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jeudi, avril 18, 2024
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Ousmane Sonko, l’homme à abattre

par pierre Dieme

Pour sa brillance intellectuelle et sa percée politique, il est au centre de toutes les attaques tant du côté du pouvoir que du côté d’une certaine opposition en collusion avec l’exécutif

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«Il (Macky Sall, Ndlr) n’aime pas la Casamance encore moins notre pays le Sénégal. Le président de la République Macky Sall qui a échoué sur toute la ligne dans sa politique en Casamance, voire le Sénégal, préfère plus l’Europe, la France, la Turquie, la Chine que le Sénégal. Des pays à qui, il offre nos milliards à travers des contrats en or qu’il signe avec leurs entreprises», dixit le leader du Pastef lors de sa visite à Ziguinchor, le lundi 14 septembre dernier. Il a fallu deux semaines après pour que des responsables de l’APR et peut-être des transhumants encagoulés, affichant une « casaphilie » soudaine, se rendissent compte que les propos de Sonko sont gravissimes au point de dégager des miasmes nauséabonds fractionnistes, voire sécessionnistes.

Ainsi à travers un texte truffé de fautes de toute nature (un indivis, héritage de plusieurs centaines de milliers d’années, jamais nous avons été, porte véritablement à équivoque…), Benoît Sambou, Innocence Ntap Ndiaye, Abdoulaye Badji, Abdoulaye Diop, Abdoulaye Baldé, Abdoulaye Bibi Baldé, Moussa Baldé, Aminata Assome Diatta, Aminata Angélique Manga et Mamadou Lamine Keita ont cloué au pilori Ousmane Sonko pour avoir commis le crime de la liberté de s’exprimer sur la Casamance. D’ailleurs, il faut souligner que le biffage d’une partie de la phrase de Sonko incriminée (encore moins notre pays le Sénégal) renseigne sur l’intentionnalité manipulatoire des scribouillards de cette diatribe. Est-ce une infraction de dire que « le président de la République n’aime pas la Casamance » même si l’irrédentisme quarantenaire qui a endeuillé la région méridionale n’autorise pas une certaine liberté d’expression de crainte d’être catégorisé de séparatiste ?

En tant qu’homme politique de surcroit parlementaire, le leader de Pastef a la latitude de s’exprimer négativement sur le bilan des réalisations présidentielles en Casamance tout comme les partisans de Macky Sall ont le loisir de louer les infrastructures qui y sont réalisées sous son magistère.

Si les signataires de cette philippique condamnent ce propos de Sonko dont la troncation d’une partie en réduit le sens et la portée, que devraient-ils dire de cette phrase du président-candidat Sall qui n’a pas hésité, lors de la dernière campagne présidentielle, à dire : « si vous voulez que la Casamance intègre le Sénégal dans le cadre du développement… » ? Ce qui veut dire que, depuis les indépendances, la Casamance n’est pas prise en compte dans les politiques de développement du Sénégal. Cela ne fait que corroborer les propos de Sonko et de tous ces fils et filles de la Casamance qui se plaignent de l’isolement voire de l’oubli de leur région dans les programmes de développement. Que dire de ces phrases de Macky prononcées lors de la campagne électorale de 2019 et qui subodorent une appropriation sur fond d’ethnicisme : «Matam est un titre foncier à mon nom. Donc qui va à Matam doit me demander la permission» ? Et quid des propos communautaristes de Farba Ngom itérés lors de la campagne des législatives de 2017 et traduisant la conquête des localités basée sur un électorat ethniquement coloré : « Tout le monde est conscient que le département de Matam est le titre foncier du président Macky Sall »« Agnam est un titre foncier du président Macky Sall » ? Dans les propos ethnicistes de Farba Ngom, on a affaire à une dérive cognitive, la cognition étant l’ensemble des mécanismes à travers lesquels l’être humain fait fonctionner son esprit en rapport avec le langage. J’entends la foudre tomber sur le Patriote en chef le jour où il commettrait l’imprudence voire l’impudence verbale de clamer urbi et orbi : « La Casamance est mon titre foncier ».

En quête de suffrages, le président Léopold Sédar Senghor déclarera le 18 février 1978 lors de sa campagne électorale à Sédhiou : « Casamançais, si vous voulez l’indépendance, votez PS ». Cette exaction discursive désintégrationniste a conforté en son temps tous les indépendantistes qui pensaient que la Casamance n’est pas partie intégrante du Sénégal. Aucun politique, fût-il Abdoulaye Wade son alors principal opposant, et aucun intellectuel n’ont condamné ce propos électoraliste irresponsable qui désintègre cette partie méridionale du Sénégal.

Il appert aujourd’hui que le principal opposant du président est incontestablement Ousmane Sonko. Donc le combattre devient un impératif politique catégorique. Mais il ne faut pas verser dans la surenchère de la caractérisation outrancière qui exhale les senteurs fétides d’un communautarisme exacerbé.

Lors de la dernière présidentielle, Macky Sall a enregistré son pire score à Ziguinchor avec 38,72 % des voix contre 57,27 % pour le candidat de la « coalition Sonko président ». Ce qui veut dire que les 450 milliards qu’il dit avoir investi en Casamance sous son magistère n’ont pas pesé dans le vote des Ziguinchorois. Ce qui veut dire aussi que ses responsables et autres alliés locaux n’ont pas résisté devant la bourrasque électorale dévastatrice de Sonko. Et par acquis de conscience, il faut, pour ses contempteurs, le crucifier à la moindre sortie, à la moindre incartade afin de bémoliser la défaite électorale amère à Ziguinchor encore rémanente.

C’est ici le lieu de déplorer que des hommes et des femmes de médias, qui doivent élever le niveau du débat politique, bafouillent des borborygmes incompréhensibles et s’incrustent dans le combat politique contre Sonko par des attaques ad hominem laissant de côté ses innovations et ses initiatives notamment dans le domaine agricole. Aussi, faut-il reconnaître au leader de Pastef une intelligence politique qui a su intégrer dans sa stratégie d’innovation la création des vacances agricoles patriotiques (VAP). Aujourd’hui, pour sa brillance intellectuelle et sa percée politique, il est au centre de toutes les attaques tant du côté du pouvoir que du côté d’une certaine opposition en collusion avec l’exécutif. Par conséquent, tous les coups semblent permis pour mettre hors d’état de nuire cet adversaire, potentiel empêcheur de gagner. Et l’attaquer sur des billevesées et non sur ses innovations, c’est, pour les signataires de ce réquisitoire, l’assurance de gagner quelques points politiques et l’estime du manitou. Mais la vacuité intellectuelle et l’inconsistance du contenu, au lieu de créer l’effet foudroyant tant attendu, risquent de faire de ce texte mal écrit un simple pétard mouillé.

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