Je dois à la vérité de reconnaître que j’ai été très sceptique lorsque le Premier ministre Ousmane SONKO annonçait, en mai 2024, que la baisse des prix des denrées de première nécessité serait l’une des priorités du gouvernement fraîchement nommé.
Ce scepticisme, largement partagé par mes collègues du Ministère de l’Industrie et du Commerce, reposait sur les échecs répétés des politiques de baisse de prix sous le régime de Macky Sall. Les gouvernements successifs avaient recours au gel des droits de douane ou à la suppression de certaines taxes, mais ces mesures restaient conjoncturelles. À la moindre secousse internationale – qu’il s’agisse de la pandémie de la Covid-19 ou de la guerre russo-ukrainienne – les prix repartaient à la hausse.
Or, non seulement une première baisse a eu lieu en juin 2024, mais elle a été consolidée par une seconde en février 2025. Au-delà des chiffres, c’est le courage politique qu’il convient de saluer. Comme le souligne si bien Alain Juppé dans ses mémoires : « Parfois, l’impossible, au dire des techniciens, peut devenir possible quand les politiques tiennent bon. »
Une comparaison éclairante des prix (janvier 2024 – août 2025, région de Dakar)
Désignation
Janvier 2024 Août 2025 Taux d’évolution
Riz brisé ordinaire 425F/kg 350F/kg -21,4 %
Huile (20 litres) 18 250 F 18 000 F -1,38 %
Sucre cristallisé 700 F/kg 600 F/kg -16,6 %
Farine (sac) 19 325 F 15 500 F -24,6 %
Pain (baguette) 175 F 150 F -16,6 %
Oignon (sac) 14 500 F 9 000 F -61,1 %
Pomme de terre (sac) 14 500 F 10 500 F -38,09 %
Ciment (tonne) 73 000 F 71 000 F -2,8%
Ces baisses, surtout en période de forte consommation – après le Magal de Touba et à la veille du Maouloud – sont loin d’être anecdotiques. Elles traduisent une orientation nouvelle : non plus une simple politique d’allégement fiscal, mais une dynamique de souveraineté alimentaire.
Le rôle de la production nationale
En effet, l’une des clés de ce succès réside dans l’augmentation substantielle de la production nationale. Prenons l’exemple de l’oignon et de la pomme de terre : en août 2023, le marché intérieur dépendait exclusivement des importations. En août 2025, la production locale assure l’intégralité de l’approvisionnement.
De même, les intrants agricoles – semences et engrais – ont vu leurs prix chuter grâce aux subventions massives. Résultat : une productivité renforcée et une rémunération améliorée pour le producteur. À titre d’illustration, le prix de l’arachide est passé de 280 F/kg en 2023/2024 à 305 F/kg en 2024/2025.
Une réussite politique et économique
Ainsi, loin du tumulte des chronopposants et du vacarme des démagogues, la gouvernance des prix s’impose comme l’une des plus belles réussites du gouvernement. Elle démontre que la promesse de Jub, Jubale, Jubanti n’est pas qu’un slogan, mais bien une orientation politique traduite en actes concrets.
Mamadou Lamine Ndiaye
Commissaire aux enquêtes économiques
Membre du MONCAP
