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vendredi, avril 19, 2024
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Pr Moussa Diaw Il faut s’attendre à des remous au sein de l’APR

par pierre Dieme

Le professeur Moussa Diaw analyse les impacts de l’alliance Idy-Macky dans la configuration politique au Sénégal

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Dans cet entretien, le professeur Moussa Diaw analyse pour «L’AS» les impacts de l’alliance Idy-Macky dans la configuration politique au Sénégal. L’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis estime que cette situation est aujourd’hui profitable à Ousmane Sonko et d’un autre côté qu’il faudrait s’attendre à des remous au sein de l’APR du fait du limogeage de certains caciques de la formation marron-beige.

«L’AS» : Quelle sera l’impact de la nouvelle alliance Idy-Macky dans le jeu politique sénégalais?

Moussa DIAW : Forcément il y aura une reconfiguration du jeu politique. Idrissa Seck a été toujours considéré comme un membre de l’opposition jusqu’à son ralliement. Maintenant qu’il fait alliance avec la majorité et qu’il a quelques proches promus ministres dans le nouveau gouvernement, cela va changer la donne au niveau de l’opposition. Aussi, il va y avoir des changements à l’intérieur même de la majorité présidentielle. Certains membres de la majorité ont quitté le gouvernement, des membres qui comptaient et qui étaient très proches de Macky Sall. Ils ont été écartés et il est certain que ceux-là ne resteront pas passifs parce que ce sont des leaders, des cadres de l’Alliance pour la République (APR) qui ont des compétences politiques, qui ont des expériences. Cela m’étonnerait que ces responsables-là gardent le silence. Donc, il faut s’attendre à des remous à l’intérieur même de la majorité notamment au sein de l’APR. Et aussi dans l’espace politique, au niveau de l’opposition, bien entendu, les rapports de force vont changer. Est-ce que l’arrimage d’Idrissa Seck à l’opposition va susciter des réactions ? L’opposition va chercher à s’organiser davantage parce qu’elle était dispersée. Elle devrait se structurer et former un bloc pour faire face à cette nouvelle majorité. (..) Il est triste cependant de constater qu’on privilégie les calculs politiques, des perspectives électorales et de repositionnement au détriment de l’intérêt général des populations, au moment où les jeunes quittent massivement le pays et clandestinement pour chercher l’Eldorado en Europe. Tout simplement parce que leur avenir est incertain dans leur propre pays. Et c’est dommage.(…)

Avec cette nouvelle configuration, peut-on dire qu’Idrissa Seck balise la voie à Oumane Sonko et Khalifa Sall ?

Normalement c’est Ousmane Sonko qui devrait en bénéficier le plus. Il est dynamique. Il adopte une opposition offensive et pose des questions au gouvernement. Il cible les failles de la gouvernance politique de Macky Sall en mettant l’accent sur leurs faiblesses. Donc aujourd’hui, il est apparait incontournable dans l’opposition. A mon avis, si l’opposition doit s’organiser ce sera autour de Sonko.

Et Khalifa Sall dans tout ça ?

Khalifa Sall a encore des démêlées judicaires qui ne sont pas réglées. C’est peut-être une amnistie qui pourrait le sauver. Mais l’amnistie ne pourrait venir que de la majorité à l’Assemblée nationale. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il a encore cette épée de Damoclès qui pèse sur lui. Et il n’a pas encore une large possibilité de mener ses activités de façon sereine. Il y a toujours ce handicap judiciaire qui pèse toujours sur lui. Donc, il faut attendre que cela s’élargisse et qu’il y ait des mesures à son endroit pour lui permettre de jouer pleinement son rôle politique dans l’espace politique sénégalais.

L’avenir politique d’Idrissa Seck, est-il hypothéqué ?

On ne peut pas dire ça. Idrissa Seck est fin politiquement. Il a des expériences et généralement il fait des calculs politiques. Il peut se tromper. Maintenant, la question est de savoir si cette alliance va être durable. C’est ça la grande question. Est-ce qu’il pourra avoir une marge de manœuvre pour adopter sa stratégie. Parce que ce qui est visé actuellement, c’est la présidentielle de 2024. Compte tenu de la situation, la question du troisième mandat est tournée. Il n’est plus question de parler de troisième mandat. Et donc les logiques politiques voudraient que les rapports de force changent au niveau de la majorité. Et Idrissa Seck veut se positionner pour remplacer Macky Sall si jamais il quitte le pouvoir en 2024. Et c’est ça son calcul politique. On verra plus tard comment cela va se passer. A mon avis, Idy est gagnant sur ce coup. Mais comme on est dans une alliance machiavélique, de fins stratèges politiques, on verra qui va gagner et qui va perdre dans ces rapports de force.

Et Macky Sall, qu’est-ce qu’il va gagner concrètement ?

La plupart des chefs d’Etat africains ne veulent pas quitter le pouvoir par peur de poursuites à la fin de leur règne. Surtout qu’une fois aux affaires, il traine de nombreux actes de mauvaise gouvernance. Et justement, Macky a besoin de gage, de quelqu’un qui va protéger ses arrières une fois qu’il quitte le pouvoir. Et apparemment, Idrissa Seck rentre dans cette logique-là. Il devrait normalement y avoir des négociations permettant Idrissa Seck de s’engager et de pouvoir le remplacer Macky Sall avec comme contrepartie d’assurer les arrières de ce dernier quand il ne sera plus aux affaires. A mon avis, leurs négociations ont tourné autour de cela.

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