Le cessez-le-feu du mardi 24 juin annoncé par Donald Trump est venu mettre fin à 12 jours d’hostilité militaire entre Israel et l’Iran. Une guerre imposée à Teheran pourrait-on dire, puisque rien ne semble justifier l’attaque « préventive » israélienne contre les sites d’enrichissement d’uranium iraniens.
Du point de vue du droit international, l’attaque du 13 juin contre l’Iran est une violation de l’intégrité territoriale du pays. Les attaques/guerres préventives qu’Israel voudrait légitimer car concevant le processus nucléaire iranien comme une menace existentielle, ne peut être légale.
Seules les frappes préemptives sont acceptables(et le débat continue à ce sujet) en droit international et cela doit être dans le cadre de la légitime defense consacrée par l’article 51 de la Charte des Nations unies, face à une menace imminente, avérée et perceptible. Il n’y avait aucun signe que l’Iran envisageait une attaque (nucléaire) contre Israel.
Même si l’AIEA de par son directeur general avait indiqué des niveaux d’enrichissement d’uranium iranien inquiétant, l’Agence a affirmé aussi qu’elle n’a « pas d’indications crédibles » d’un programme nucléaire militaire structuré actuel en Iran.
L’impunité d’Israel aussi sur ces questions, qui bénéficie notamment du soutien inconditionnel des occidentaux, fragilise chaque jour davantage le Droit international et porte atteinte à la crédibilité de l’Occident qui s’est pendant longtemps défini comme le porte étendard de la défense des valeurs démocratiques et du respect des droits de l’Homme.
Israel menace la région
Le comportement va-t-en guerre de Benjamin Netanyahu renforce les tensions au Moyen-Orient. Il est devenu le principal facteur de déstabilisation de la région depuis plusieurs années, se donnant la latitude de bombarder Gaza, la Syrie, le Liban, le Yemen, et maintenant l’Iran. Cette attaque contre l’Iran alors que des négociations étaient encore en cours entre Teheran et Washington, semble avoir eu pour but non seulement de porter atteinte à la voie diplomatique, de détourner les regards du génocide en cours à Gaza, mais aussi et surtout de court-circuiter la conference de l’ONU sur la solution à deux Etats, co-présidée par la France et l’Arabie Saoudite, et qui devait se tenir du 17 au 20 juin à New York. Il a depuis, été reportée.
Les pays Arabo-musulmans
Cette guerre a montré aussi l’incapacité du monde musulman et surtout du monde arabe à parler d’une seule voix et à faire montre d’un leadership crédible face aux dérives d’Israel au Moyen-Orient. Il est important de préciser par contre que l’identité islamique ne saurait être le point de rassemblement des pays de la région.
En effet, la sociopolitique du Moyen-Orient va au-delà de l’identité islamique. Les intérêts politiques et les dissensions doctrinales et culturelles notées tout au long de l’histoire entres les différents acteurs de la religion, sont plus fortes que l’islam qu’ils ont comme dénominateur commun. L’héritage sociopolitique et religieux des différents empires arabes, perses, ottomans ou les conflits politiques depuis l’ère des républiques, ont fondamentalement impactés les relations entre les Etats de la région.
Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite par exemple est beaucoup plus préoccupée par la « menace Iranienne » que par Israel. Certains pays sont aussi irrités par les proxys iraniens qu’ils voient comme des facteurs de déstabilisation.
En outre, l’initiative américaine des accords d’Abraham a permis de pacifier d’une certaine manière les relations entre les pays arabes signataires et Israel et beaucoup d’entre eux ont relégué par exemple depuis lors, la question palestinienne au second plan. Ceux-là n’ont condamné que légèrement les frappes israéliennes sur l’Iran.
La position de la Turquie
La Turquie est restée fidèle à son approche de peace-builder et « centraliste »de la politique étrangère. Elle condamne sans équivoque les assauts israéliens dans la région et le Président Erdogan a plusieurs fois évoqué Israel comme un Etat terroriste et Netanyahu comme un Hitler bis. Sur ce conflit, le Président turc n’a d’ailleurs pas manqué d’affirmer que « la victoire sera du côté de l’Iran » et que « l’Iran a un droit légitime de se défendre ».
Les deux pays qui sont frontaliers, ont des relations relativement pacifiées depuis la création de l’Etat turc en 1922 malgré quelques petites tensions. Cependant, la Turquie s’efforce de privilégier la médiation et la diplomatie dans une région qu’elle voit comme particulièrement tendue et qui a besoin d’être pacifiée. Le fait qu’elle fasse partie de l’OTAN lui permet aussi de pouvoir parler à tous les acteurs et d’encourager des solutions politiques pour la résolution des conflits et non de participer à les envenimer.