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samedi, mai 4, 2024
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Attaques contre le régime : l’APR adopte la loi du talion

par pierre Dieme

Ce qui s’est passé au mois de mars dernier, ne va plus se reproduire. C’est en substance ce qu’avait déclaré le président de la République, Macky Sall lors du Conseil Présidentiel sur l’emploi des jeunes tenu en avril dernier à Diamniadio. Depuis lors, son parti l’Alliance pour la République (APR) matérialise la parole en acte. Il n’est plus question de se laisser surprendre.

Œil pour œil, dent pour dent ! C’est la logique que semble désormais épouser les membres de l’Alliance pour la République (APR) depuis les douloureux événements de mars dernier. Une loi du talion qui n’épargne plus personne. Même le Professeur Abdoulaye Bathily en a pris pour son grade. Son crime avoir annoncé que «nous allons vers des élections qui risquent encore d’être contentieuses alors que toutes ces questions ont été réglées par les Assises Nationales. Il s’agit en effet d’un processus qui a insufflé toutes les dynamiques politiques et sociales jusque dans les coins les plus reculés, au-delà même des partis politiques.

Et le produit qui en a résulté en qualité n’a jamais été produit par les formations politiques».
Dans son alerte, l’ancien Jallarbiste en chef, avance qu’il y a «un risque réel d’engager le pays vers l’inconnu et le chaos». Ce qui a créé un tollé et un volet de bois vert. D’abord c’est Abdou Mbow, 1er vice-président de l’Assemblée nationale qui estime que «le Professeur Abdoulaye Bathily est d’une autre époque et incarne une curieuse façon de faire la politique, nostalgique qu’il est de la pensée unique». Ensuite, ce sont les «Cadres» de l’APR, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, en tête, qui montent au créneau en soutenant que Bathily n’a toujours pas digéré sa défaite à la présidence de l’UA.

Une défaite personnelle certes face à Moussa Faki Mahamat, candidat de feu, Idriss Déby, mais et surtout diplomatique que le maire de Yoff semble occulter. De telles réactions épidermiques étonnent d’ailleurs plus d’un observateur. Même si, estime le journalisme-formateur, Ibrahima Bakhoum la «force de nuisance» de l’ancien Secrétaire général de la LD, ne pouvait pas laisser les Apéristes indifférents. Joint par la rédaction de Sud Quotidien, il soutient tout de même que «l’APR veut désormais réagir à tout et ne plus laisser les choses refroidir. Certains sont reprochés d’être absents quand le Président de la République avait le plus besoin d’eux du point de vue de la communication politique, pour faire face à des observations très dures contre le pouvoir, concernant la gouvernance».

OPÉRATION RACHAT

«En mars, pour une bonne petite semaine, certains étaient accusés d’avoir fait profil bas. Des gens étaient cités comme ayant voulu rapidement quitté le navire du pouvoir pour aller ailleurs. Ils croyaient que ça tanguait dangereusement. Ces personnes aujourd’hui ont l’occasion de se racheter et se disent qu’ils ne vont plus laisser passer», analyse-t-il. La deuxième raison de ces attaques tous azimuts contre le Professeur Bathily se trouve sur la carrure de l’homme politique, auteur de la sortie qui a suscité le tollé du côté du pouvoir.

En réalité, le journaliste formateur pense qu’«il ne faut pas oublier que Abdoulaye Bathily est un ancien compagnon et c’est quand même une voix très audible. Une voix qu’on entend très rarement mais quand elle sort, ça fait énormément de bruits. Quelqu’un comme lui, quand vous savez quel rôle il a joué dans la première et la deuxième alternance, évidemment ça peut faire peur». Même s’il considère que le poids électoral de l’ancien Secrétaire général de la LD, tout comme celui du PIT sont «quasi nuls au plan des statistiques». Mais, que le travail qu’ils peuvent mener en amont est extrêmement important pour changer quelque chose, comme ce fût le cas avec Abdoulaye Wade, en 2000 face à Abdou Diouf. Ainsi donc, à l’image des vives réactions des gens du régime contre la sortie de feu Amath Dansoko du PIT sur le danger qui guettait le pays, M. Bakhoum est d’avis que les tenants du pouvoir sont dans une logique de répondre aux coups pour coups pour «éventuellement s’assurer il n’y aura plus de Bathily». Cela, dans le but d’éviter d’autres fronts, après celui ouvert par Ousmane Sonko député de Pastef et certains jeunes.

Concernant les réponses servies au Professeur Bathily, notamment une certaine rancune contre le président Macky Sall et son régime après sa défaite à la présidence de l’Union africaine (UA), le journaliste analyste trouve qu’il est normale que «quand on veut détruire un adversaire politiquement, évidemment on va aller chercher les termes les meilleurs.» Sauf que selon lui, vu la dimension politique de Abdoulaye Bathily, il fallait des réponses appropriées. «Quand tu t’adresses à des gens de cette trempe (Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho, Ndlr), il faut avoir un discours de haut niveau, le même que les siens, sinon vous allez vous ridiculisez», considère-t-il, non sans regretter que de tels hommes politiques, formés à de «très bonnes écoles politiques et idéologiques» n’existent plus.

JEAN MICHEL DIATTA

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