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jeudi, avril 18, 2024
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Série télévisée, du top au flop des saisons

par pierre Dieme

En un temps, elles ont conquis les écrans à la place des télénovelas. Plébiscitées par le public, les séries sénégalaises battent des records d’audience. Leur secret ? Des intrigues typiquement locales qui nous ressemblent

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Les séries sénégalaises ont fini par battre un record d’audience dans le paysage audiovisuel. D’ici et d’ailleurs ! Toutefois, l’absence d’un objectif précis, l’arrivée des partenaires, le changement de réalisateurs, d’acteurs ou encore de scénaristes, entre autres, font basculer le jeu. Résultats : les scénaristes finissent par perdre leur fil conducteur

En un temps, elles ont conquis les écrans à la place des télénovelas. Plébiscitées par le public, les séries sénégalaises battent des records d’audience. Leur secret ? Des intrigues typiquement locales qui nous ressemblent. On y parle d’amour, de problèmes de caste, de trahison, de violences conjugales etc. Leur décor ? Dakar et ses environs. On y retrouve nos cadres de vie. Du coup, l’effervescence est devenue réelle dans la création audiovisuelle avec des téléfilms à n’en plus finir. Sauf que parfois, le scénario perd son fil conducteur. Des premières saisons qui séduisent le public avec des intrigues inédites, on passe à des dernières saisons avec des histoires qui nous brouillent les cartes. «Déjà pour faire une série, il faut une bible qui permet de déterminer les saisons, préparer tous les dossiers nécessaires à savoir les saisons 1, 2 etc. ; mais assez souvent, le travail préalable ne se fait pas alors que c’est le fondement», explique le réalisateur Pape Bolé Thiaw. Selon lui, tout doit être clair dans la tête des producteurs ou réalisateurs dès le début. Sur ce, l’expert audiovisuel et spécialiste des industries culturelles embouche la même trompette. Dans les séries sénégalaises, les créateurs prennent beaucoup plus de temps pour sortir la saison une et souvent les séries ne sont écrites que pour une seule saison», soutient Thierno Diagne Ba. «Quand il y’a eu succès par exemple de la première saison avec le public qui s’accroche et l’arrivée des partenaires qui permettent d’avoir de l’argent et qui cherchent de la visibilité, on peut se dire je ne dois pas rater ce business et là, on commence à travailler sur le scénario. On continue et cela montre qu’on n’avait pas la bible», regrette Pape Bolé Thiaw qui a travaillé dans beaucoup de séries.+

LES PARTENAIRES BASCULENT LE JEU

Poursuivant son propos, celui que l’on surnomme le « Baye Fall du cinéma sénégalais » pour son film sur le mouvement « Baye Fall » ajoute : « si on commence à étayer le scénario, ça pose problème parce que l’idée n’est plus mûrie et souvent aussi à la fin de la saison, le temps nécessaire n’est pas pris pour reconstruire la saison suivante alors que le niveau doit augmenter malheureusement, il y’a toujours le côté business qui, finalement, impacte sur la qualité de la production dans l’ensemble». De là, les partenaires qui viennent peuvent parfois «dénaturer la série alors qu’ils doivent adhérer sur ton fil conducteur». Conséquence : le producteur n’est plus indépendant dans son travail. «Quand tu étais indépendant, tu avais mûri ta réflexion mais quand il y’a d’autres regards qui s’ajoutent dans ton scénario, il n’y a plus d’indépendance alors que l’artiste doit avoir la liberté de s’exprimer», dira Pape Bolé Thiaw. Là aussi, les avis sont les mêmes. «La série se renouvelle sans un vrai projet artistique puisque l’audience et le commercial marchent», souligne Thierno Diagne Ba.

«C’EST LE NOM DE LA SERIE QUI RESTE MAIS LE CONTENU VA CHANGER»

Le fait d’étayer les séries n’est pas, en effet, sans impact sur la qualité de la production. On aura noté un « relâchement » ou bien encore un « épuisement des thèmes». «Il y’aura ainsi une contraste entre les saisons alors que ça doit être une continuité et si tu ne fais pas attention, c’est le nom de la série qui reste mais le contenu va changer et à cet instant, tu ne vas plus être dans une série mais un feuilleton», estime Pape Bolé Thiaw.

Pour Thierno Diagne Ba, le basculement dans les séries peut aussi être causé par le «changement» de réalisateur, de scénaristes ou de quelques acteurs. «Et cela peut impacter sur la qualité d’une saison à l’autre. Il faut aussi noter que le marketing et la communication sont plus denses au niveau de la première saison», dira l’expert audiovisuel et spécialiste des industries culturelles. Pour Pape Bolé Thiaw, le manque d’indépendance dans la production peut être comblé par l’augmentation des subventions. «Si on avait assez de subventions pour que qu’on soit indépendant dans la partie production, on pourra maitriser ce que tu fais», laisse entendre le réalisateur

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