vendredi, mars 29, 2024
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«Macky n’est pas prophète chez lui»

par pierre Dieme
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On l’a dit et redit à travers ces colonnes : «Tant pis si certains Sénégalais n’aiment pas les bonnes nouvelles sur leur pays» (12 mars 2018, parlant des performances économiques exceptionnelles du Sénégal en Afrique) ; «Macky Sall répond de la meilleure des manières» (14 décembre 2016, parlant de l’invitation exceptionnellement faite au président de la République du Sénégal par le Conseil d’administration du Fmi le 11 novembre 2016. A cette occasion la Directrice générale de cette institution et le président de son Conseil d’administration avaient expliqué leur démarche par leur volonté de donner le modèle de gouvernance du Sénégal en exemple à travers le monde. Auparavant, à Abu Dhabi, Mme Christine Lagarde avait eu déjà à révéler au monde l’exemple sénégalais de réussite de sa politique de mobilisation des ressources intérieures pour financer ses projets de développement). Nous disions en outre, à propos «des beaux succès de Macky Sall que son opposition refuse de voir» que devant des faits attestant de bonnes réussites, «l’opposition préfère détourner le regard et se boucher les oreilles». Les électeurs sénégalais ne s’y étaient pas trompés et avaient sanctionné le bilan du chef de l’Etat sortant, par une élection haut la main au premier tour de la Présidentielle de 2019. Mais à entendre le discours ambiant, le chef de l’Etat serait le pire que l’histoire politique du Sénégal ait encore connu. Pourtant, les statistiques économiques, les performances dans les secteurs agricoles ou des infrastructures, ou dans le secteur de l’énergie et dans les différents secteurs sociaux, montrent bien le contraire. Sur le plan diplomatique, quand une crise survient en Afrique, tous les regards se tournent vers le Président Macky Sall. Last but not least, avec la gestion de la pandémie du Covid 19, nous écrivions : «Le Président Macky Sall a eu à faire montre d’un véritable leadership, avec la prise en charge de la pandémie du Covid-19. Le chef de l’Etat sénégalais a été très réactif. Il a pris les bonnes décisions et engagé son pays dans une dynamique de rassemblement, d’union nationale, pour faire face au péril. Il faut dire que son Peuple le lui a bien rendu. Toutes les franges de la société sénégalaise ont répondu à son appel pour «sauver la Patrie».
Ainsi, a-t-il obtenu, à cette occasion, ce qu’il n’avait jamais pu obtenir de ses adversaires politiques et de la Société civile. Macky Sall a su être reconnu et accepté comme le «chef», celui qui indique la voie à suivre. Tout adversaire politique qui pouvait manifester des velléités de remettre en cause ce leadership s’était vu rabrouer par l’opinion publique. Cette approche du chef de l’Etat sénégalais lui a valu d’être présenté en modèle à suivre. Les médias internationaux n’ont pas manqué d’accorder une attention particulière à ce qui se fait au Sénégal, en matière de lutte contre le coronavirus. Des chefs d’Etat, de par le monde, se sont rapprochés du Président Sall pour prendre des idées.»

Peut-être qu’on n’est jamais prophète chez soi…
Aujourd’hui, les résultats présentés par le magazine Foreign Policy sur la gestion du Covid-19 à travers le monde, ont le mérite de rassurer sur la stratégie mise en œuvre dans notre pays pour lutter contre la propagation du Covid-19. Comparant les expériences de trente-six pays, le Covid-19 Global Response Index classe le Sénégal comme deuxième pays avec la réponse la plus adaptée au Covid-19, compte tenu des stratégies adoptées pour lutter contre la propagation de la maladie, de la contenir du mieux et d’arriver un jour à l’éradiquer. Le Sénégal est dans ce classement dans un top 5, composé de pays dont le poids économique et la force de leurs systèmes sanitaires en termes de moyens, dépassent de loin les nôtres. L’index de Foreign Policy se base sur les directives proposées par les pouvoirs publics en matière de politiques d’urgence et de stratégies sanitaires, les moyens financiers mis à disposition et une communication sur la maladie basée sur une vulgarisation des données adéquates et une présentation des faits avérés. Des pays de divers calibres économiques et poids politiques voient donc leur réponse à la pandémie scrutée et confrontée à ce qui se fait ailleurs pour voir, à date, quelles sont les nations qui arrivent à tirer leur épingle du jeu. Voir louer la stratégie du Sénégal qui a pu être assimilée à une navigation à vue, à un jeu d’équilibriste, avec des arbitrages économiques et impératifs sociaux, à une source de cacophonie dans plusieurs domaines vitaux de notre pays, permet de remettre en perspective bien des enjeux.

Mieux vaut tâtonner que cacher une grippe
Il y a quelques semaines, une chronique dans ces colonnes s’intéressait au traitement du Covid-19 proposé par Madagascar avec le Covid Organics. Les réactions condescendantes et chahuts que ce débat avait soulevés frisaient l’outrage, au point où nous nous disions qu’avec les démarches scientifiques prises en compte, l’Afrique a le «droit de tâtonner» comme tout le monde. Le monde entier fait face à une pandémie nouvelle, une réponse éprouvée et consensuelle pour y répondre n’est pas encore trouvée. Il est donc bien légitime que chaque pays, en fonction des moyens du bord, des possibilités de son système sanitaire, de ses réalités socio-économiques et du courage des décisions publiques, cherche à apporter sa réponse pour faire face à ce fléau. Les mesures qui sont appliquées peuvent être très contraignantes dans notre vécu quotidien, pousser à l’exaspération, tellement elles peuvent être contradictoires. Mais cette part d’incertitude, guidée par un phénomène nouveau, dont sa maîtrise n’est pas encore atteinte, peut se comprendre du moment où des efforts sont faits pour indiquer une voie claire. L’index de la revue internationale Foreign Policy est intéressant, dans cette logique où il permet de se rendre compte que les investissements dans la santé, la concertation et la communication avec le public, sont les clés majeures de la lutte contre le Covid-19 dans tous les pays qui s’en sortent pour l’heure. La logique de communiquer de façon directe avec les populations sur l’état de la maladie est davantage à consolider pour plus de transparence. On a entendu dire que le gouvernement ameute les populations et cherche à leur faire peur, pour on ne sait quelle raison ? Mais la volée de critiques que subit le Président Trump pour avoir sciemment négligé de communiquer sur l’étendue de la menace du Covid-19 sur son pays en dit long sur l’exigence de transparence qui s’impose à des dirigeants en face d’un péril sanitaire. Le triste rappel de l’épisode du Président Wilson, avec la grippe espagnole en 1918, qui avait choisi de «cacher l’épidémie» pour garder le moral de ses compatriotes, avant d’en tomber malade lors d’un déplacement en France, montre à quel point la transparence s’impose de fait dans la lutte contre une pandémie. Il y a eu beaucoup de controverse sur l’opération de distribution de vivres et autres secours aux populations vulnérables, mais on retiendra que les aides ont pu être acheminées et les bénéficiaires les ont reçues, et cela a pu soulager bien des familles nécessiteuses.
Au demeurant, le Sénégal a pu dans sa démarche, diffuser l’information en lien avec la maladie. Les chiffres sur la maladie sont présentés, les orientations majeures du protocole sanitaire sont communiquées, une implication des médias dans une dynamique citoyenne et une mission d’utilité publique est acquise. Les récriminations sont là, au fur et à mesure que nous avançons dans la lutte. Toutefois, il est à noter qu’en fonction des griefs émis, surtout ceux à forte incidence sociale et économique, des correctifs sont apportés. La logique ayant prôné de vivre en présence du virus s’inscrit dans ce sens, car comme nous l’avons soutenu dans ces colonnes, ce pays ne peut être mis à l’arrêt de façon permanente face à une situation dont on n’est pas sûr de voir l’épilogue de sitôt. La croissance du Produit intérieur brut (Pib) dont le ministère de l’Economie révèle d’après ses projections revues, qu’elle sera probablement à -0,7% après une évolution continue autour de 5% ces cinq dernières années, en dit long sur le tribut que fait payer le Covid-19 à l’économie nationale et les incidences sociales peinent à être mesurées pleinement encore.

La pédagogie finit par payer
La lutte contre le Covid-19 appelle beaucoup de pédagogie auprès des populations pour plus d’efficacité et une rupture de la chaîne de transmission. A une démarche dirigiste pour imposer des mesures, on s’est rendu compte qu’avec une explication détaillée du danger, une confrontation face à la réalité de la maladie et un encadrement, on a pu noter changement d’attitude. Le respect du port du masque est symbolique de ce changement d’attitude. Au tout début de la proposition de cette mesure, une réticence était notée dans bien des milieux. L’existence même de la maladie a pu être questionnée par beaucoup d’individus, pour qui le discours public et officiel des autorités étatiques rime avec surenchère, arnaque et complot. Il faudra un jour revenir sur cette parole de l’Etat au Sénégal, qui ne fait plus foi pour certains de nos concitoyens et sans cesse défiée ! L’implication active des milieux associatifs et religieux, la sensibilisation par les médias et la mise en place de sanctions ont poussé beaucoup de monde à se conformer aux prescriptions des personnels de santé. Voir dans une dynamique communautaire qu’un mouvement comme Touba Ca Kanam se propose de distribuer 5 millions de masques lors du Grand Magal de Touba, montre une dynamique solidaire et de participation citoyenne. Cet élan communautaire doit se traduire au niveau national, car l’Etat du Sénégal a pu faire confectionner près de 10 millions de masques dans un programme financé par la Délégation à l’Entreprenariat Rapide (Der/Fj). Ce programme a pu permettre d’impliquer des milliers d’artisans sénégalais et sauver des emplois dans la filière textile. Le fait que la mise à disposition de ces masques tarde, suite à des bisbilles puériles entre ministères impliqués dans ce projet, est regrettable. La distribution de ces masques dans les universités, espaces publics et transports, ainsi qu’aux populations vulnérables, aiderait grandement au respect des mesures prescrites. De même, une synergie entre des mouvements comme Touba Ca Kanam et l’ensemble des artisans financés par l’Etat du Sénégal pour la production de masques, permettrait une création de valeur conséquente tout en répondant efficacement à une question d’utilité publique.
Les trains qui arrivent à l’heure, n’interpellent pas grand monde, encore moins au Sénégal que partout ailleurs, mais force est de reconnaître que la stratégie conduite, malgré ses approximations, donne des résultats. On ne se rend pas compte quand on fait l’histoire, que chaque acte posé en est une page !
La décision d’injecter 500 milliards de francs dans la santé entre 2020 et 2024 à travers un Plan d’investissement pour un système de santé et d’action sociale résilient vient à bonne heure. Ce programme permettra de mettre à niveau des infrastructures du pays, de créer de nouveaux postes de santé et de recruter du personnel médical conséquent. Si le pays sort de la lutte contre la pandémie du coronavirus avec un système sanitaire au point, nous pourrons fièrement célébrer une victoire contre un mal et saurons qu’une des attentes communes de tous les Sénégalais depuis l’indépendance de ce pays aura été satisfaite.

La mauvaise foi en bandoulière
Dans la même foulée, nous avions évoqué la semaine dernière les inondations qui ont frappé le Sénégal, à l’instar de l’ensemble des pays du Sahel ; un phénomène climatique consécutif aux bouleversements de l’écosystème de la planète. On a voulu faire porter le chapeau au Président Sall qui aurait échoué dans sa politique d’assainissement. Franchement, il faudrait être d’une mauvaise foi incurable pour ne pas accepter que les efforts consentis ces sept dernières années dans le secteur de l’assainissement ont permis d’épargner les populations des inondations régulières dont elles étaient victimes. Aussi, mettre au passif d’un gouvernement ces phénomènes qui ont occasionné une pluviométrie exceptionnelle, provoquant des inondations jusque dans des zones désertiques comme le Niger ou la Mauritanie, est absurde. Dans des situations pareilles, l’union sacrée se fait autour des autorités étatiques pour juguler le fléau.

MADIAMBAL

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