L’affaire SoftCare prend une dimension explosive après la diffusion d’un enregistrement audio attribué à Moussa Diallo, directeur de l’Inspection, de la Surveillance du marché et des Vigilances à l’Agence de régulation pharmaceutique (ARP). Dans cet audio largement relayé, l’inspecteur affirme avoir subi des tentatives de corruption, des pressions internes et des menaces, après avoir mis en cause la société SoftCare pour l’utilisation présumée de matières premières périmées dans la fabrication de couches et de serviettes hygiéniques.
Selon L’Observateur, Moussa Diallo retrace dans l’enregistrement le déroulement de ses inspections au sein de l’entreprise. Il affirme avoir personnellement conduit plusieurs missions, notamment en janvier 2024, puis en octobre et décembre 2025. Lors de sa dernière visite, il dit avoir découvert « 1 300 kilogrammes de produits périmés » utilisés dans le processus de fabrication. « J’ai recommandé le retrait immédiat des produits », soutient-il.
L’inspecteur affirme également avoir été approché à plusieurs reprises par les responsables de SoftCare. « Les chinois se sont présentés à mon bureau à quatre reprises, munis de valises remplies d’argent et de cadeaux. Ils m’ont même proposé de nous rencontrer discrètement dans un restaurant », déclare-t-il dans l’audio, assurant avoir catégoriquement refusé toute compromission. « Mon intégrité n’est pas à vendre. Il s’agit de la santé de nos femmes et de nos enfants », insiste-t-il.
Plus grave encore, Moussa Diallo dénonce des pressions internes au sein de l’ARP. Il affirme avoir été surpris d’apprendre la publication, le 16 décembre, d’un communiqué déclarant SoftCare conforme, alors que son rapport d’inspection n’avait été finalisé et déposé que le 17 décembre. « En tant que directeur de l’Inspection, c’est à moi de dire ce qui est conforme ou non. On ne peut pas déclarer une entreprise conforme avant même que le rapport ne soit rédigé », dénonce-t-il, qualifiant le communiqué de « mensonger ».
Face à cette situation, l’inspecteur dit avoir exigé un communiqué rectificatif afin de « rétablir la vérité ». Il révèle également faire l’objet de menaces, tout en se disant prêt à en assumer les conséquences. Contacté par L’Observateur, Moussa Diallo a confirmé l’authenticité de l’enregistrement. Le journal indique par ailleurs que le ministère de la Santé s’est saisi du dossier, avec l’audition de plusieurs responsables, tandis que l’affaire SoftCare est désormais suivie au plus haut niveau de l’État.

