Le 7ᵉ Sommet Union africaine–Union européenne s’ouvre ce lundi à Luanda, où le Sénégal affiche une posture résolument offensive. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, arrivé dimanche soir, entend mettre au cœur des discussions la réforme du multilatéralisme, un financement plus juste du développement, et l’accélération de l’industrialisation africaine. Avec près de 80 dirigeants réunis pendant deux jours, le rendez-vous apparaît comme une plateforme stratégique pour défendre une gouvernance mondiale plus équilibrée.
Placé sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme efficace », ce sommet qui marque les 25 ans du partenariat UA–UE intervient dans un moment de recomposition internationale. Pour Dakar, cette conjoncture offre l’espace nécessaire pour affirmer les positions africaines et redéfinir les termes du partenariat avec l’Europe.
Le Sénégal, moteur d’une diplomatie de rééquilibrage
Depuis son arrivée au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye porte une vision diplomatique axée sur la justice économique, la souveraineté stratégique et la transformation structurelle. À Luanda, il défend un multilatéralisme inclusif où l’Afrique participe pleinement aux décisions du G20 et de l’ONU. Il plaide pour une réforme de l’architecture financière internationale, une réduction des vulnérabilités liées à la dette et un accès élargi à des financements concessionnels. Le chef de l’État insiste également sur la nécessité de repenser la coopération sécuritaire pour qu’elle soit davantage alignée sur les réalités africaines, tout en réaffirmant l’importance des investissements dans les infrastructures, les chaînes de valeur industrielles et les énergies propres.
Un partenariat UE–Afrique à remodeler
Face à une concurrence géopolitique renforcée — Chine, Russie, Turquie, Inde — l’Union européenne cherche à consolider son ancrage sur le continent. Bruxelles rappelle être le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec plus de 90 % des exportations africaines qui accèdent au marché européen sans droits de douane. Mais pour Dakar, l’enjeu dépasse les statistiques : il s’agit d’obtenir des engagements concrets en matière d’investissement productif, de transfert de technologies et de coopération stratégique, afin d’assurer une relation réellement équilibrée.
Des discussions attendues sur les grands défis communs
Les échanges porteront notamment sur la paix, la sécurité, la gouvernance, les migrations, la mobilité et le développement durable. Autant de thèmes sensibles sur lesquels le Sénégal milite pour des approches co-construites, loin des schémas imposés, et pour une dynamique de partenariat qui prenne en compte les priorités définies par les sociétés africaines.
Une feuille de route UA–UE pour la prochaine décennie
Au terme du sommet, une déclaration conjointe devrait tracer les grandes orientations du partenariat jusqu’en 2035. Dakar souhaite y inscrire durablement sa vision : un partenariat repensé, plus équilibré, capable de soutenir les transformations économiques du continent et de renforcer le rôle de l’Afrique dans la gouvernance internationale.
RTS

