La capitale sénégalaise, Dakar, et son agglomération sont en proie à une crise urbaine multiforme. Entre l’occupation anarchique des trottoirs et espaces publics, la promiscuité grandissante et les tapages nocturnes, etc., les habitants expriment un ras-le-bol face à un désordre qui perturbe leur quotidien et met en péril leur bien-être.
Au rond-point Liberté 6, comme dans de nombreux autres points névralgiques de la ville-capitale du Sénégal, le spectacle est désolant. Des cantines de fortune, faites de cartons, de bois ou de bâches, empiètent sur les voies de circulation, contraignant les piétons à marcher sur la chaussée. «Tous les gouverneurs qui se sont succédé ont pris des arrêtés pour mettre un terme au désordre, en vain», déplore un banlieusard.
Malgré les opérations musclées de désengorgement et déguerpissement menées par les autorités étatiques, administratives et même municipales, avec l’aide des Forces de l’ordre, comme celles menées récemment à Keur Massar, les commerçants et autres squatteurs reviennent toujours, défiant l’autorité et importunant les riverains et les passants. «Nous n’avons pas où aller. Si on pouvait nous octroyer un lieu, nous serions preneurs», plaide l’un d’eux, conscient du problème mais sans alternative.
PROMISCUITE ET FLAMBEE DES LOYERS
La pression démographique et la pauvreté galopante aggravent les conditions de vie. Des familles entières s’entassent dans des chambres exiguës, comme des «boîtes à sardines». Un jeune courtier témoigne : «Nous sommes cinq dans une petite chambre. Même en partageant le loyer, c’est dur. Nos revenus ne sont pas stables.» Cette promiscuité favorise également la production de déchets solides, ajoutant un défi sanitaire supplémentaire.
TAPAGES NOCTURNES : LA QUESTION DU VIVRE-ENSEMBLE
Les nuits dakaroises sont souvent agitées par des cérémonies familiales, des «dahiras» (rencontres d’associations religieuses des différentes confréries musulmanes) ou des réceptions (mariages, baptêmes, «hawaré», «sabar»…) qui se prolongent jusqu’à des heures tardives, sans égard pour le voisinage. «Ces fêtes durent jusqu’à 2 heures du matin, sans que l’on se soucie de ceux qui doivent travailler le lendemain», regrette un habitant des Parcelles Assainies.
Pire, les personnes en convalescence ou les travailleurs précoces subissent de plein fouet ces nuisances sonores. Malgré une réglementation exigeant une autorisation préalable pour l’organisation de ces événements, peu semblent la respecter. «Dans ce pays, chacun fait ce qu’il veut», constate amèrement, pour le déplorer, un riverain.
UN ESPOIR : L’INTERVENTION DES AUTORITES
Face à cette situation, les populations espèrent une action ferme du nouveau ministre de l’Intérieur et la Sécurité publique, Me Bamba Cissé. La sécurisation des trottoirs, la lutte contre l’habitat insalubre et le respect des règles en matière de bruit sont autant de défis urgents à relever pour restaurer l’harmonie dans les quartier et rues de Dakar.
En attendant, la colère monte, et avec elle, le risque de tensions sociales. Les Dakarois aspirent simplement à retrouver le droit de circuler, de dormir et de vivre dans la dignité.
LAMINE DIEDHIOU