Il y a des mots qui ne glissent pas : ils griffent. “Nguurou Serere” en fait partie. En le lâchant, Maïmouna Ndour Faye n’a pas seulement parlé : elle a dérapé, puis insisté, comme on enfonce l’accélérateur dans une rue bondée en jurant maîtriser le volant.
Au Sénégal, l’ethnie n’a jamais été une clé d’analyse politique. Elle n’a jamais servi de carburant au débat public, encore moins de boussole nationale. Ici, on a toujours préféré l’idée à l’origine, le projet à la filiation, la citoyenneté au clan. C’est ce socle silencieux, mais solide, que certains s’emploient aujourd’hui à fissurer à coups de raccourcis identitaires.
Car ce qui se joue n’est pas une maladresse isolée. C’est une tentation dangereuse : celle de transformer la politique en inventaire ethnique, faute d’arguments plus nobles. Quand le raisonnement cale, on convoque l’identité ; quand l’analyse manque, on brandit l’ethnie ; quand la conviction s’épuise, on divise.
Qu’on ne se trompe pas : les Sérères du Sénégal n’ont demandé à personne de parler en leur nom. Ils ont toujours marché avec le pays, jamais contre lui. Ils ont servi la République, pas des agendas médiatiques. Ils savent que l’histoire ne se gagne pas par assignation identitaire, mais par fidélité aux principes.
Les calculs communautaires maquillés en analyse politique ne passeront pas. Le Sénégal n’est pas une addition de “nguuro”, mais une nation. Et la nation ne se négocie pas sur un plateau.
À force de jouer avec l’identité comme avec un briquet, certains finiront par découvrir que le feu qu’ils allument ne distingue ni plateaux télé, ni vedettes, il brûle d’abord ceux qui l’ont craqué.
Malick BA

