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vendredi, avril 19, 2024
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Macky Sall encore à la manœuvre

par pierre Dieme

Gouvernement élargi, gouvernement d’ouverture ou gouvernement de majorité présidentielle et/ou d’union nationale : le moins que l’on puisse dire, c’est que l’idée agite fortement le landerneau politique

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Gouvernement élargi, gouvernement d’ouverture ou gouvernement de majorité présidentielle et/ou d’union nationale : le moins que l’on puisse dire, c’est que l’idée agite fortement le landerneau politique depuis que le Président Macky Sall a fait part à ses alliés de la possibilité d’un «partage de responsabilités dans la gestion de l’État», lors de la dernière rencontre des leaders de la coalition présidentielle. Avéré ou non, ce schéma d’attelage gouvernemental non motivé par une quelconque situation de chienlit et qui s’ouvrirait à une certaine opposition proche du pouvoir traduit la volonté manifeste d’un maître du jeu toujours à la manœuvre dans le déroulement de son agenda politique.

La dernière rencontre de la coalition présidentielle Bby qui a porté la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2019, effectuée par visioconférence du fait des restrictions imposées par le nouveau coronavirus, a remis au goût du jour l’idée d’un gouvernement qui ouvrirait ses portes à certains alliés du Président Macky Sall ayant facilité sa réélection à la magistrature suprême, voire à une partie de l’opposition dont les relations avec le maître du jeu seraient cordiales. Selon une bonne partie de la presse, le Président Macky Sall aurait ainsi, face à ses alliés de sa coalition Bby, évoqué la possibilité d’un partage de responsabilités dans la gestion de l’État. Ce qui de facto devrait entraîner un élargissement des forces dans la gestion du pouvoir. Quoique les sources renseignent que le chef de l’Etat n’ait pas expressément donné de noms ni parlé de gouvernement, lors de la conférence des leaders de Bennoo Bokk Yaakaar, certains acteurs du milieu politique et autres n’ont mis longtemps pour pointer du doigt un éventuel remaniement de l’attelage gouvernemental.

Pour eux, le Président Macky Sall qui a salué, lors de cette rencontre de Bby, l’apport des nouveaux alliés, en insistant particulièrement sur le ralliement de partis politiques et de personnalités de grande envergure à sa cause, facilitant ainsi, sa victoire sans bavure dès le premier tour de la présidentielle de 2019, ne serait pas insensible à un remodelage de son équipe gouvernementale. Voire même à un retour de la Primature dans l’armature institutionnelle, grâce au dépôt d’un package de lois devant l’Assemblée nationale après lecture du rapport spécial de la Commission politique du Dialogue national en octobre prochain, lors de l’ouverture de la session unique du Parlement. La politique-fiction faisant son bonhomme de chemin, surfond de surenchère politique, les supputations ne cessent de prospérer dans le champ politique, surtout du côté des alliés du Président, relativement à la mise en place prochaine d’un nouveau gouvernement qui serait de majorité présidentielle ou d’union nationale, élargie et d’ouverture. Certains esprits iront même jusqu’à envisager un pacte secret entre le président de la République et l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck, arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle, pour la participation de Rewmi à ce supposé attelage gouvernemental.

STRATEGIE ET CALCUL POLITICIEN

Quoiqu’il en soit, force est de reconnaître que la situation politique, économique et sociale du Sénégal, même si la pression Covid-19 est toujours forte, n’est pas encore arrivée à ce niveau de distorsion et/ou de chienlit qui nécessiterait la jonction de toutes les forces politiques autour du maître du jeu. Pour rappel, l’institution d’un gouvernement de majorité présidentielle pour la première fois au Sénégal, d’avril 1991 à octobre 1992, avec l’entrée du Pds et d’autres partis de l’opposition, était la conséquente d’une situation politique explosive qu’il fallait contrecarrer. Raison pour laquelle le président Abdou Diouf avait forcé la main au Parti socialiste pour ouvrir son gouvernement à Me Wade et cie, des opposants irréductibles qui lui mettaient des bâtons dans les roues.

La situation est loin d’être le cas aujourd’hui. Quoiqu’on assiste au retour à l’ancien schéma de confrontation feutrée entre forces politiques de l’opposition et celles du pouvoir, après la relative accalmie notée dans l’arène politique au Sénégal, suite à l’irruption du nouveau coronavirus, le Président Macky Sall dispose toujours du poids électoral et politique nécessaire pour gouverner, en toute tranquillité. Même si la question des dernières inondations, à titre d’exemple, a revigoré pour ainsi dire la critique des opposants qui ne manquent de brocarder le régime en place, ces temps-ci. Ousmane Sonko de Pastef, le Pds de Me Abdoulaye Wade qui exige l’audition de tous les ministres impliqués dans la gestion des inondations, l’Act d’Abdoul Mbaye qui a «dénudé», dans un entretien avec Sud quotidien, le Plan Orsec dont il avait lui-même piloté les premiers pas en tant que Premier ministre, sont là pour rappeler qu’en face d’un pouvoir qui gouverne, il y a une certaine opposition qui s’oppose. De là à imaginer que le Président Macky Sall est encore à la manœuvre politique dans cette supposée affaire de gouvernement élargi, il n’y a qu’un pas que certains franchissent aisément.

Englué une année après sa réélection dans une dynamique globale de matérialisation de la phase 2 de son Pse (Plan Sénégal émergent), en route vers des élections locales dont l’issue pourrait fortement impacter sa politique de territorialisation, Macky Sall semblerait à la recherche d’un large front autour de son régime et de sa vision pour dérouler son quinquennat. Pour un président dont la posture à un troisième mandat prête encore à confusion, qui plus est maître en stratégie manœuvrière, tous les moyens semblent les bienvenus pour faciliter le déroulement de l’agenda politique. Quitte à restructurer un gouvernement pour phagocyter tous les alliés de la dernière heure et fragiliser davantage son opposition en piochant dans ses bases arrières.

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