Invité ce dimanche de l’émission Point de vue , le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro, s’est exprimé sur la récente baisse des prix du carburant décidée par le gouvernement, ainsi que sur les leviers structurels d’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs.
Le responsable syndical a d’emblée salué une mesure qu’il juge positive pour les ménages. « Toute baisse des prix, même minime, constitue un gain pour les populations et pour les travailleurs », a-t-il déclaré, rappelant que le gasoil, le super et le gaz butane occupent une place centrale dans le panier de consommation des sénégalais.
Une réponse partielle à la cherté de la vie
Pour la CNTS, cette décision s’inscrit dans une dynamique conforme aux revendications syndicales de longue date, axées sur l’amélioration du pouvoir d’achat dans un contexte marqué par la cherté de la vie. Mody Guiro a souligné la fatigue sociale ressentie par les populations, notamment les jeunes et les acteurs du secteur informel, confrontés à la précarité et au chômage.
S’il salue l’initiative gouvernementale, le syndicaliste estime toutefois qu’elle doit s’inscrire dans une action plus large et durable. Il appelle ainsi les autorités à poursuivre les efforts engagés afin d’amplifier l’impact social de ces mesures, notamment à travers leurs effets attendus sur les coûts du transport et, à terme, sur l’électricité.
Salaires et fiscalité : un débat ouvert
Abordant la question de la conciliation entre baisse du coût de la vie et augmentation des salaires, Mody Guiro a estimé que les deux approches ne sont pas incompatibles. Il a néanmoins souligné les disparités entre les secteurs. Si des avancées sont notées dans la fonction publique et dans certains secteurs économiques porteurs, comme les télécommunications, les mines ou les hydrocarbures, une large frange des travailleurs du secteur privé demeure en difficulté.
À défaut d’augmentations salariales généralisées, le secrétaire général de la CNTS a insisté sur la nécessité d’actionner un autre levier : la fiscalité. Selon lui, la pression fiscale sur les salaires reste élevée et amoindrit les gains réels des travailleurs. Il a ainsi plaidé pour une réflexion approfondie, dans le cadre de la réforme du code des impôts, afin d’atténuer cette charge pesant sur les revenus du travail.
Soutien conditionnel au PRES
Évoquant la conjoncture économique difficile et la crise de la dette, Mody Guiro a rappelé le soutien de la CNTS au plan de redressement économique porté par les autorités, notamment en matière de mobilisation des ressources internes et d’élargissement de l’assiette fiscale. Toutefois, il a souligné que cet effort collectif devait bénéficier à l’ensemble des ménages et ne pas reposer exclusivement sur les travailleurs du secteur formel.
Le responsable syndical a appelé à un sursaut productif, insistant sur l’importance du travail, de la production et de la transformation locale pour créer de la valeur ajoutée, réduire les importations et soutenir durablement l’économie nationale. Selon lui, les sacrifices consentis dans le contexte actuel ne sauraient être durables sans perspectives claires de retombées au profit des populations.

