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jeudi, avril 18, 2024
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Quand le principe de «confidentialité» plombe le droit d’informer

par pierre Dieme

Le principe de la confidentialité semble prendre le dessus sur les faits d’une extrême gravité contenus dans le rapport de la Gendarmerie nationale initié par le Général Jean Baptiste Tine sur l’affaire capitaine Seydina Oumar Touré

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Le journaliste indépendant et administrateur du site d’information «Dakarmatin», Pape Alé Niang a été inculpé hier, mercredi 9 novembre et placé sous mandat de dépôt dans le cadre l’affaire de divulgation des documents classés confidentiels. Depuis le début de cette affaire, mise en branle par le procureur de la République le 6 novembre dernier, le principe de la confidentialité semble prendre le dessus sur les faits d’une extrême gravité contenus dans le rapport de la Gendarmerie nationale initié par l’ancien patron de la Gendarmerie nationale, le Général Jean Baptiste Tine sur l’affaire capitaine Seydina Oumar Touré.

L ’administrateur du site d’information «Dakarmatin», Pape Alé Niang a passé sa première nuit de prison. Déféré au Parquet hier, mercredi 9 novembre, après trois jours de garde à vue, le journaliste indépendant, très critique vis-à-vis du pouvoir en place, a été finalement inculpé et placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du deuxième cabinet, Mamadou Seck.

Les chefs d’accusation retenus contre lui sont : «divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques».

Engagée, le 6 novembre dernier à la suite de l’arrestation du journaliste par des éléments de la Sureté urbaine agissant sur ordre du procureur de la République, cette affaire a suscité plusieurs réactions. Toutefois, les faits graves incriminés dans le rapport de la Gendarmerie nationale sont relégués au second plan au profit de la violation du principe de «confidentialité des documents administratifs».

En effet, hormis des organisations du secteur de la presse nationale notamment la Coordination des associations de presse du Sénégal (Cap) ou encore de défenses des droits de l’homme comme Amnesty Sénégal et certains responsables de l’opposition, qui ont condamné vigoureusement cette arrestation et exigent la libération immédiate et sans conditions du journaliste au nom du principe de la liberté de la presse, la plupart des réactions notamment celles des autorités en place et certaines personnalités proches du régime réduisent le débat autour du respect de la «confidentialité des documents administratifs» en occultant les faits incriminés par ce rapport d’enquête interne de la Gendarmerie qui auraient mouillé des hautes autorités dans des faits réprimés par la loi.

Commandité par l’ex Haut commandant de la Gendarmerie nationale, le général Jean Baptiste Tine à la suite des accusations de «violation de ses obligations militaires» contre le capitaine Seydina Oumar Touré, alors officier de police judiciaire à la section de recherches de la Gendarmerie en charge de l’enquête préliminaire dans l’affaire du viol opposant Adji Sarr et Ousmane Sonko, ce rapport qui aurait été remis au chef de l’Etat, disculperait le jeune officier de toutes les accusations qui lui ont valu sa radiation du corps des cadres de la Gendarmerie nationale.

Ainsi, ces dernières, tout en ne remettant pas question le contenu de ce document encore moins son authenticité, se contentent à rappeler le caractère supérieur de «secret défense» et du «secret de l’instruction» sur les libertés de presse, d’expression et le droit du public à l’information. Mieux, selon toujours des informations rendues publiques, ce document révélé par le journaliste Pape Alé Niang est conforme à celui que le leader de Pastef avait brandi lors de sa conférence de presse le 4 novembre au lendemain de son audition. Certaines hautes autorités seraient impliquées dans des actes de falsification de procès-verbal d’enquête dans le but d’enfoncer Ousmane Sonko accusé de viol par Adji Sarr.

Le refus du jeune capitaine Seydina Oumar Touré d’exécuter cet ordre serait à l’origine de ses débords qui l’ont conduit à sa radiation. Le journaliste, dans le cadre de cette affaire, n’est pas accusé d’avoir violé le principe de «respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a, de connaître la vérité», tel que recommandé par l’article 1 de la Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes), signée le 24 novembre 1971 à Munich.

DEFINITION DU JOURNALISME D’INVESTIGATION, SELON L’UNESCO

«Le journalisme d’investigation implique d’exposer au public des affaires dissimulées de manière délibérée par une personne dans une position de pouvoir ou cachées accidentellement car elles étaient noyées dans une masse de faits et de circonstances qui en obscurcissaient la compréhension. Il nécessite d’utiliser des sources et des documents confidentiels ou publics.»

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