Ce dimanche 7 décembre 2025, Ousmane Sonko était au Grand Théâtre de Dakar pour la Journée des martyrs, afin de rendre hommage aux victimes des manifestations entre 2021 et 2024, mais aussi saluer leurs familles, les blessés, les ex-détenus politiques… Le Premier ministre a également tenu à rappeler que leur sacrifice ne devrait pas être vain.
Hommage. Face au public, constitué de sympathisants de Pastef, de cadres, mais surtout de victimes des manifestations dont certains affichent toujours les stigmates des combats menés un peu partout au Sénégal entre 2021 et 2024, Ousmane Sonko a rappelé l’importance du sacrifice de toutes ces personnes. Le Premier ministre a rappelé que lui aussi faisait partie du lot. « Je ne vous parle pas seulement comme président de PASTEF ou Premier ministre. Je me tiens devant vous comme un frère marqué, façonné par les mêmes larmes, les mêmes injustices, le même rêve brisé et reconstruit », a-t-il souligné.
« Nous sommes réunis pour honorer ceux qui ne reviendront plus, ceux dont les rires ont été étouffés par la brutalité d’un système qui a voulu écraser un peuple debout. Nous nous souvenons de chaque visage, de chaque nom, de chaque vie interrompue ou brisée. Ces jeunes, ces étudiants, ces citoyens de tous bords sont sortis dans les rues, non par violence, mais par amour viscéral pour leur pays et par refus absolu de l’injustice. Leur seule arme était leur droit, leur seul bouclier était la Constitution », poursuit le président de PASTEF Les Patriotes, qui n’oublie pas le poids de la souffrance quotidienne de ceux qui restent : les familles. « Aux familles des martyrs, chères mères, chers pères, frères et sœurs éplorés, la Nation entière partage votre douleur. Vos enfants ne sont pas des statistiques. Leur courage a ébranlé les murs de l’oppression et leur dignité face à la répression a ouvert la voie au changement historique que nous vivons. »
Justice sera faite
Pour Ousmane Sonko, tous ces crimes et toutes ces bavures ne resteront pas impunis. « Vos enfants ne sont pas morts pour rien. Ils ont été victimes d’un système qui a choisi la répression au lieu du dialogue. La justice, la vraie, viendra. L’État veillera à ce que les responsabilités soient établies et que chaque dossier soit élucidé. Nous vous devons la vérité. Nous vous devons un pays digne du sacrifice de vos enfants », martèle-t-il devant l’audience.
Rappelant que le PASTEF était le fruit de luttes, d’engagement, mû par la volonté de changer le Sénégal en bien, M. Sonko l’assure : son parti a pour ambition de se départir de la manière de faire de la politique comme les régimes précédents, en articulant le tout autour des principes intangibles de travail, d’éthique et de fraternité, dans la justice, la transparence et la souveraineté. « Persécutés pour ces idées, nous avons été dissous, arrêtés, diffamés, emprisonnés, insultés, calomniés, tués. Mais chaque oppression a renforcé notre conviction. En emprisonnant nos corps, ils ont libéré nos consciences. Nous étions un cri du peuple ; nous sommes devenus son espoir, puis son choix », clame le président de PASTEF.
Conviction
« Mon engagement est né d’un serment de ne jamais supporter l’injustice, poursuit Ousmane Sonko. Ancien inspecteur des Impôts et Domaines, j’ai vu des mains vendre la patrie. J’ai vu la trahison des élites. J’ai fait le choix de ne jamais détourner le regard. Ne jamais me soumettre. Ce serment m’a mené vers la politique, puis vers vous, vers la radiation, vers la persécution et les brimades, vers les tribunaux, vers la prison. Comme toutes les victimes, j’ai connu la cellule, la disqualification, la diffamation, la faim extrême. Mais je n’ai jamais cédé, car ma force venait de vous. Si je suis aujourd’hui Premier ministre, c’est parce que vos voix nous ont portés, parce que vous avez refusé d’abandonner. »
Le Premier ministre a, par ailleurs, rappelé un fait important : il affirme en effet ne pas être le chef des Sénégalais, mais simplement leur mandataire, et qu’à cet égard, lorsqu’il signe, ce n’est que l’accomplissement de la voix de ceux grâce à qui il occupe la Primature aujourd’hui.
En outre, le chef du gouvernement ne souhaite pas que la Journée des martyrs soit simplement une date sur le calendrier. Au-delà du devoir de mémoire, celle-ci doit être un rappel : celui de tout faire pour que les personnes tombées au combat ou blessées ne le soient pas pour rien. « Honorer nos martyrs ne consiste pas seulement à pleurer ou à les célébrer une fois par an. Il consiste à bâtir la vérité et la justice, sans compromis, à élucider les événements pour qu’aucun nom ne soit oublié, pour qu’aucun dossier ne soit enterré. Honorer nos martyrs, c’est construire un État juste, c’est réformer les institutions en profondeur pour qu’elles servent les citoyens, non des intérêts particuliers. C’est restaurer la dignité, c’est mettre en œuvre le projet économique de PASTEF par la création d’emplois, l’industrialisation, la valorisation de nos ressources pour le peuple. C’est œuvrer pour que nos richesses financent l’avenir de nos enfants, nos écoles, nos hôpitaux. Chers compatriotes, honorer nos martyrs, c’est compter sur la jeunesse, héritière et cœur battant du pays, c’est investir massivement dans l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat. »
Il souligne par ailleurs avoir reçu deux propositions différentes d’un architecte et d’un homme de culture sénégalais, afin d’honorer les victimes et tous ceux qui ont combattu : l’une pour l’érection d’un mémorial des victimes, l’autre, plus large, pour l’édification d’un panthéon de la démocratie sénégalaise qui, plus qu’un simple hommage, serait un acte fondateur, une manière de dire que notre République ne tolérera jamais plus que des citoyens tombent pour avoir simplement exprimé leurs convictions. Car selon lui, honorer les martyrs de la démocratie, c’est affirmer que le Sénégal veut demeurer fidèle à sa devise.
Ousmane Sonko a également enjoint ses militants et sympathisants à ne jamais oublier ce qu’il appelle « la Révolution du 24 mars », qui a permis au Président Bassirou Diomaye Faye d’accéder au pouvoir. « Le plus grand danger aujourd’hui n’est plus la répression d’hier, c’est l’oubli. C’est l’endormissement. Nous n’avons pas le droit de dormir. Nous n’avons pas le droit de trahir la mémoire des nôtres », glisse-t-il, avant de conclure. « Chers frères et sœurs, je le dis devant l’histoire : les martyrs ne sont pas derrière nous. Ils marchent devant nous. Je sens leur souffle ici. Je sens leur regard peser sur nos épaules. C’est devant eux, devant vous, devant notre conscience collective, que je prends ce serment : nous n’échouerons pas. Nous ne faiblirons pas. Nous ne vous trahirons jamais. Nous ne les trahirons jamais. Nous construirons un Sénégal souverain, juste et prospère… ou nous périrons en essayant. Pour la mémoire des martyrs, pour la dignité retrouvée, pour un Sénégal souverain ! Vive les martyrs de la liberté, vive la résistance sénégalaise, vive le Sénégal ! Je vous remercie. »
Oumar Boubacar NDONGO

