L’ancien Président sénégalais, Macky Sall, a livré une analyse critique du système de la dette internationale, le qualifiant de principal obstacle au développement africain. S’exprimant sur la chaîne H5 Motivation, il est également revenu sur son parcours politique, soulignant la solitude et les ruptures inhérentes à l’exercice du pouvoir.
« Le véritable frein au développement n’est pas la dette elle-même, mais l’injustice des conditions d’emprunt imposées au continent », a signalé le leader de l’Alliance pour la République (Apr). Il a pointé du doigt un « système dominé par les marchés de capitaux et, indirectement, par les agences de notation américaines (Fitch, Moody’s et S&P) ». M.Sall a affirmé que leurs notations défavorables imposent aux pays africains des « taux d’intérêt cinq à huit fois supérieurs à ceux des pays européens même pour des États à faible risque ».
Macky Sall a également souligné une injustice flagrante dans l’évaluation du risque. « Tandis qu’un incident mineur en Afrique (comme un pneu brûlé lors d’une manifestation) est interprété comme un signe d’instabilité justifiant une dégradation de la note, des événements similaires en Occident n’ont pas les mêmes conséquences. Cette pénalisation a également eu lieu lors de la crise de la COVID-19, où seuls les pays en développement ont vu leur notation chuter ».
L’ancien Président déplore que l’Afrique soit perçue comme un « risque permanent, ce qui se traduit par des taux d’intérêt cinq à huit fois plus élevés que ceux appliqués aux pays occidentaux. « Il est essentiel que les pays africains puissent bénéficier de taux d’intérêt plus bas et d’un étalement des remboursements pour financer leurs infrastructures (routes, chemins de fer, industrie) ». M.Sall a plaidé pour une réforme profonde des règles d’endettement. Il illustre son propos par l’exemple du « barrage de Sambangalou (centrale hydroélectrique en construction au Sénégal, dans la région de Kédougou,Sud, près de la frontière avec la Guinée, financé par un prêt à rembourser en dix ans pour une infrastructure prévue pour durer cent ans, rendant l’amortissement et la production d’électricité coûteux ». D’après lui, « l’Afrique est désireuse de commerce et de développement, mais que cet objectif nécessite un système d’accès au financement plus équitable ». Revenant sur son parcours de ses débuts aux côtés d’Abdoulaye Wade à la Présidence en 2012, le leader de l’APR a insisté sur l’aspect humain du leadership. « La politique n’est pas seulement une affaire de projets ou de vision », a-t-il confié, mettant en lumière la fragilité des alliances, la solitude du pouvoir et l’impact de chaque décision sur les relations politiques.
Cécile Sabina Bassene