À l’approche de la Journée mondiale du diabète, fixée au 14 novembre, l’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques (ASSD) a tenu une conférence de presse pour sensibiliser sur la progression de cette pathologie. Invitée à cet événement, le Professeur Maimouna Ndour Mbaye, spécialiste en endocrinologie, a exposé des données sur l’expansion de la maladie au Sénégal et sur le continent africain.
Selon nos informations, la spécialiste a qualifié la situation d’« épidémie galopante », une terminologie habituellement associée aux maladies infectieuses. D’après les chiffres de la Fédération internationale du diabète, plus de 500 millions de personnes sont atteintes dans le monde, un nombre qui pourrait grimper à 800 millions d’ici 2050. L’Afrique est particulièrement touchée par cette dynamique, avec des prévisions indiquant 60 millions de cas en 2050, soit une augmentation de 134 % par rapport à 2025. « Le diabète augmente trois à quatre fois plus vite en Afrique que dans le reste du monde », a précisé le Pr Mbaye.
Au Sénégal, la prévalence du diabète chez les adultes est passée de 3,4 % en 2015 à 4,2 % selon l’enquête nationale de 2024. Cette tendance se reflète dans les structures de santé, comme au centre Marc Sankalé de l’hôpital Abass Ndao, où le nombre de nouveaux cas annuels est passé de 200 dans les années 2000 à plus de 2 000 actuellement. La spécialiste a souligné que « la capacité du centre est dépassée, nous ne pouvons plus offrir qu’une consultation annuelle aux patients suivis ».
Un enjeu majeur reste le dépistage tardif. Le Pr Mbaye a alerté sur le fait que « pour un diabétique connu, il y en a deux autres qui s’ignorent », ce qui conduit fréquemment à des diagnostics au stade des complications (oculaires, rénales, amputations) et à des décès prématurés. Bien que des efforts gouvernementaux aient été faits, notamment la subvention de l’insuline et la gratuité de la dialyse, les besoins demeurent importants.
Face à ce constat, le Pr Maimouna Ndour Mbaye a insisté sur la nécessité de prioriser la prévention, tant pour les personnes à risque que pour les patients déjà diagnostiqués. Selon les propos rapportés par Sud Quotidien, elle a appelé à une mobilisation générale des pouvoirs publics, des professionnels de santé, des associations et des citoyens, affirmant que « la lutte contre le diabète n’est pas l’affaire des médecins seuls, c’est celle de toute la société ».
Abdou Nar Dia
