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vendredi, avril 19, 2024
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Politiques de jeunesse et insertion : Pourquoi nous avons échoué

par pierre Dieme

Les différents gouvernements qui se sont succédé au Sénégal ont difficilement réussi à assoir les bases d’une véritable politique de jeunesse.

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Si au temps du Président Senghor, la vie était relativement plus facile avec l’accent mis sur le monde rural, la pêche et l’artisanat, les années Diouf ont amorcé un véritable virage avec les Politiques d’ajustement structurels imposés par les institutions de Breton Woods qui ont mis à genou notre économie.

Les initiatives prises dans les années 80 avec l’insertion des maitrisards qui avaient reçu des financements dans les secteurs comme l’agriculture, la pêche, la boulangerie, etc. ont été des échecs cuisants. Et ce n’était pas forcément la faute de l’Etat. La formation de ces étudiants, le contexte socio-économique de l’époque a fait échouer une expérience qui a été vite stoppée et a poussé l’Etat à laisser en rade des générations de diplômés qui ont suivi.

Cet abandon a continué avec le slogan ‘’moins d’Etat mieux d’Etat’’ jusqu’à l’arrivée de Wade en 2000 qui a pris quelques audaces comme la reprise des recrutement dans la fonction publique, la relance des secteurs comme les infrastructures, des politiques agricoles même si Diouf avait aussi initié des démarches dans ce sens avec la Nouvelle politique industrielle, la Nouvelle politique agricole, etc.

Sous Diouf d’ailleurs, le Canal du Cayor, un projet-phare n’a jamais vu le jour malgré tous les moyens déployés.

Wade lui, a fini de réaliser certains de ses grands projets.
Mais, malheureusement, là encore, la jeunesse n’a pas pour autant eu les satisfactions attendues du fait justement de l’arrivée de nombreux jeunes sur le marché de l’emploi et également de l’inadéquation de la formation par rapport à l’offre d’emploi sans oublier le faible taux de scolarisation, entre autres difficultés.

Résultat des courses, plus de 200 mille jeunes arrivent actuellement sur le marché de l’emploi alors que 30 mille seulement, environ, arrivent à en trouver.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Macky a notamment continué la politique initiée par Wade avec de nombreuses structures qui ont même été regroupées en une seule, l’ANPEJ.

Mais, aujourd’hui, la même multiplication de ses services a été notée. Ce qui donne une impression de tâtonnement et de pilotage à vue parce que leur efficacité n’a pas été pour autant démontrée.

Ainsi, le Conseil national à l’insertion et à l’emploi sera mis sur orbite ce mois de décembre pour tenter de faire face plus efficacement à la situation rendue dramatique par la mort en mer de beaucoup de candidats à l’immigration.

Mais, là aussi, le doute est permis. Car, l’organe aura un pouvoir seulement consultatif. Exactement comme le Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui a, pourtant, l’avantage de regrouper des professionnels de tous les secteurs d’activité.

Créer un Cese bis ne fera que pourvoir du travail à une clientèle politique si jamais des experts ne sont engagés dans la démarche.

Car, la politisation de ces différentes structures a créé leur hypotrophie. On ne recrute pas beaucoup de compétences extérieures à la sphère du parti et des alliés. De la même façon, les financements qui existent sont souvent donnés à des partisans et à des alliés.

Un clientélisme qui bloque les initiatives et réduit considérablement les résultats.

Nous avons aussi pêché sur la priorisation de nos investissements. Au lieu de privilégier les secteurs primaires comme l’agriculture, la pêche, l’artisanat, on a mis en avant les grands travaux à coût de milliards enrichissant ainsi des secteurs privés étrangers soutenus par leurs pays avec, parfois, des fonds injectés par ses mêmes gouvernements sous forme de prêts remboursables.

Ainsi, dans le cadre du PAP 2A, il est important et même vital que les priorités soient revues. L’agriculture peut être la rampe de lancement de notre agriculture. Le potentiel est là, les terres arables existent et les jeunes n’attendent que d’être intéressés.

Mieux, le marché est encore déficitaire en céréales comme le riz, le maïs, le blé et bien d’autres que nous devons importer.

C’est pourquoi, il suffit d’une volonté politique claire pour réorienter les projets, revoir les priorités, cesser la politisation des politiques publiques et aboutir à des résultats probants.

Bien sûr, si nous voulons réussir, il faudrait que l’Etat apprenne également à alléger ses charges, surtout celles dont l’utilité est douteuse et cesse de faire la part belle à des entreprises étrangères qui contrôlent des secteurs stratégiques de notre économie.

Assane Samb

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