Comme chaque été, la plage de Ngor ne désemplit pas. Entre vendeurs de grillades, locations de parasols, surveillants attentifs et familles en quête de fraîcheur, l’endroit offre une véritable parenthèse de convivialité.
L’eau de la plage de Ngor est fraîche, mais pas trop : juste la température idéale pour attirer baigneurs et promeneurs venus se détendre ce samedi 23 août. Comme souvent à cette période de l’année, cette plage ne désemplit pas. En témoignent les nombreux parasols plantés dans le sable fin et couvrant presque l’intégralité du rivage.
Pour profiter de l’endroit et se couper un instant de la chaleur de l’été, il faut acheter un billet de 300 FCfa au guichet bleu pâle installé à l’entrée. Une fois l’opération effectuée, c’est un lieu coupé du monde qui s’offre aux visiteurs. Ce qui attire tout de suite l’attention, c’est la senteur des poissons et crevettes grillés émanant des étals installés devant l’entrée.
L’odeur et la couleur dorée de ces brochettes mettent immédiatement l’eau à la bouche. Et si cela ne suffit pas à séduire les passants, le dynamisme des vendeurs finit de les convaincre. «Hé Soxnasi, djën, nga bëg !», — « Hé, jeune fille, veux-tu acheter du poisson ? », lance une femme d’une quarantaine d’années.
De teint clair, Amy Mbaye interpelle les clients tout en attisant les flammes de son petit fourneau, d’un air affairé. Elle confie que les affaires ne sont pas aussi bonnes qu’on pourrait l’imaginer : « Avec tout le monde présent, on pourrait croire que ça marche bien. Mais avec le Magal qui vient de passer et la fin du mois, les clients n’ont pas beaucoup d’argent ».
Un peu plus loin, un homme en jean et polo Lacoste propose aux visiteurs de louer une natte et un parasol. « L’ensemble coûte 3.000 FCfa le week-end, car il y a plus d’affluence. Mais le prix baisse selon les jours », précise-t-il.
Entre sécurité et divertissement
Tous ces vendeurs ont un même but : attirer un maximum de clients. Une simple hésitation suffit pour se voir proposer un jus, du poisson ou des bouées. Seuls les maîtres-nageurs semblent hors de ce champ d’action.
Assises sur des chaises, le visage tourné vers l’eau, deux jeunes femmes échangent quelques mots sans quitter les baigneurs des yeux. Elles portent un tee-shirt orange avec des inscriptions. L’une d’elles, Astou, casquette vissée sur la tête, semble avoir une vingtaine d’années.
«Nous sommes une dizaine et nous travaillons de 9 h à 19 h. Nous prenons notre travail très au sérieux. L’année dernière, aucun cas de noyade n’avait été enregistré. Cette année, malheureusement, il y en a déjà eu deux. Mais ces personnes s’étaient baignées en dehors de nos heures de garde. Dans ces cas-là, elles ne sont plus sous notre responsabilité», confie-t-elle.
Désignant d’un geste de la tête les longues cordes qui délimitent la zone de baignade, elle ajoute : «Ce sont des balises. Elles servent à fixer les limites de sécurité».
Pendant ce temps, les promeneurs en maillot de bain ou en jean et tee-shirt se prélassent sur le sable fin ou s’amusent dans l’eau. Des enfants de tous âges courent, nagent et s’éclaboussent. L’ambiance est bon enfant jusque sur la berge. Des adolescentes, téléphone à la main, multiplient les photos. Les pieds dans l’eau et le bas du jean mouillé, elles enchaînent les «snaps».
L’une porte des lunettes sur le front, l’autre une perruque courte. Cette dernière confie être venue «juste pour se détendre», sans forcément nager. À côté, une fillette d’une dizaine d’années passe en courant et s’arrête devant une femme vêtue d’une robe en maille sans manches.
Surexcitée, la fillette, qui vient de sortir de l’eau, s’exclame sans reprendre son souffle : «J’ai vu des oursins, ils étaient là-bas !». Montrant l’eau du doigt, elle trépigne sur place. «C’est juste là-bas, un peu plus à droite», indique-t-elle maladroitement.
La femme redresse ses lunettes de soleil et échange quelques mots avec la fillette avant que celle-ci ne coure de nouveau vers la mer. La femme, prénommée Alphonsine, l’observe un instant avant de confier qu’elle est d’origine ivoirienne et que c’est la première fois qu’elle vient à la plage de Ngor.
«Je viens d’ailleurs tout juste d’arriver ici. De ce que j’ai pu constater pour l’instant, l’eau des plages d’Abidjan est plus profonde. Vous savez, il y a beaucoup de plages là-bas et les enfants ne peuvent pas se baigner comme ça, car l’eau est profonde. Donc, dès que je suis arrivée, c’est cette différence qui m’a interpellée. Ici, même les petits enfants se baignent», confie-t-elle.
Quand on lui demande comment elle trouve la plage, elle répond, sourire aux lèvres, que l’ambiance est au rendez-vous : « L’ambiance est vraiment bon enfant. Les gens s’amusent, rigolent. C’est vraiment bien. Aujourd’hui, j’étais venue observer, mais la prochaine fois, je me baignerai ».
À Ngor, la plage se vit comme une fête permanente, entre grillades, rires et éclaboussures. Un lieu où détente et convivialité se mêlent aux vagues.
Par Yaye Bilo NDIAYE (stagiaire)