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jeudi, avril 18, 2024
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Maréchal, nous voilà ! *

par pierre Dieme

«Passé-Présent», une ancienne rubrique de Sud, est remise au goût du jour et à votre appréciation, chères lectrices et chers lecteurs. Passé/Présent, comme son titre l’annonce, puisera dans nos archives, dans notre mémoire individuelle et collective, des éléments d’informations, d’analyse et de compréhension du passé, lointain et récent, pour lire le présent et projeter l’avenir. Pour ce retour au Présent, Sud Quotidien a passé commande à un ancien, le Président Babacar Touré, pour inaugurer la rubrique. Le prétexte, l’annonce de l’élévation du Président Idriss Deby, au grade et titre de « Maréchal du Tchad, Président de la République, chef de l’État », à l’écrit et « Maréchal » à l’oral » (sic) à comme nous l’apprend un communiqué officiel des services de la Présidence de la République tchadienne

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On croyait révolu le temps des dictateurs loufoques, mais voilà qu’ils reviennent hanter notre mémoire. Idriss Deby ressuscite les âmes damnées de la deuxième moitié du vingtième siècle marquant nos indépendances martyrisées par des soudards, soldats d’opérette et autres saltimbanques.

L’Afrique dite des Indépendances s’est illustrée autant par d’authentiques dirigeants (Modibo Keïta, Mamadou Dia, Kwamé Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Patrice Lumumba, Sylvanius Olympio, Julius Nyéréré, Kenneth Kaunda, Ahmed Ben Bella, Sékou Touré) et dans un registre plus conciliant avec les anciennes puissances coloniales (Léopold S. Senghor, Houphouët Boigny, Habib Bourguiba, Hamani Diori, Moctar Ould Daddah, Sangoulé Lamizana, Hastings Banda). Tous ont connu des fortunes diverses, mais n’en n’ont pas été moins emblématiques de l’histoire et de la quête de nos indépendances avortées.

A côté de ces icônes, des tyranneaux de village dont les frasques retentissent encore dans nos mémoires, sont satellisés et réduits en marionnettes désarticulées par des officines et des services de renseignements occidentaux, dans le souci d’aliéner les esprits et les ressources, tout en annihilant l’estime de soi et les velléités d’affirmation d’une véritable identité et d’une conscience africaines modernes, émancipatrices et traitant avec le reste du monde sur un pied d’égalité. Ils sont presque tous issus des armées coloniales, ont fait peu ou pas d’études, sans légitimité et avides de reconnaissance, exerçant un droit de vie et de mort sur des populations dépouillées. Sous l’impérium de leurs parrains auxquels ils parviennent souvent à échapper. Véritables mégalomanes, narcissiques et sociopathes paranoïaques.

En haut du tableau de chasse de la Françafrique triomphante, un triste sire, soldat perdu de la coloniale, Jean Bedel Bokassa, qui, après s’être autoproclamé Maréchal, Président à vie, avait entrepris de se (faire) couronner Empereur, avec le parrainage actif, intéressé et paternaliste de Valéry Giscard d’Estaing, président de France et de Navarre (27mai 1974- 21 mai 1981). On vous passera les “détails” du sacre burlesque de celui que le général De Gaulle avait surnommé le «  soudard  », c’est-à-dire un homme de guerre brutal et grossier. La cérémonie fastueuse, devant 5000 invités-spectateurs au palais des sports de Bangui en présence du ministre français de la coopération, Robert Galley ; aucun chef d’État du continent n’a voulu y prendre part, laissant ce Napoléon des tropiques à la merci de Valéry Giscard d’Estaing (VGE) qu’ ‘il appelait familièrement “mon parent “.

La rumeur insinue qu’après avoir empoché des diamants offerts par le nouvel empereur, VGE poussera l’esprit de famille jusqu’à se faire border par l’impératrice Catherine, l’élue anoblie parmi les dix-sept  épouses reconnues de l’empereur. Ce qui devait arriver arriva. L’affaire des “ diamants “ de Bokassa révélée par l’hebdomadaire satirique français “Le Canard enchaîné”, finit par achever le président Giscard, auquel succédera le socialiste François Mitterrand en mai 1981. Auparavant, il se vengera de Bokassa en le faisant destituer, emprisonner et remplacer par son cousin David Dacko, revenu au pouvoir à la faveur de l’opération “Barracuda”, déclenchée à partir de Ndjamena par la France.

MOBUTU, UN DICTATEUR ADOUBE PAR L’OCCIDENT

« Mobutu, Roi du Zaïre », titre d’un film documentaire éponyme réalisé par un cinéaste belge campe bien le personnage de ce  Ubu tropical. Cornaqué par la CIA qui l’aide à réaliser son coup d’État, le colonel Joseph Désiré Mobutu fait  arrêter, torturer et exécuter en janvier 1961, son patron et bienfaiteur, le Premier ministre Patrice Lumumba, accusé de «  sympathie communiste », qui l’avait pris dans son gouvernement en qualité de secrétaire d’État. Le lumumbiste Pierre Mulele et ses camarades qui avaient animé la résistance et contrôlé une bonne partie du territoire du Congo-Léopoldville furent capturés et exécutés, avec l’aide des Américains et des Belges qui aidèrent leur fantoche à obtenir une victoire militaire sur les partisans du héros de l’indépendance. La dictature féroce de celui qui deviendra Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga -le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter- se drapera du manteau de l’Authenticité.

Le pays, la monnaie comme le fleuve (Congo) qui lui a donné son nom, sont rebaptisés  Zaïre. Mobutu étrenne ses galons et son bâton de Maréchal- “Papa Maréchal “ pour la populace. S’ouvre alors un cycle de répression et de représailles sans précédent. Exécutions extrajudiciaires, pendaison publique de quatre anciens ministres dont un ex-premier ministre, Evariste Kimba, accusés à tort de complot. Des étudiants sont la cible des escadrons de la mort, abattus sauvagement, leurs corps jetés dans le fleuve ou dans des fosses communes. Un régime de terreur s’abat sur le pays du dictateur adoubé par l’Occident et reçu jusque dans la Chine de Mao. Mobutu s’érige en défenseur de toutes les mauvaises causes, celles de l’apartheid, de la domination portugaise en Angola et au Mozambique  comme celle anglaise, en Rhodésie (actuel Zimbabwe) et de leurs suppôts locaux au nom d’un anticommunisme pro- impérialiste contre les mouvements de libération et les progressistes africains. Il initie la Ligue des Etats Noirs d’Afrique à laquelle ses homologues n’adhèrent pas. Il échappera de peu à la débâcle suite aux deux guerres qui ont éclaté dans la province du Shaba, sur fond de rébellion à caractère ethnique mais également en réaction contre la dictature du kleptocrate ayant confisqué les libertés en même temps que les énormes ressources du pays. Ne dit-on pas que le pays est un « scandale géologique » !  Forêts, or, étain, diamant ou encore coltan (composant pour les circuits électroniques), se concentrent dans ce territoire grand comme quatre fois la France et quatre-vingt fois la Belgique ! Là, comme en Centrafrique, il aura fallu l’intervention de Giscard pour sauver la situation en larguant une légion de paras sur Kolwezi. L’Ogre se retrouvera affaibli par le cancer et les coups de boutoir du révolutionnaire attardé, Laurent Désiré Kabila, converti au libéralisme après un projet mort-né de guérilla de type guevarocastriste désavoué par le Che lui-même, en “visite de terrain», peu convaincu de la volonté et des aptitudes des “maquisards” dépenaillés et de leurs chefs fêtards. Kabila, père et fils, en lui succédant feront à peine “moins pire” que le despote illuminé de la zaïrianisation, version “Abacost “(A bas le costume) et bonnet léopard.

 IDI AMIN DADA, LE SOUDARD DE LA COLONIALE

Dans la sinistre galerie des dictateurs, trône la figure du  bouffon sanguinaire, Idi Awo-Ongo Angoo à l’état civil, tristement célèbre sous le nom d’Idi Amin Dada. Comme son homologue Bokassa Jean Bedel, devenu Salah Eddine Ahmed Bokassa après une conversion à l’Islam politiquement motivée, Idi Amin portera son nom  hérité de son père Andréas, catholique de l’église romane ayant embrassé la religion musulmane.

Serviteur zélé au service de l’armée de Sa Gracieuse Majesté, la Reine d’Angleterre, Amin Dada se révèlera brutal et sanguinaire. Il participera à réprimer la révolte des Mau-Mau, au Kenya, entrés en rébellion contre la politique foncière de l’occupant britannique. On estime à plus de trois cents mille, les personnes massacrées par l’armée coloniale parmi les nationalistes Kikuyu. Lourd tribut payé de sang, de ruines et de désolation, avec au bout du (dé)compte, l’indépendance du Kenya sous la direction de Jomo Kenyatta, son premier Président. Sous la bannière d’Uhuru, -liberté en swahili- qui rallia les suffrages des indépendantistes kenyans au-delà de l’espace Kikuyu, enclin à un nationalisme étroit, comme le  nom des pics de ce toit de l’Afrique, le Mont Kenya, point culminant de la montagne isolée la plus haute du monde, (à ne pas confondre avec l’Everest, « toit du monde », point culminant de la chaîne des montagnes de l’Himalaya), au pied duquel s’est écrite une des plus belles pages de la résistance africaine, Jomo Kenyatta a commis un texte pénétrant, « Facing Mount Kenya » (Au pied du Mont Kenya, éditions Maspero) qui établit que loin d’avoir été un réflexe identitaire et xénophobe d’un groupe, les Kikuyu, ce fut bien une jacquerie paysanne contre la spoliation de leurs terres, conférant subséquemment un caractère national à la révolte des Mau-Mau. Amin saccage et  massacre à tour de bras, au nom de l’ordre colonial, des populations désarmées dont le seul tort est de s’insurger contre les exactions des représentants de la couronne britannique, à la grande satisfaction de ses supérieurs étoilés. Le premier Président de l’Ouganda, Milton Oboté qui a propulsé Idi Amin dans la haute hiérarchie de la nouvelle armée nationale sera contraint de se réfugier en Tanzanie, suite au coup d’État de son ancien protégé. Assassinats, disparitions, persécutions, arrestations arbitraires et tortures marquent le règne de terreur de ce Roi d’Écosse autoproclamé.

Aucun groupe, aucune catégorie sociale ou professionnelle n’échappera à la furie des escadrons de la mort, lancés aux trousses des anciens ministres, des membres de l’intelligentsia, cible privilégiée des dictateurs ignares, des commerçants. Les membres des communautés indienne et pakistanaise établies dans le pays depuis longtemps seront expulsés manu militari, sans préavis. Environ cinquante mille ressortissants de ces deux pays feront les frais de la xénophobie calculée d’Idi Amin.

La Tanzanie du socialiste Julius Nyerere, le Malawi, le Kenya voisin, vont subir les assauts du tyran au point de servir de base arrière aux colonnes d’exilés ougandais et rwandais organisés et déterminés à renverser le dictateur.

Ici aussi, la mégalomanie qui est la marque de fabrique des potentats, a poussé le soudard de la coloniale à se proclamer Maréchal, Président à vie, et bien sûr Roi d’Écosse, se faisant porter à l’occasion par des “sujets blancs”. Image renversée des explorateurs, missionnaires et administrateurs coloniaux et leurs cohortes d’indigènes portant hommes, armes et bagages, s’il en fut !

Comme Bokassa et Mobutu, le chemin de l’exil permit la vie sauve à Amin Dada chassé du pouvoir par les armes, en décembre 1983.

DEBY , LE TITRE, LE COSTUME ET LE BATON DE MARECHAL

Et voilà qu’aujourd’hui, Idriss Deby Itno, comme El hadj Omar Bongo Ondimba, avec qui il partage une remarquable longévité au pouvoir, s’affuble d’une sorte de particule accolée à leur nom, symbole de noblesse ou de personnes anoblies ou encore assimilées à la “fausse noblesse”. En 1982, Idriss Deby, entre triomphalement à Ndjamena, aux côtés de Hissene Habré, soutenu par les Américains et tombeur de Goukouni Oueddei, des légionnaires de Kadhafi et des éléments français d’appui et de renseignements, la tête des Forces Armées du Nord, (FAN), articulées autour du noyau constitué par une coalition de rebelles. Suite à l’éclatement du Gouvernement d’Union Nationale et de Transition (GUNT), Deby, le seigneur de guerre, militaire de formation formaté à l’école de guerre et par les services français, apparait de plus en plus comme un instigateur plutôt que bras armé de toutes les exactions, violations des droits de l’homme face à un Hissene Habré, idéologue et stratège politique dans le viseur de la France.

L’affaire du Commandant Galopin et l’enlèvement de l’anthropologue Françoise Claustre, puis de deux autres Français dont l’époux de cette dernière, Pierre Claustre, quelques mois plus tard et celui d’un ressortissant allemand dans le maquis, finit d’installer le révolutionnaire Hissene Habré, dans le  viseur  des dirigeants et des barbouzes de l’- Hexagone. Habré est tenu responsable de l’assassinat dans les années 70 du Commandant Galopin venu négocier la libération des otages. Un des otages, un médecin allemand, fut libéré en 1975 contre rançon finalement versée aux ravisseurs. Le pouvoir d’État est conquis par cet intellectuel, diplômé en Droit, en Histoire, en Administration et en Sciences politiques, féru de lecture, dévalisant les œuvres de Fanon, Che Guevara, Mao, Raymond Aaron entre autres, dans sa chambre de la cité universitaire à  Paris. Ces péripéties n’ont pas amoindri le soutien de la France aux alliés de circonstance, Habré  et Deby, après celui des Etats-Unis pour et après leur prise du pouvoir. Ni pendant la guerre contre le Colonel Kadhafi, suite à l’annexion d’une partie du territoire tchadien connue sous le nom de la bande d’Aouzou et du Nord du pays. Américains et Français appuieront le Tchad pour la reconquête de son territoire spolié. L’armée tchadienne infligera de lourdes pertes à la légion “sahélienne » du Colonel Kadhafi, faisant de très nombreux prisonniers parmi les occupants.

Si les Etats-Unis avaient fait de l’homme fort de Tripoli l’ennemi à abattre à tout prix, et s’appuyaient lourdement sur Habré, unique chef de guerre victorieux du trublion Kadhafi, les Français étaient plus en retrait et n’appréciaient pas trop leur rôle croissant dans ce qu’ils considéraient comme leur zone d’influence par définition. Par une de ces fulgurances de l’histoire, Américains et Français, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, se retrouveront ensemble, pour organiser la mise à mort de Kadhafi suite à l’insurrection de Benghazi. Ils ont traqué Kadhafi, avec la notable implication du philosophe français israélite Bernard Henry Lévy et un certain Abdoulaye Wade, président de la République du Sénégal.

Leur homme dans la maison, Idriss Deby, sera désigné en 1990 par les services de renseignements extérieurs français, la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) pour remplacer Hissene Habré, avec bien entendu, l’aval du socialiste François Mitterrand. C’est dire que les clivages idéologiques s’estompent en fonction des visées hégémoniques des puissances occidentales, engagées dans une dialectique d’unité et de lutte  au gré des intérêts en jeu, et des circonstances de temps et des configurations de lieux. Habré devra son salut à son repli sur le Sénégal, avec son trésor de guerre, après avoir traversé le fleuve Chari. Il sera rattrapé 25 ans plus tard par des événements et des actes survenus au cours de son magistère de huit ans. Jugé et purgeant une peine de prison à perpétuité et d’une amende colossale pour réparation à payer aux victimes reconnus par une juridiction d’exception, à charge et controversée. Ses co-accusés, sont en liberté, après une parodie de jugement organisée par Deby, suspect au moins de non-responsabilité. Même quand les vainqueurs jugeaient les vaincus le tribunal des Alliés a eu à cœur de convoquer à la barre tous les responsables nazis du troisième Reich, après la mort de leur chef Adolf Hitler et de certains de ses collaborateurs. Même démarche unilatérale et partisane empruntée par l’Africaine de service à la Cour pénale internationale qui a poussé la soumission aux desiderata de Nicolas Sarkozy et de son ami Alassane Ouattara jusqu’à instruire à charge contre un seul camp, celui de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de son compagnon d’infortune Charles Blé Goudé.

Le camp des rebelles auteurs du coup d’Etat et fauteurs de troubles responsables de milliers de morts dans cette guerre civile ivoirienne importée et alimentée depuis le Burkina Faso et la France, a été soigneusement épargné malgré l’engagement formel de la CPI de juger toutes les parties au conflit. Au contraire, Deby est devenu un héros africain. Ses soldats pourtant malmenés au Mali par les djihadistes et au Tchad par Boko Haram, ont perdu de leur superbe et le mythe de leur invincibilité guerrière. La démocratie tchadienne ne saurait souffrir le risque d’alternance tant les dés sont pipés, le monde ayant convenu de s’accommoder des agissements d’un chef de clan considéré comme un rempart efficace contre les illuminés et autres trafiquants enturbannés, tuant et pillant au nom d’un Dieu de leur création. 30 ans de règne sans partage, d’accaparement du pouvoir et des ressources du pays, de répression systématique de toute parole, posture ou acte dissident, le temps est venu de parer l’absolutisme. Le titre, le costume et le bâton de Maréchal couronnent le parcours d’un fils de berger, fasciné par les ors, les ornements, les lambris et les fastes d’une France d’une époque révolue même pour les Français, mais fantasmée par une catégorie    d’Africains primitivistes, surgis des âges farouches, revisitant le mythe de Tarzan, à l’envers. Les potentats ne se rendent pas compte à quel point ils peuvent être raillés, sous cape, par les populations qu’ils cherchent à museler. Une blague circule à Ndjamena. Quand on vous demande si vous avez une capacité internet à haut débit, la réponse convenue fuse : « non, à bas Deby ! » Nul doute que le Maréchal du Tchad va être (dé)tourné en dérision par une population qui trouve dans l’humour un antidote à l’humeur massacrante des gouvernants !

* Titre d’une chanson française véritable culte de la personnalité, écrite sous le régime de Vichy, à la gloire du Maréchal Pétain et dont le refrain est : « Maréchal, nous voilà ! Devant toi le sauveur de la France, Nous jurons, nous les gars, De servir et de suivre tes pas, Maréchal nous voilà !

PAR BABACAR TOURÉ

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