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mercredi, avril 24, 2024
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Rufisque, nouveau laboratoire du Macky

par pierre Dieme

De plus en plus, des responsables politiques originaires de la ville parrainent des idées et propositions de réformes qui semblent plus obéir à une logique politicienne que l’amélioration de la gouvernance démocratique au Sénégal

De plus en plus, des responsables politiques originaires de la ville de Rufisque parrainent des idées et propositions de réformes qui semblent plus obéir à une logique politicienne que l’amélioration de la gouvernance démocratique au Sénégal. Du projet de suppression des villes du ministre des Collectivités Territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, Oumar Gueye, à la nouvelle stratégie du Pr Ismaila Madior Fall sur la question du 3ème mandat, en passant par la proposition de report et du couplage des élections législatives de 2022 avec la présidentielle de 2024, parrainée par Seydou Diouf, successeur de feu Mbaye Jacques Diop à la tête du Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc). Autant de prises de positions qui laissent penser que Rufisque, jadis ville du refus, est en passe de devenir le nouveau laboratoire du Macky.

La ville de Mame Coumba Lamb est-elle en passe de devenir le nouveau laboratoire des idées pour renforcer le pouvoir du Chef de l’Etat, Macky Sall. Tout porte à le croire. D’ailleurs, la plupart des réformes à controverses sont portées par des personnalités issues de Rufisque. Il en est ainsi du ministre des Collectivités Territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires et non moins, maire de la commune de Sangalkam, Oumar Gueye.

Après avoir vainement mené, en sa qualité de président de la Communauté rurale de Sangalkam d’alors, le combat contre le projet de découpage administratif de sa localité en 2011, aujourd’hui, c’est lui qui arbore la tunique de preux chevalier du président Macky Sall dans sa volonté de réforme très controversée visant la suppression des villes après l’échec de doter un statut à la ville de Dakar le permettant d’y exercer son contrôle sans passer par le suffrage des populations de la capitale. Invité du jour de l’émission «Jury du dimanche» de iRadio le dimanche 13 décembre 2020, Oumar Guèye avait laissé entendre que « Logiquement, si l’on s’en tient au Code général des collectivités territoriales, il y aura un département : Dakar et ses 19 communes. La ville n’a pas sa raison d’être. On ne peut être en même temps département et commune. Aujourd’hui, nous devons nous conformer au code dans lequel uniquement deux entités sont visées : le département et la commune.

La ville de Dakar, tout comme les 4 autres villes que sont Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès n’ont pas leur raison d’être». Seulement, cet argumentaire ne va pas tarder à être remis en cause par un autre fils de Rufisque. Il s’agit de l’expert en décentralisation et développement local, Amadou Sène Niang. Contacté par nos confrères du quotidien l’Observateur sur la sortie du ministre-maire de la commune de Sangalkam, Amadou Sène Niang n’y est pas allé par quatre chemins. «L’argument du ministre Oumar Guèye n’est pas fondé. La Ville existe dans l’Acte 3. Le Code général des collectivités locales prévoit la création de Ville dans des communes qui ont une homogénéité territoriale pour permettre de mutualiser leurs compétences. Cette même loi prévoit l’organisation, les missions, le fonctionnement, les compétences et les moyens de ces Villes. Dire que l’Acte 3 ne reconnaît que le département et la commune, est une forfaiture. Le ministre a tout faux et c’est une erreur de sa part. A son niveau d’information, on ne peut pas concevoir qu’un ministre de la République puisse se permettre de faire de telles allégations.» Autre personnalité originaire de Rufisque dont les positions politiques actuelles semblent ramer à contre courant de l’idéologie longtemps incarnée par cette veille ville qui a joué les premiers rôles dans la construction et la consolidation de la démocratie et l’état de droit au Sénégal, c’est Seydou Diouf.

Successeur de feu Mbaye Jacques Diop à la tête du Parti pour le progrès et la citoyenneté (Ppc) à l’image de son frère, il est le parrain du report et du couplage des prochaines élections législatives avec la présidentielle de 2024. Député membre du groupe de la majorité et président de la commission des finances, Seydou Diouf a défendu cette idée de couplage des élections législatives de 2021 avec la présidentielle 2024 le dimanche 31 janvier dernier, chez nos confrères d’IRadio lors de son passage à l’émission Jury du dimanche (JDD). Pour justifier sa position, il a évoqué le souci d’éviter au Sénégal «une situation de campagne en permanence» qui «l’empêcherait de travailler» mais aussi le danger que représenterait pour le président de la République de perdre ces élections législatives devant intervenir à mi-mandat. Interpellé également par Sud quotidien le lundi 1er février dernier, Ababacar Fall, Secrétaire général du Groupe de Recherches et d’Appui à la Démocratie participative et la bonne Gouvernance (GRADEC) a indiqué au sujet de cette idée de couplage que si cela «venait à être mis en œuvre, ce serait un recul démocratique assez grave». Et pour cause, souligne le Secrétaire général du Gradec, «la question du découplage de l’élection présidentielle et des élections législatives a été un des points de consensus du Code électoral de 1992».

Mieux, ajoute-t-il «Dans une démocratie qui se respecte, la tenue des élections, quelle que soit leur nature, à date échue, doit être la règle et le report l’exception». Dans cette liste des personnalités originaires de la vielle ville dont les positions politiques semblent conforter la régression de l’image de Rufisque sur la scène politique, on peut citer le Pr Ismaila Madior Fall. Ministre conseiller juridique du président de la République puis Ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Il avait une position très tranchée sur la question du 3ème mandat de l’actuel chef de l’Etat.

Interpellé sur cette question en marge d’une tournée dans les différents lieux de détention de la région de Dakar à la suite de la sortie de son collègue constitutionnaliste, Babacar Guèye, qui avait soutenu lors de son passage devant le « Grand jury » de la Rfm que l’actuel chef de l’État peut briguer un 3ème mandat en 2024 s’il est réélu en 2019, Pr Ismaila Madior Fall avait précisé de manière catégorique que «la Constitution du Sénégal est très claire sur la question et ne laisse place à aucune interprétation». Paradoxalement, quand il a été interrogé sur cette même question lors de son passage à l’émission Opinion sur Walf Tv le dimanche 31 janvier dernier, l’ancien ministre de la Justice aujourd’hui, ministre d’Etat auprès du président de la République a semblé perdre entre temps toute sa liberté de ton.

En effet, en réponse à une interpellation sur cette question du 3ème mandat, Pr Ismaila Madior Fall a dit vouloir «respecter la directive présidentielle qui consiste à ne pas alimenter la polémique». Il faut dire que les positions de ces responsables politiques représentant aujourd’hui le département de Rufisque au plus haut sommet de l’Etat et qui semblent plutôt obéirent à un souci de défendre les intérêts du régime en place que ceux de la démocratie sénégalaise, tranchent d’avec l’engagement et la détermination de certains de leurs prédécesseurs à l’image de Galandou Diouf, Maître Valdiodio N’diaye, Momath Maurice Guèye dit Maurice Guèye, Ousmane Socé Diop ou encore Mbaye Jacques Diop pour ne citer que ceux-là. En effet, le dénominateur commun à toutes ces personnalités reste sans nul doute leur engagement sans faille pour la cause nationale.

De Maître Valdiodio N’diaye (ou Waldiodio Ndiaye), avocat et plusieurs fois ministre, nous pouvons ainsi retenir la phrase qui exprime l’aspiration de nombreux peuples d’Afrique : «Nous disons indépendance, unité africaine et confédération», extrait de son mémorable discours devant le Général De Gaulle à la veille du référendum du 28 septembre 1958. Il est ainsi pour Galandou Diouf, député du Sénégal à la Chambre des députés française de 1934 à 1941 qui a déposé une proposition de loi tendant à assurer la citoyenneté française à tous les habitants de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française (AEF).

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