Le ministère des Finances et du Budget a déclaré aux investisseurs qu’il s’acquittera de ses dettes et poursuivra les négociations avec le International Monetary Fund (FMI), alors que la nation se prépare à une décision clé de notation de S&P Global ce vendredi, rapporte Reuters.
Le FMI avait suspendu son programme de prêts au Sénégal l’an dernier après que le gouvernement récemment élu a révélé des dettes non déclarées qui depuis ont dépassé 11 milliards de dollars, plaçant le pays d’Afrique de l’Ouest dans une situation financière précaire avec un ratio dette/PIB supérieur à 130 %.
Dans une déclaration adressée aux investisseurs et consultée par Reuters, le ministère a indiqué que « le Sénégal réitère qu’il continuera de respecter ses obligations à mesure qu’elles arrivent à échéance et progresse de façon adéquate dans la mise en œuvre de son plan de financement pour 2026.»
La déclaration précise que le gouvernement mène des efforts pour renforcer les finances publiques en augmentant les recettes, en maîtrisant les dépenses et en alignant l’exécution budgétaire sur ses objectifs pour 2025.
Fin septembre, les recettes hors dons et hors dépenses courantes avaient atteint 73 % des objectifs fixés, selon le ministère.
Le FMI, après sa mission au Sénégal plus tôt ce mois, avait averti que l’« hypothèse de rendement fiscal très élevé » supposée dans les projections de croissance des recettes du pays « constitue un risque important ».
Depuis la suspension du programme de prêts, les discussions sur une dérogation pour la non-déclaration de dettes, indispensable pour un nouveau programme de prêt, ont été lentes, et le Fonds a quitté Dakar plus tôt ce mois sans aucun accord concret pour la dérogation ou un nouveau programme de prêt.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré le week-end dernier que le FMI « veut que le pays restructure sa dette », ce qu’il a vigoureusement rejeté.
Les difficultés du Sénégal ravivent les inquiétudes sur la solvabilité des États en Afrique subsaharienne, alors que le continent sort tout juste d’une vague de défauts qui avait vu des pays comme Zambia, Ghana et Ethiopia contraints à restructurer leur dette.
Dans sa déclaration, le Sénégal a également indiqué que la société Global Sovereign Advisory agit comme son unique conseiller financier.
Le manque de progrès entre Dakar et le FMI a fortement pesé sur les obligations internationales du Sénégal, certaines atteignant des prix historiquement bas cette semaine.
Les tensions politiques internes au sein de la coalition dirigeante du Sénégal, notamment des désaccords signalés entre le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, ont encore plus inquiété les investisseurs et pourraient compliquer la position du pays dans ses négociations avec les institutions internationales.
Ce vendredi, les obligations internationales du Sénégal ont interrompu leur baisse : elles se négociaient environ 2,5 cents de plus, tant pour les dettes en euros qu’en dollars. Cependant, certaines obligations — par exemple celle à maturité 2031 en dollars — sont toujours en baisse d’environ 10 cents depuis le début de la semaine, à 66,5 cents.
Plus tard vendredi, S&P Global doit publier sa dernière décision de notation. L’agence avait déjà rétrogradé la note souveraine du Sénégal à B- en juillet, avec une perspective négative, du fait d’inquiétudes croissantes sur le fardeau de la dette du pays.
Moussa Ndongo

