique et syndicale par les travaux pratiques de la participation aux gouvernements des libéraux néocoloniaux ces dernières années.

C‘est pourquoi les jeunes activistes comme Guy Marius sont la « mauvaise conscience » (en ont ils vraiment ?!) qui se traduit par un lourd et bruyant silence honteux des renégats de la gauche historique. 

 

Il a fallu se battre pour obtenir des conquêtes démocratiques 

 

Même si dans sa stratégie de pérennisation de sa domination en Afrique l’impérialisme français a fait jouer à la Côte d’Ivoire le rôle de « vitrine économique », ce à quoi l’on vient d’assister encore avec le vol public du nom ECO de la future monnaie de la CEDEAO à Abidjan et au Sénégal le rôle de « vitrine de la démocratie », il doit être dit que toutes les conquêtes démocratiques l’ont été de haute lutte par le peuple ou des fractions du peuple. 

Le mythe de la démocratie coloniale a été forgé en attribuant au Sénégal le statut trompe l’oeil de « démocratie électorale » avec les joutes électorales de Blaise Diagne versus Carpot, puis de Lamine Gueye versus L.S. Senghor avant les indépendances. Cette chimère attrape-nigaud l’a été pour enrober d’un plumage « démocratique » la tyrannie coloniale, puis le vol des élections à Saint Louis en 1960 suivi de la répression et l’interdiction du PAI, l’instauration du « parti-Etat/UPS » puis du PS et le coup d’état contre le Président du Conseil Mamadou Dia. Le multipartisme « limité » obtenu au milieu des années 70 puis « intégral » à partir de 1981 l’a été par les luttes populaires et syndicales. 

Il en est de même de l’indépendance en 1960, qui est consécutive au NON de la Guinée de Sékou Touré/Saifoulaye Diallo/Mafori Bangoura/Beavogui Lansana du PDG et aux mobilisations des porteurs de pancartes, au combat du PAI pour l’indépendance et aux grèves ouvrières, notamment celles des cheminots du Dakar-Niger. 

La classe ouvrière et le mouvement syndical ont toujours été la force d’appui et parfois d’avant-garde du combat pour l’indépendance nationale, les conquêtes sociales et démocratiques.

Ce fut les cas, lors de la grande grève des cheminots en 1947 qui annonçait les indépendances, de la grève générale de 1968 qui contraignit au « multipartisme limité et intégral », de la grève de la CSS en 1983 qui améliora les conditions de travail et les salaires, notamment des coupeurs de canne, des ouvriers de l’électricité de 1992 en solidarité avec les personnels de la santé et en 1998 contre les conséquences sociales des Plans d’Ajustement Structurel (PAS), le projet de privatisation de l’électricité qui fut alors stoppé malgré les arrestations de syndicalistes.

Ces combats ouvriers, populaires et citoyens sont en réalité à la base de l’alternance démocratique de 2000. Le 23 juin 2011, la jeunesse, les travailleurs et le peuple allaient encore payer de leurs vies pour dire NON à la monarchie présidentielle avant que dans les urnes soit mis un terme au pouvoir libéral par une seconde alternance dont l’actuel locataire libéral du Palais a bénéficié.

En fait, cette longue tradition de luttes pour l’indépendance et la démocratie est de retour à travers les activistes et mouvements de la « société civile » dont Guy Marius n’est qu’une incarnation personnalisée. Il faut donc des dizaines, des centaines d’activistes organisés de la trempe de Guy Marius pour mettre en échec cette fascisation du régime libéral néocolonial aux abois. 

C‘est cela qui perturbe le sommeil du pouvoir libéral néocolonial APR/BBY de Macky Sall, c’est cela que cherche à stopper la répression arbitraire et aveugle qui sévit au Sénégal. 

 

Valeurs contre anti-valeurs, démocratie contre autocratie

 

Et en plus des militant(e)s dont le courage et la bravoure sont reconnus, il y a les valeurs dont ceux-ci et celles-ci sont porteurs. Valeurs émancipatrices qui plongent leurs racines dans l’histoire multiséculaire du Sénégal et de l’Afrique, dans les expériences révolutionnaires indépendantistes de la première phase de décolonisation et dans les expériences révolutionnaires progressistes des peuples du monde. 

Ces valeurs sont des antidotes aux anti-valeurs générées par l’aliénation coloniale et l’inféodation néocoloniale des bourgeoisies féodales que dénonçaient fort justement Franz Fanon dans « peau noire, masque blanc ». 

Oui l’Afrique a fécondé bien avant l’invasion et l’occupation coloniale, et même sous les modes de production pré-coloniaux des penseurs et des pensées progressistes. 

C‘est le cas de la Charte du Mandé en 1222 dont l’article premier déclare contre l’esclavage : « un humain est un humain« . C’est le cas de Cerno Souleyman Baal qui enseignait en 1776 :  » …je vous recommande… 1)De rechercher, pour assumer la fonction d’Almami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne, ni pour ses proches ; 2)Si vous le voyez s’enrichir, démettez-le et confisquez les biens qu’il a acquis ; 3)S’il refuse la démission, destituez-le par la force et bannissez-le ; 4)Remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée ; 5)Veillez-bien à ce que l’Almamiyat ne soit jamais héréditaire ; 6)N’intronisez qu’un méritant ».  C‘est qu’enseignait aussi le savant Égyptologue ,Cheikh Anta Diop, sur les apports scientifiques, techniques de « l’Égypte Pharaonique noire » 4000 ans avant l’ère Grecque, Romaine, Judéo-chrétienne et Musulmane. 

La jeunesse en rébellion, contre le néocolonialisme criminel, le libéralisme meurtrier, la corruption assassine, redécouvre aussi les véritables figures indépendantistes africaines et leurs pensées libératrices en lieu et place des mensonges de « l’Afrique sans histoire démocratisée par la mission civilisatrice Occidentale« .

Elle se réapproprie avec la transmission des résistants de la gauche qui ne s’est pas reniée l’histoire des luttes et des victoires contre l’impérialisme du PAIGC d’Amilcar Cabral, de l’Algérie du FLN de Habane Ramdane/Franz Fanon, de l’ANC/PCSA de Mandela/Chris Hani, du Vietnam de Hô Chi Min/Giap, de Cuba de Fidel Castro/Che Guevara, de la Chine de Mao, étape vers la redécouverte de la vraie histoire de la Révolution matrice qui a ébranlé le monde capitaliste durant 70 ans au XXéme siècle Octobre 1917 et l’URSS.

La jeunesses en rébellion est le spectre qui fait trembler les maîtres et les valets du système néocolonial. Voilà pourquoi l’impérialisme français charge ses laquais autocrates de contenir les vagues de la mer agitée par la jeunesse en rébellion de la seconde phase de libération nationale et panafricaine. Gloire et honneur aux nouveaux jeunes combattants de l’indépendance nationale, de la démocratie citoyenne populaire et de la révolution africaine.

Janvier 2020
DIAGNE Fodé Roland  

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