Le rapport supplétif de la Cellule nationale de traitement des informations financières « Centif » a révélé les montants perçus par les personnalités impliquées dans ces transferts douteux.
Ainsi, selon la Centif, l’ancien ministre Samuel Sarr aurait ainsi reçu 200 millions de FCFA, tandis que Mahamadane Sarr, de Lansar Automobile, a perçu 800 millions de FCFA et est placé sous mandat de dépôt depuis plusieurs mois dans le cadre de l’enquête sur la reddition des comptes. Mamadou Sy figure également sur la liste avec un montant de 1 milliard de francs CFA, et le chanteur Wally Seck pour 210 millions de FCFA.
Les mises en cause, susnommés, sont tous, soupçonnés d’avoir bénéficié de transferts financiers importants, liés à des opérations douteuses impliquant Amadou Fall, fils de l’ancien Président Macky Sall. Selon la CENTIF, ces flux, souvent matérialisés par des chèques ou des virements provenant du Trésor public ou d’autres entités, ne reposeraient sur aucun fondement économique avéré.
Ces constats ont conduit le parquet financier à établir un réquisitoire supplétif, transmis au président du collège des juges d’instruction du Pôle judiciaire financier. L’objectif est d’inculper les personnes physiques susnommées, en relation avec Amadou Macky Sall, pour « association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux commis par un groupe criminel organisé ». Des mesures de saisies conservatoires ont par ailleurs été planifiées sur les biens identifiés dans le cadre de l’enquête.
Placé en garde à vue dans cette affaire, Saliou Sylla, gérant d’un bureau de change et acteur central des transactions suspectes, a révélé aux enquêteurs le circuit de l’argent. Il est notamment impliqué dans des retraits de chèques d’un montant total de 5 597 000 000 FCFA sur les comptes de la société Woodrose Investment Ltd. Au cours de ses déclarations, il a également mentionné un certain Seydou Dia, qui a été entendu toute la journée de jeudi par les policiers de la DIC. Ce dernier a fourni aux enquêteurs des pièces à conviction justifiant la légalité des transactions financières qu’il avait effectuées, conformément à la réglementation bancaire.
Quant au fils d’Amadou Ba, en l’occurrence, Ibrahima Ba, cité dans le rapport de la Centif concernant ses parts (30 %) dans la SCI CTS, une société immobilière qu’il détient avec Amadou Sall, le fils de l’ancien Président de la République Macky Sall. Des parts qui auraient été financées « grâce à la vente en 2002 d’un terrain situé à Ouakam ».
Le journal L’Observateur » a indiqué que des sources proches de l’entourage d’Ibrahima Bâ ont fourni une version différente. Elles ont affirmé qu’« il avait apporté comme contribution un terrain acquis en 2008, à une époque où Macky Sall n’était pas encore Président de la République ».
Ces mêmes sources précisent qu’il avait simplement le projet de construire un immeuble qui, finalement, n’a jamais vu le jour. C’est cette zone d’ombre que la Dic cherche aujourd’hui à éclaircir. Les auditions visent à établir avec précision si le fils de l’ancien Premier ministre a, ou non, procédé à des opérations de blanchiment de capitaux en s’associant avec le fils de l’ex-Chef de l’État.