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L’ignorance et la pauvreté, un fonds de commerce

par pierre Dieme
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Commanditaire de nos malheurs qui font sa grandeur, la France n’est pas propriétaire de la main qui s’empare de nos richesses et qui sème la misère. Des spahis au duo Macky – Ouattara en passant par son versant SENGHOR – Houphouët, ce sont d’authentiques Africains qui ont neutralisé leurs concitoyens réfractaires pour l’instauration et la pérennisation d’un système qui maintient la grande masse dans l’ignorance et la pauvreté exploitées par une certaine élite, telle que celle-là qui a expliqué et justifié l’emprisonnement de Mamadou DIA et d’Omar Blondin DIOP. Elle est toujours à l’œuvre.

Les pays africains colonisés jadis par la France sont parmi les plus pauvres du continent. Burundi, Madagascar, République centrafricaine, Niger etc. rivalisent de misère, leurs habitants manquent presque de tout. Pourtantce n’est pas que les Belges ou encore les Anglais ont été plus tendres ou moins pillards que les Français durant la colonisation. Mais, comme l’historien anglais George Martelli l’a suggéré dans l’ouvrage « De Léopold à Lumumba » et un conseiller du roi belge, Léopold II, avant lui, la France a réussi à mettre en place un système d’assimilation qui,  non seulement, lui garantit une mainmise dans le temps mais qui, également, ne laisse aucune place à des leaders de la tempe de Patrice Lumumba dans « ses » territoires. Si l’exception Thomas Sankara, qui a changé le nom de son pays en « l’africanisant », avait manifesté sa volonté de se séparer de la France, c’est avant qu’il ne parvienne au pouvoir qu’il aurait été assassiné. Ainsi, l’impérieuse DECONSTRUCTION qui devrait suivre la décolonisation ou encore l’indépendance n’a jamais eu lieu dans ces pays que la France continue à vampiriser.

Si au Burkina Faso, un révolutionnaire, un panafricaniste est parvenu au pouvoir, au Sénégal, ce genre de personnage reste de légende. Non pas parce que le pays manque de valeureux et brillants Hommes hautement patriotiques et en mesure d’impulser le développement à travers des programmes et des projets de société correspondant à notre identité et à nos valeurs. Bien au contraire, ils pullulent au Sénégal. Seulement, les voix qui se sont élevées, appelant, comme le professeur Cheikh Anta DIOP, à rompre avec la culture du SUIVISME et à l’instauration d’une école qui substitue l’assimilation à l’appropriation, se sont révélées inaudibles. Elles ont été noyées par un vacarme entretenu par une certaine élite vagabonde qui a longtemps dévié les Sénégalais du fond, de l’essentiel pour les focaliser dans des futilités, des débats tournant autour d’individus et non de vision. Une élite vagabonde qui n’est pas que le produit de cette école française assimilationniste. Ils sont de tous bords ceux qui contribuent à endormir cette grande masse affamée mais obéissante qui tend  à croire que sa pauvreté c’est du « ndogalou Yallah » (volonté divine). Des musiciens aux chansons « bla bla » très rythmées, aux prêcheurs-griots louant la résignation, ils sont nombreux à avoir œuvré pour la pérennisation de ce système qui fait leur fortune. «A l’époque, les marabouts sortaient des fatwas pour justifier la traite des nègres à telle enseigne qu’El hadji Oumar Foutiyou TALL était obligé de s’acharner sur l’aristocratie religieuse et politique pour dire qu’il n’y a personne de plus ignorant qu’un marabout qui fait fi de la religion pour des intérêts matériels», rappelle Serigne Mansour SY Djamil qui se désole de la posture de cette élite maraboutique, à distinguer des confréries, qui a grandement participé à faire de la religion un opium pour le Peuple.

Ainsi, depuis ce qui est appelé indépendance, les rares Sénégalais prônant la rupture avec la France, qui sont parvenus à se faire entendre, ont fini au fond d’un cachot. Comme celui de Kédougou où Mamadou DIA a été incarcéré ou celui de Gorée au fond duquel le corps sans vie d’Omar blondin DIOP a été sorti le 11 mai 1973.

Seulement, avec l’expansion d’internet et l’avènement des réseaux sociaux qui ont libéralisé l’informationle seul gain de la mondialisation, cette problématique ne peut plus être occultée. Ceux qui dormaient ont commencé à ouvrir les yeux et à comprendre que leur sommeil a, pendant longtemps, servi de fonds de commerce. Désormais, personne ne peut plus expliquer encore moins justifier ce suivisme qui fait du Sénégal une province de la France.

Mame Birame WATHIE

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