Le doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar, Abdoul Aziz Diallo, a bouclé le dossier de la pouponnière « SOS Keur Yeumande ». Le magistrat a rendu, le 21 août 2025, une ordonnance de non-lieu partiel, de requalification, de prise de corps, de mise en accusation et de renvoi de Ndella Madior Diouf et de plusieurs co-inculpés devant la Chambre criminelle. Le 11 novembre dernier, le dossier a été présenté à une audience d’interrogatoire sur l’identité, en attendant la fixation d’une date d’un procès. Les accusés Ndella Madior Diouf et Cheikh Tidiane Ndiaye qui sont en détention depuis décembre 2023 ont été extraits de prison. Le reste du groupe est sous contrôle judiciaire. Les détails de l’ordonnance sont révélés.
Selon le document exploité par Seneweb, l’ordonnance de renvoi délivre un tableau sombre du fonctionnement de la pouponnière et des responsabilités pénales retenues. L’information judiciaire qui a été ouverte vise Ndella Madior Diouf et 13 autres personnes dont des nourrices, employés de maison, vigiles, assistants ou simples intervenants de la structure.
Un chapelet de crimes sont visés par le ministère public : « traite des personnes, exercice illégal de la médecine, privation d’aliments ou de soins ayant entraîné la mort, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger, obtention indue de certificats d’inhumation, homicide involontaire, infractions aux règles d’inhumation, non-déclaration de naissance et complicité. »
Retour des faits
Selon l’ordonnance, le 20 novembre 2023, Ndella Diouf déposait une plainte au niveau de la Sûreté urbaine de Dakar contre Ndella Madior Diouf, directrice de la pouponnière « SOS Keur Yeurmande ». La demoiselle a déclaré, au cours de son audition, que cette dernière refusait de lui rendre son enfant qu’elle lui avait confié et qui se trouvait dans un piteux état. Elle expliquait aux enquêteurs qu’elle avait contracté une grossesse non désirée et avait soumis à Ndella Madior son désir de lui confier l’enfant à la naissance. Toujours selon elle, la mise en cause avait accepté sa proposition et l’avait hébergée à Simal jusqu’à ce qu’elle accouche le 14 août 2022 à Fatick. Elle ajoutait que Ndella Madior avait par la suite, acheminé son fils nommé Simal Ousmane Ndella Madior Diouf à Dakar.
Mais quand elle est venue le récupérer quelques temps après, la mise en cause lui a opposé un refus.
Suite à la publication de vidéos sur les réseaux sociaux faisant état de la maltraitance d’enfants pensionnaires de la pouponnière, le procureur de la République saisissait les enquêteurs, qui dans le cadre des investigations, procédaient à l’exploitation de deux vidéos téléchargées via l’application YouTube. Le visionnage de la première vidéo d’une durée de trois (3) minutes quatre (4) secondes permettait de voir un enfant se trouvant dans un cadre insalubre et inadéquat, mal en point, en pleurs, peinant à respirer et présentant des signes aigus de malnutrition. L’autrice de la vidéo laissait entendre qu’elle travaillait au niveau de la pouponnière et qu’elle prenait les devants pour éviter que son employeur puisse lui imputer une faute en cas de problème.
La deuxième vidéo d’une durée de onze (11) minutes cinquante-cinq (55) secondes était relative à une interview de Anta Sarr, se disant ex-nounou de la pouponnière, qui décrivait les conditions difficiles de travail du personnel, la mauvaise alimentation des nouveau-nés avec la consommation de lait inadapté à leur âge et l’absence de suivi médical et pédiatrique au niveau de la pouponnière.
Déshydratation aiguë, diarrhées, dénutrition importante, décès…
Toujours dans le cadre des investigations, les enquêteurs recevaient un rapport établi par le service social du centre hospitalier national d’enfants Albert Royer relatif aux bébés de la pouponnière. Selon les termes du rapport, au cours de la période du 20 octobre au 7 novembre 2023, le centre avait pris en charge des nourrissons venant de la pouponnière et souffrant d’une déshydratation aiguë et d’une dénutrition importante et que parmi les nourrissons, deux étaient décédés après leur arrivée dans le centre.
Les différentes interpellations avaient permis de constater qu’il y avait au niveau de la pouponnière une mauvaise reconstitution des biberons et l’utilisation d’un lait non adapté aux nourrissons et ces erreurs diététiques étaient d’après le rapport, la cause des maladies développées chez les bébés.
Les enquêteurs, accompagnés du Préfet du Département de Dakar, du Président du Comité départemental de la protection de l’enfance, de la direction de la Petite Enfance et d’une équipe médicale, effectuaient un transport dans les locaux de la pouponnière d’où ils constatent qu’ils étaient insalubres et inadaptés pour un suivi correct des nourrissons trouvés sur place qui étaient acheminés par la suite, au niveau des centres hospitaliers Albert Royer et Pikine.
Les enquêteurs procédaient, par ailleurs, à l’interpellation du personnel de la pouponnière à savoir Awa Mbaye, Fanta Cissokho, Fatou Séne, Sadio Keita, Anta Sarr, Yacine Sow, Cheikh Tidiane Ndiaye, Djiby Soaw, Koumakh Diaham et El Hadji Sène. Toutefois, au cours des investigations, les policiers-enquêteurs recevaient du SAMU municipal de Grand-Yoff, un document intitulé « constatation de décès » du bébé Zouleika Ndella Madior Fall, acheminé au niveau de cette structure par Ndella Madior Fall, et du centre hospitalier d’enfants Albert Royer. Ils ont aussi découvert les certificats de décès des 27 octobre et 4 novembre 2023 des bébés Mouhamed Konté et Maréma Ndella Madior Diouf, hospitalisés respectivement les 27 octobre et 3 novembre 2023.
Ils reçoivent, en outre, de la clinique de l’Amitié, un rapport relatif à l’hospitalisation du 12 au 13 novembre 2023, du bébé Bijou Ngoné Ndella Madior Diouf pour déshydratation et dénutrition, suivie de son décès à la date du 14 novembre 2023. Encore, au centre hospitalier Dalal Jamm, un renseignement faisant état de l’hospitalisation le 13 décembre 2023 suivi du décès le 15 décembre 2023, du bébé Youssou Ndour venant toujours de la pouponnière. A la date du 28 décembre 2023 (l’année est corrigée pour la cohérence des dates), un rapport médical relatif à des bébés provenant de la pouponnière et hospitalisés au service de pédiatrie du centre hospitalier Albert Royer de Fann était dressé par le professeur Ousmane Ndiaye, chef du Service de Pédiatrie, et duquel il résultait que 12 enfants pris en charge, souffraient de malnutrition, de dénutrition et de diarrhées liées à une erreur de régime nutritionnel.
Le 4 janvier 2024, le centre hospitalier de Pikine établissait un rapport des bébés venant de la pouponnière au nombre de 5 et hospitalisés pour bronchiolite, diarrhée aiguë, déshydratation, insuffisance rénale et hyponatrémie. Toujours dans le cadre des investigations, les enquêteurs ont auditionné Marie Elisabeth Coly, Ndeye Mously Gueye et Maguette Ndiaye, ayant tous sollicité les services de Ndella Madior Diouf au cours de leurs grossesses. Celle-ci révélaient le mode opératoire de cette dernière consistant à héberger des femmes enceintes qui travaillaient au niveau de la pouponnière jusqu’à la délivrance pour ensuite y laisser leurs bébés.
Ndella Madior se dédouane…
Interrogée, Ndella Madior Diouf déclarait avoir mis sur place la structure dénommée « SOS SANTE KEUR YEURMANDE » en vue de sensibiliser les populations sur les problèmes de santé, de lutter contre les violences faites aux femmes, l’infanticide et le refus de paternité. Elle affirmait ne détenir aucun document quant à l’ouverture de sa pouponnière, le traitement de la demande étant, selon elle, en cours auprès du Ministère de la Famille. Poursuivant, elle expliquait que les femmes enceintes se présentaient volontairement à la pouponnière pour y séjourner le temps de leur grossesse et y abandonner leurs bébés après accouchement.
Relativement aux conditions de vie des bébés, elle indiquait qu’ils étaient très bien entretenus, en dépit des vidéos diffusées sur internet, et soutenait aussi que, contrairement aux déclarations de la plaignante Ndella Diouf, cette dernière avait abandonné son nourrisson. Elle précisait que la restitution de son enfant ne pouvait s’opérer qu’après remboursement des frais de séjour, d’accouchement et de prise en charge, ce que Ndella Diouf n’a pas voulu honorer.
Ndella Madior Diouf a confirmé aussi les décès des bébés nommés Mohamed Samba Ndiobene Ka, Akon, Maréma, Zouleika Ndella Madior Diouf, Youssou Ndour, Bijou Ngoné. Mais, selon elle, la mort des deux premiers nommés résultait d’une négligence des nounous. Tandis que celles des autres sont liées d’un retard dans la prise en charge médicale ou d’un traitement inadapté.
Interpellée sur le certificat de décès de l’enfant Akon retrouvé lors des perquisitions et établi par sa structure dénommée « SOS SANTÉ», elle se prévalait d’une qualité de médecin pour avoir selon elle, fait des études en médecine jusqu’à la sixième année. Ndella Madior soutenait également s’être fait délivrer des certificats d’inhumation en bonne et due forme sur la base des certificats de décès. Elle révélait aussi que sa pouponnière a commencé à recevoir des nourrissons depuis le 14 août 2022 et que les premiers bébés reçus étaient Prince, Simal Ousmane, Macky Sall, Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Mame Diarra Fam, Cheikh Alassane Sène , Zouleika Ndellá Madior Diouf, Sokhna Dieng Mbacké , Ndella Madior Diouf, Abdoulaye Wade, Néfertiti Ndella Madior Diouf, Karim Wade, Marième Faye Sall et Waly Seck. Elle soutenait, en outre, ne pas se livrer à un trafic de bébés, se contentant de l’aide des parrains pour la prise en charge des bébés qui devaient séjourner au sein de la pouponnière jusqu’à leur majorité.
Le corps d’un bébé gardé dans une bassine remplie de glace…
Anta Sarr, maman du bébé dénommé Aksn déclarait lors de son interrogatoire avoir été hébergée par Ndella M. Diouf alors qu’elle était en état de grossesse, d’abord à Simal et ensuite à la pouponnière de Sacré-Cœur. Elle soutenait que malgré son état, elle officiait au niveau de la pouponnière en qualité de nounou avant d’être licenciée par Ndella Madior Diouf et de quitter les lieux. Toujours selon ses dires, après son accouchement à l’hôpital, elle a contacté Ndella Madior Diouf et s’est rendue chez elle avec son bébé. Elle expliquait que celui-ci est décédé par la suite au niveau de la pouponnière, et qu’ayant eu des doutes sur l’acheminement du corps à la morgue de l’hôpital Idrissa Pouye, elle s’était rendue dans la chambre du bébé pour découvrir le cadavre dans une bassine remplie de glace avec un ventilateur allumé à côté.
Poursuivant, elle soutenait que le cadavre y avait été déposé par El Hadj Séne et que le lendemain, le vigile Koumakh Diaham lui révélait que ce dernier, assisté de Djiby Sow et Cheikh Tidiane Ndiaye étaient partis au cimetière de Yoff pour enterrer son enfant.
Un couple avait payé 8 millions pour adopter un Bébé
Anta Sarr indiquait, en outre, que courant 2023, elle a amené plusieurs bébés malades à l’hôpital à la demande de Ndella Madior Diouf et qu’un médecin lui a interdit de donner des solutions buvables aux enfants. Elle révélait aussi qu’une transaction avait eu lieu au niveau de la pouponnière et que Ndella Madior a remis un enfant à un couple moyennant la somme de 8 000 000 de FCFA.
Lors de leur interrogatoire, les nounous, Fanta Cissokho, Yacine Sow, Awa Mbaye, Sadio Keita, Fatou Séne déclaraient avoir contacté Ndella Madior à la suite d’une publication d’offres d’emploi sur Facebook et elles précisent qu’elles ne disposaient d’aucune qualification professionnelle pour l’emploi de nounou. Elles affirmaient que les bébés étaient alimentés trois fois par jour avec du lait. Tandis que ceux âgés de 1 à 2 ans étaient nourris avec des céréales ou de la purée.
Koumakh Diaham et Djiby Sow expliquaient lors de leur interrogatoire, avoir été recrutés respectivement les 29 novembre 2023 et 11 décembre 2023 en qualité de vigile et d’agent de nettoyage. Le premier nommé déclarait que certaines femmes venaient déposer leurs enfants à la pouponnière. Mais pour les récupérer, elles devaient s’acquitter des frais d’accouchement. Djiby Sow déclarait qu’il a assisté certaines nounous qui alimentaient les bébés du fait d’un manque d’effectif.
Des inhumations clandestines, délivrance d’acte de décès par Ndella Madior
Interrogé à son tour, El Hadji Sene déclarait avoir procédé à l’inhumation de bébés au compartiment 39 du cimetière de Yoff avec l’assistance de Cheikh Tidiane Ndiaye et ce, après délivrance d’un certificat aux fins d’inhumation établi par l’officier d’État civil de la Mairie de Grand – Yoff sur présentation d’un certificat de décès établi par Ndella Madior Diouf. Elle indiquait que la mise en cause le mettait en rapport avec un certain Fallou qui lui facilitait l’accès et il réfutait les déclarations de Anta SARR selon lesquelles il aurait dissimulé le corps de son bébé dans une bassine remplie de glace. Il précisait à ce titre que l’enfant est décédé vers une heure du matin et qu’il l’a déposé le lendemain à la morgue de l’hôpital.
Cheikh Tidiane Ndiaye interrogé, déclarait avoir été recruté par Ndella Madior Diouf en qualité d’assistant et à ce titre, il était chargé de recruter du personnel pour la pouponnière, de surveiller les activités des nounous et de veiller aux conditions d’hygiène dans la pouponnière. Il soutenait avoir été témoin d’un accouchement à domicile ainsi que du décès des bébés Akon et Youssou Ndour. Il indiquait aussi que Ndella Madior Diouf adoptait des bébés abandonnés. Mais n’était pas sûr que celle-ci se soit conformée à la législation en vigueur Par ailleurs, Cheikh Tidiane révélait que la police n’a pas été informée du décès de bébé Akon et que c’est le nommé Mouhamadou Samb qui a établi l’acte de décès signé ensuite par Ndella Madior Diouf.
Relativement au registre trouvé par devers lui lors de son interpellation, il soutenait qu’il s’en servait pour enregistrer les noms des femmes en détresse, ceux des femmes venues de la pouponnière de Simal avec leurs bébés, ceux des assistants et membres du personnel de la Radio de Ndella Madior Diouf.
Ndella Madior parle de cabale des autorités pour lui voler son projet
Inculpée puis interrogée au fond, Ndella Madior Diouf contestait les faits en soutenant être victime d’une cabale de personnes mal intentionnées et jalouses qui voulaient lui voler son projet de création de pouponnières à l’échelle de chaque commune. Elle affirmait avoir soumis ledit projet aux autorités qui avaient manifesté leur désir de l’accompagner. Mais que ceci n’étant pas du goût de certains individus, ces derniers l’ont infiltré avant de réussir à diffuser des vidéos tendant à dénigrer sa structure. Toutefois, elle reconnaissait que plusieurs décès avaient été enregistrés au niveau de la pouponnière dont les causes étaient liées à des retards de prise en charge ou à un défaut de suivi correct des malades imputable aux nounous.
Elle affirmait que son intention était d’aider les femmes victimes de grossesse non désirées afin d’éviter les infanticides et le délaissement de bébé dans des endroits solitaires tels que les décharges d’ordures. Elle déclare aussi avoir établi elle-même des certificats de décès sur la base desquels elle s’est fait délivrer des certificats aux fins d’inhumation nonobstant le fait qu’elle n’était pas médecin. Car n’ayant pas pu soutenir une thèse en médecine et n’étant pas inscrite au tableau de l’Ordre des Médecins.
Elle reconnaissait que suivant ses instructions, des bébés ont été ainsi enterrés au compartiment 39 des cimetières de Yoff par El Hadji Séne , Djiby Sow et Cheikh Tidiane Ndiaye avec l’aide d’un certain Fallou sans autres précisions.
Inculpées à leur tour et interrogées, Awa Mbaye, Yacine Sow, Fanta Cissokho, Fatou Séne , Anta Sarr, Koumakh Diaham, Cheikh Tidiane Ndiaye El Hadji Séne et Djiby Sow contestent également les faits. Les deux derniers nommés, revenant partiellement sur leurs déclarations faites à l’enquête de police, soutenaient n’avoir jamais inhumé des bébés même s’ils ont laissé entendre avoir eu échos de quelques décès de bébés.
Dans leurs dénégations, Awa Mbaye , Fanta Cissokho et Fatou Séne soutiennent n’avoir travaillé au service de Ndella Madior Diouf que pendant quatre (4) jours, et durant ce temps, aucun incident n’a été signalé à la pouponnière. Les bébés étaient correctement pris en charge, selon elles.
Dans la même sillage, Yacine Sow déclarait n’avoir fait qu’une semaine à la pouponnière et que pendant son séjour, elle n’avait remarqué aucun manquement dans la prise en charge des pensionnaires.
Anta Sarr affirmait être restée au niveau de la pouponnière pendant un mois à la demande de Ndella Madior Diouf. Elle ajoutait avoir confié à cette dernière son enfant qu’elle a surnommé Akon et qui est décédé dans les circonstances décrites à l’enquête préliminaire.
Cheikh Tidiane Ndiaye en ce qui le concerne, disait qu’il aidait Ndella Madior Diouf à recruter les nounous. Et, qu’il intervenait également au niveau de la pouponnière pour surveiller les nounous mais aussi veiller à un bon entretien des bébés. Il déclarait en outre avoir été informé des décès survenus à la pouponnière par Ndella .M. Diouf. Il assistait celle-ci pour l’établissement des formalités administratives avant de procéder aux inhumations aux cimetières musulmans de Yoff.
A son tour, Koumakh Diaham confirmait la mort de bébés. Il soutenait n’avoir procédé aux inhumations pour avoir travaillé au niveau de la structure que pendant 22 jours en qualité de gardien moyennant un salaire mensuel de 75 000 F CFA qu’il n’a d’ailleurs pas perçu. Il ajoutait qu’ayant constaté que les nounous étaient en sous-effectif, il lui arrivait de monter à la pouponnière pour les aider à donner à manger aux bébés.
Concernant Sadio Keita qui a violé les obligations de son contrôle judiciaire et qui n’a pas été interrogé au fond, un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre et un procès-verbal de vaines recherches dressé par la suite.
Du riz reconditionné et transformé en bouillie…
Entendues à titre de témoins, les anciennes nounous Seynabou Ndiaye et Marie Elisabeth Coly dénoncent les mauvaises conditions alimentaires et font remarquer que très souvent le lait et les couches étaient en manque à la pouponnière. Et qu’il leur arrivait de réutiliser du riz ou du « GOFIO » pour donner à manger aux bébés. Selon elles, cette mauvaise alimentation était à l’origine des maladies qui ont provoqué la mort des bébés.
Également entendues à titre de témoins, Seynabou Ndiaye, Nafissatou Sarr Samb, Astou Thiao et Ndèye Mously Gueye déclarent avoir fréquenté, la pouponnière où elles ont eu à travailler en qualité de nounous. Les deux premières nommées dénoncent les mauvaises conditions de prise en charge des pensionnaires. À ce propos, Seynabou Ndiaye faisait remarquer qu’il arrivait que du riz soit reconditionné et préparé sous forme de bouillie et donné aux enfants. Il résultait aussi de leurs témoignages très souvent que la nourriture des bébés manquaient ainsi que les couches. Parce que Ndella Madior Diouf détournait à d’autres fins les dons faits à la pouponnière soit par des bonnes volontés soit par les homonymes ou parrains des bébés.
« Elle me réclamait 5 millions pour récupérer mon bébé »
Entendue comme partie civile, Ndella Diouf déclarait qu’étant en état de grossesse, elle s’était rendue chez Ndella Madior Diouf pour solliciter son aide. L’inculpée lui avait promis son soutien. Elle ajoutait que Ndella Madior Diouf est venue récupérer son enfant après l’accouchement. Elle ajoutait avoir provisoirement confié l’enfant à Ndella et qu’à chaque fin du mois elle lui donnait 30 000 francs pour l’enfant. Elle affirmait que voulant récupérer son enfant, elle s’en était ouverte à l’inculpée qui lui a réclamé le paiement de la somme 5 millions de francs représentant les frais liés à son accouchement et à l’entretien de l’enfant. Elle révélait aussi avoir eu à travailler à la pouponnière en tant que bénévole à la suite d’un appel à l’aide que Ndella Madior avait fait sur les réseaux sociaux parce que les nounous, vu leur nombre réduit, ne parvenaient plus à s’occuper correctement des bébés. Elle précisait en outre qu’à cette occasion, elle avait constaté que les conditions de prise en charge des pensionnaires s’étaient dégradées.
Auteur: Doudou DIOP
Publié le: Dimanche 30 Novembre 2025
