L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) a officialisé, ce mardi 25 novembre 2025, la mise à jour de l’année de base des comptes nationaux, désormais arrimés à 2021 au lieu de 2014. L’opération, conforme aux normes internationales du Système de Comptabilité Nationale (SCN 2008), vise à offrir une lecture plus fidèle de l’économie sénégalaise en intégrant de nouvelles méthodologies, des sources actualisées et un périmètre élargi des activités productives.
Un PIB revalorisé : +13,5 % en 2021
La révision est spectaculaire : le PIB 2021 passe de 15 261 milliards FCFA (ancienne base) à 17 316 milliards FCFA, soit une progression de 13,5 %, équivalant à 2 054,7 milliards réintégrés dans les comptes.
Un bond largement attribuable à l’amélioration des données sur le secteur informel, au recalage des comptes par des enquêtes récentes, consommation des ménages, élevage, emploi, ainsi qu’à la prise en compte de nouvelles branches productives.

Nouvelles activités intégrées : l’informel et même l’illégal entrent dans la comptabilité nationale
Le périmètre révisé capte désormais des segments autrefois sous-estimés ou non comptabilisés :
- transport informel, notamment les motos-taxis Jakarta ;
- orpaillage artisanal ;
- filière anacarde, en forte expansion ;
- hydraulique rurale ;
- et, plus inédit, des activités dites illégales : prostitution, trafic de drogue ou de chanvre indien, comme le prescrit le SCN 2008 pour refléter l’ensemble de la production réellement existante.

Ce rattrapage statistique ancre les comptes nationaux dans une réalité économique souvent invisible mais déterminante.
Un paysage macroéconomique reconfiguré
La revalorisation du PIB entraîne mécaniquement un allègement de plusieurs ratios suivis de près par les partenaires financiers :
- Dette publique : 80,0 % du PIB (contre 90,8 %).
- Déficit budgétaire global : -11,8 % du PIB (contre -13,3 %).
- Pression fiscale : 15,9 % (contre 18,0 %).
- Solde extérieur courant : -10,7 % du PIB (contre -12,1 %).
Ces évolutions n’améliorent pas la situation réelle, mais ajustent les indicateurs à un PIB plus correctement mesuré, ce qui joue directement sur l’appréciation de la soutenabilité macroéconomique.
Une économie plus tertiarisée qu’estimé
La nouvelle base confirme la montée en puissance du secteur tertiaire, désormais majoritaire à 53,4 % du PIB, contre 50,5 % auparavant.
Le primaire reste stable (15,4 %), tandis que le secondaire recule à 22,6 %, signe d’un tissu industriel moins dynamique que prévu.


Côté emplois du PIB, la consommation finale atteint 84,7 %, l’investissement retombe à 32,8 %, et les exportations nettes, encore négatives, montrent un léger redressement.
Un outil stratégique pour les politiques publiques
Pour l’ANSD, ce rebasing est bien plus qu’un exercice technique :
il renforce la crédibilité des statistiques nationales, améliore la comparabilité internationale et offre au gouvernement une base plus robuste pour calibrer budget, politiques sectorielles et projections économiques.
La publication complète comprend deux volets : un rapport analytique sur les évolutions clés et un ensemble détaillé de tableaux couvrant l’ensemble des agrégats et composantes du PIB, aux prix courants et en volume.

