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samedi, avril 20, 2024
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MALI-CEDEAO: Les moutons de Panurge et deā€¦Paris (Par Babacar Justin Ndiaye)

par pierre Dieme

Dans un Ć©lan communautaire ā€“ sans faiblesse ni fissure ā€“ la CEDEAO a frappĆ© fort le Mali. Des sanctions aussi dĆ©mesurĆ©es que le chronogramme provocateur du Colonel Assimi GoĆÆta. Mais, il reste Ć  savoir si la thĆ©rapie anti-putsch des Ā«Ā DocteursĀ Ā» dā€™Accra engloutira Ć  court terme la Junte de Bamako ou pulvĆ©risera Ć  moyen terme le Mali lui-mĆŖme ? Autrement dit, la dose de la punition administrĆ©e par la CEDEAO nā€™est-elle pas plus chargĆ©e de chaos accĆ©lĆ©rĆ© que les coups dā€™Ć‰tat Ć  rĆ©pĆ©tition des officiers de KatiĀ ? Le futur proche y rĆ©pondra.
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Dans lā€™immĆ©diat, passons au crible deux dĆ©cisions dans la gamme de sanctions prises dans capitale du GhanaĀ ! Les sanctions les plus en relief Ć©tant le gel des avoirs du Mali, la fermeture des frontiĆØres terrestres et aĆ©riennes, le retrait des ambassadeurs et lā€™activation de la Force (militaire) en attente de la CEDEAO, avec la possibilitĆ© Ć©ventuelle de pĆ©nĆ©trer en territoire malien sur une distance de 50 kilomĆØtres etc. Un vrai remĆØde de cheval contre le mulet malienĀ !
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La fermeture des frontiĆØres est une mesure aux effets lents, alĆ©atoires et variables. Le Mali est bordĆ© ou bornĆ© par sept pays. Des frontiĆØres dā€™importance Ć©conomiquement inĆ©gale. Avec le Niger, la frontiĆØre malienne est longue et vide sur de grandes distances. Elle nā€™a pas la valeur dā€™un vaisseau sanguin pour lā€™Ć©conomie malienne. En outre, elle est fermĆ©e de facto par les terroristes qui y grouillent et grenouillent de faƧon infernale. MĆŖme chose voire pire dans la fameuse Ā«Ā zone des trois frontiĆØresĀ Ā» (Mali, Niger et Burkina) Ć©vacuĆ©e par les populationsĀ ; oĆ¹ la seule activitĆ© rime avec les opĆ©rations militaires.Ā 
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Quant Ć  lā€™AlgĆ©rie, une fidĆØle et historique alliĆ©e du Mali, elle ne se sent point concernĆ©e par une dĆ©cision de la CEDEAO. Mieux, lā€™AlgĆ©rie grand pays pĆ©trolier et gazier, brisera allĆØgrement lā€™embargo en fournissant du carburant Ć  lā€™armĆ©e malienne. Comme elle le fit pour les opĆ©rations SERVAL et BARKHANE. En effet, pour lā€™opĆ©rationnalitĆ© correcte de ses bases de Tessalit et de KidalĀ (situĆ©es Ć  plus de 1000 kilomĆØtres de Bamako), la France de FranƧois Hollande avait cajolĆ© et caressĆ© le PrĆ©sident Abdelaziz Bouteflika, pour obtenir le ravitaillement de ses blindĆ©s et de ses avions voraces en carburant et en kĆ©rosĆØne.Ā 
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Idem pour la Mauritanie, ex-membre de la CEDEAO, qui ne fermera pas sa frontiĆØre avec le Mali. Pour la petite histoire, le PrĆ©sident Ghazouani et son Ministre de la DĆ©fense, le GĆ©nĆ©ral Hanana Ould Sidi, sont originaires de Kiffa et de Bassiknou, deux villes des confins de lā€™Est mauritanien trĆØs collĆ©es au Mali.Ā Ā Ā 
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Restent alors le SĆ©nĆ©gal et la CĆ“te dā€™Ivoire pour esquinter le Mali et/ou hĆ¢ter lā€™affaissement de la Junte. SinguliĆØrement le SĆ©nĆ©gal qui a un corridor Ć©quivalent Ć  une aorte thoracique pour lā€™Ć©conomie malienne. Un corridor qui approvisionne le Mali et, en retour, met beaucoup dā€™argent dans les caisses de certaines rĆ©gies financiĆØres au SĆ©nĆ©gal. Sans oublier les camionneurs des deux pays qui vivent de ce trajet fluide et transnational. Donc des effets durs pour Bamako mais aussi des retours de flammes, des contrecoups pour Dakar. Il sā€™y ajoute que le gel de ses avoirs empĆŖchera le Mali dā€™acheter les denrĆ©es alimentaires non frappĆ©es dā€™embargo et introuvables sur le marchĆ© malien. Par consĆ©quent, la fermeture non hermĆ©tique des frontiĆØres pour certains produits, sera de facto hermĆ©tique.Ā 
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Enfin, le cas le plus particulier est rĆ©ellement celui de la GuinĆ©e-Conakry. Le Mali et la GuinĆ©e-Conakry nā€™Ć©tant pas seulement frontaliers mais physiquement imbriquĆ©s sur lā€™axe Bamako-Kankan. Du reste, la dĆ©cision prise par la CEDEAO est au carrefour du dramatique et du drĆ“le. Nā€™est-ce pas illogique et comique dā€™Ć©pargner le putschiste Doumbouya, tout en lui assignant implicitement la mission de punir un autre putschisteĀ de mĆŖme acabit ?
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Au chapitre militaire, figure lā€™activation de Force en attente de la CEDEAO. Une mise en Ć©tat dā€™alerte qui ne dit pas son nom. Un casus belli aux yeux de la Junte et dā€™une grande partie du peuple malien qui comprennent mal une dĆ©cision si mal inspirĆ©e. Pourquoi cette Force, en attente et en bordure du Mali, nā€™avait pas endiguĆ©, en 2013, le dĆ©ferlement des djihadistes avant le dĆ©barquement des soldats franƧais de SERVALĀ venus dā€™outre-MĆ©diterranĆ©e ? Pourquoi la MICEMA (force ouest-africainedā€™alors) sā€™est effacĆ©e devant la MINUSMA qui compte des soldats venus des lointaines Ǝles FidjiĀ ? Les quinze Ɖtats de la CEDEAO ne pouvaient-ils pas rĆ©ussir au Mali, ce que le Rwanda a accompli au MozambiqueĀ ? On serait, aujourdā€™hui, sans un Colonel GoĆÆta Ć  Koulouba et sans des mercenaires de WAGNER Ć  Tombouctou.Ā Ā 
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En mettant en avant la possible Ć©ventualitĆ© de pĆ©nĆ©trer en territoire malien sur une cinquante de kilomĆØtres, les chefs dā€™Etat de la CEDEAO envisagent un saut dans lā€™inconnu. AttentionĀ : on commence une guerre quand on veut, mais on la termine comme on peutā€¦Et rarement au meilleur de sa forme. MĆŖme chez le vainqueur !Ā 
Au demeurant, quelles sont les armĆ©es programmĆ©es ou programmables pour le franchissement de la frontiĆØre malienneĀ ? Le Niger et le Burkina sont sporadiquement envahis par les terroristes quā€™ils ont du mal Ć  contenir. La GuinĆ©e-Conakry nā€™est pas Ć©ligible Ć  lā€™intervention militaire, car ce serait tout Ć  fait malsain et totalement grotesque dā€™envoyer une armĆ©e de Transition (sans calendrier clair) combattre une autre armĆ©e de Transition dotĆ©e dā€™un chronogrammeā€¦ rejetĆ©.Ā 
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Du coup, les regards se tournent vers lā€™armĆ©e sĆ©nĆ©galaise qui peut avoir pour objectif sous-jacent et mission lĆ©gitime, la sĆ©curisation du Barrage de lā€™OMVS construit sur le site nĆ©vralgique de Manantali. Un patrimoine hydro-Ć©nergĆ©tique commun aux Ɖtats membres. Et une infrastructure situĆ©e Ć  plus de 50 kilomĆØtres de la FalĆ©mĆ©. Cā€™est-Ć -dire au-delĆ  du pĆ©rimĆØtre Ć©tabli par les planificateurs militaires de la CEDEAO
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Pour moult observateurs, cā€™est lā€™Ć©quation gĆ©opolitique et sĆ©curitaire que constitue la prĆ©sence des mercenaires russes de WAGNER au Mali qui fonde la punition Ć©conomique, la frĆ©nĆ©sie diplomatique et le branle bas militaire de la CEDEAO. Au pĆ©chĆ© originel du coup dā€™Etat du Colonel Assimi GoĆÆta sā€™ajoute maintenant lā€™alliance avec lā€™armĆ©e de lā€™ombre du KremlinĀ : WAGNER.Ā 
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HorripilĆ©e par le braconnage audacieux de Poutine au Sahel, dĆ©sarƧonnĆ©e par lā€™exil ou lā€™emprisonnement de ses amis (BoubĆØye MaĆÆga, Boubou CissĆ© et autre TiĆ©man Hubert Coulibaly), Ć©branlĆ©e par le sentiment anti-franƧais et in fine coincĆ©e par une sensible pĆ©riode Ć©lectorale dans lā€™Hexagone, la France de Macron (discrĆØte et active Ć  Accra) a mobilisĆ© ses mousquetaires qui, dans ce dossier, font figure de moutons de Panurge etā€¦de Paris.Ā 
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Comme un train sur un passage Ć  niveau peut cacher un ou deux autres, le Sommet de la CEDEAO a ainsi camouflĆ© un conclave sur le dĆ©ploiement inquiĆ©tant des mercenaires russes Ć  proximitĆ© des berges du Fleuve Djoliba. Il a Ć©galement pris en charge quelques enjeux politiquesā€¦maliens.Ā Ā Ā 

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