Après l’invasion armée du siège de la Commission nationale électorale (CNE) et la disparition d’une partie du matériel de dépouillement, le procureur général de la République, Amadu Tidjane Baldé, affirme qu’aucune base technique ne permet aujourd’hui de reconstituer les résultats du double scrutin du 23 novembre dernier, malgré les pressions internes et internationales.
Le procureur général de la République de Guinée-Bissau, Amadu Tidjane Baldé, a douché les derniers espoirs d’une issue rapide à la crise politique. Face à la presse, ce mercredi 11 décembre, à l’issue d’une inspection complète du siège de la Commission nationale électorale, il a affirmé qu’il n’existait « aucune condition technique ou matérielle pour reprendre ou conclure le processus électoral interrompu ». Selon lui, les dégâts causés par l’invasion armée du bâtiment, survenue quelques heures avant la publication des résultats provisoires des élections du 23 novembre, rendent impossible toute tentative de reconstitution des données. Une partie essentielle du matériel électoral et des registres de dépouillement a été « confisquée par des hommes armés », a-t-il précisé, soulignant l’absence totale d’éléments fiables permettant d’établir les résultats.
La CNE avait déjà averti de « l’impossibilité totale de poursuivre et de conclure le processus électoral ». Une déclaration qui avait déclenché un vif débat au sein de la communauté internationale. À l’époque, Amadu Tidjane Baldé estimait déjà que le Tribunal électoral ne disposait pas du soutien nécessaire pour accéder aux informations indispensables à la proclamation des résultats.
Pourtant, les pressions se multiplient. Cette semaine, le chef de la mission d’observation de l’Union africaine, Filipe Nyusi, a assuré que toutes les conditions étaient réunies pour finaliser les travaux électoraux. Une position complètement opposée à celle du procureur général, qui s’appuie sur le constat matériel dressé sur le terrain. L’invasion du siège de la CNE est survenue dans un contexte hautement instable, quelques heures avant le coup d’État annoncé et mené par le Haut Commandement militaire, qui a renversé le régime du président Umaro Sissoco Embalo. Depuis, le pays s’enfonce dans une crise institutionnelle, dominée par des incertitudes politiques, juridiques et sécuritaires.
Alors que la communauté internationale continue d’appeler à la restauration du processus électoral, la position ferme du procureur général laisse présager une impasse prolongée. Entre exigences de transparence, absence de preuves matérielles et rivalités institutionnelles, la Guinée-Bissau reste suspendue à une crise dont l’issue demeure toujours incertaine.
Gaustin DIATTA

