Le Sénégal commémore, ce lundi 1er décembre, le 81ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs africains survenu en 1944 dans le camp militaire de Thiaroye, en banlieue de Dakar. La cérémonie officielle sera présidée par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, dans un contexte marqué par de nouvelles révélations issues d’un récent Livre blanc remis à la présidence.
Ces soldats, recrutés dans plusieurs colonies d’Afrique occidentale et centrale : Côte d’Ivoire, Dahomey (actuel Bénin), Gabon, Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), Sénégal, Soudan français (actuel Mali), Niger et Togo avaient servi sous le drapeau français durant la Seconde Guerre mondiale avant d’être rassemblés à Thiaroye à leur retour.
Un rapport qui bouleverse la version officielle
Remis au président Bassirou Diomaye Faye le 16 octobre dernier, un Livre blanc de 262 pages, élaboré par un comité scientifique national, qualifie le drame de Thiaroye de « prémédité » et de « camouflé ». Le document remet en cause le bilan officiel longtemps admis de 35 morts, estimant que le nombre réel de victimes pourrait se situer entre 300 et 400 morts, même si ces chiffres ne peuvent, à ce stade, être confirmés de manière définitive.
Les premiers sondages archéologiques menés depuis le mois de mai au cimetière militaire de Thiaroye « n’ont pas permis de répondre à toutes les questions », souligne toutefois le rapport.
Premières exhumations et analyses en cours
À ce jour, sept sépultures ont été exhumées, contenant chacune un squelette. Certains ossements présentent des traces de projectiles, selon le comité scientifique. Des prélèvements ADN doivent être réalisés afin d’identifier les victimes et de déterminer les causes exactes des décès.
Un bioanthropologue sénégalais, ayant déjà pris part à des fouilles dans des cimetières militaires en Europe, a été désigné pour conduire ces analyses.
Vers un élargissement des recherches
Les sépultures exhumées ont été protégées à l’aide de coffres, de bâches et de sable, en attendant la suite des investigations. Les chercheurs recommandent désormais d’approfondir les fouilles afin de vérifier la présence d’autres corps sous les tombes existantes et d’étendre les recherches au-delà du cimetière, dans l’hypothèse où certains soldats auraient été enterrés directement en pleine terre, sans cercueil.
Le président Bassirou Diomaye Faye a, pour sa part, ordonné la poursuite des travaux de fouille et d’identification, marquant la volonté de l’État sénégalais de faire toute la lumière sur l’un des épisodes les plus sombres de son histoire coloniale.

