vendredi, mars 29, 2024
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Les sénégalais doivent donner une majorité confortable au président aux élections locales

par pierre Dieme
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Abou Abel Thiam, membre du secrétariat exécutif national de l’APR, est estomaqué par la violence urbaine qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre pays

Abou Abel Thiam est ulcéré. Estomaqué par la violence urbaine qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre pays. Le cadre apériste, membre du Secrétariat exécutif national (SEN) de l’Alliance pour la République (APR), un parti dont lui au moins peut revendiquer la qualité de membre fondateur, est arrivé à la conclusion que le Sénégal a besoin d’un surcroit d’autorité. Il fustige les postures complaisantes de l’opposition qui soutient cette spirale de violences qui pourrait brûler le Sénégal. Il aussi dénonce aussi un Gouvernement et des ministres qui peinent à appliquer les directives du président de la République. Il fusille les nervis aussi bien du pouvoir que de l’opposition. Il regrette l’audience accordée à Djibril Ngom au Palais. Abou Abel Thiam est inquiet d’un risque de faillite d’une société sénégalaise qui a besoin que les déviants soient fortement sanctionnés. Que la complaisance soit bannie. D’autant que, pour le président du Conseil de l’ARTP, le Sénégal est en danger. Le fléau jihadiste n’est plus à nos portes, il est carrément dans nos fenêtres et salons. La riposte devrait pousser les autorités à faire du service militaire une obligation pour tous les jeunes afin d’offrir à nos forces de défense et de sécurité des ressources humaines supplémentaires pour faire face au jihadisme. Abou Abel Thiam soutient la restauration du poste de Premier ministre. Il a magnifié le bilan du président Macky Sall qui, selon lui, doit obtenir un retour de grâces auprès des populations lors des locales de janvier 2022 parce que « le président Macky Sall est dans le train de l’histoire et dans l’histoire du train du Sénégal ». Abou Abel Thiam met flamberge au vent. Entretien à bâtons rompus avec un apériste de la première heure et un compagnon des années de braises de l’homme politique Macky Sall durant sa longue marche vers le Pouvoir.

Le Témoin – Abou Abel Thiam, la restauration du poste de Premier ministre est perçue comme faisant partie des errements politiques du président Macky Sall. Un recul politique, un échec du fast-track. Comment appréciez-vous les critiques ayant accueilli l’annonce de cette restauration ? Sont-elles fondées ?

Abou Abel THIAM – Je pense qu’il y a une vérité, une évidence qui consiste à dire qu’à chaque circonstance, ses réalités. A chaque période, ses réalités. A chaque séquence temporelle, ses réalités. Les réalités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’hier. Les exigences d’aujourd’hui sont différentes de celles d’hier. A mon humble avis, la restauration de la fonction de Premier ministre dans notre architecture gouvernementale ne signifie en rien l’échec du fast-track. Au contraire, le fasttrack a été instauré par le président de la République — soit dit en pensant, le fasttrack signifie simplement l’accélération des processus devant conduire à la réalisation des programmes gouvernementaux. Et pour cette accélération, le président de la République avait levé des goulots notamment la station primatoriale qui pouvait constituer un frein à cette accélération. Depuis la fin des élections de 2019, le président de la République est monté au front par rapport au grand public et dans ses relations avec ses ministres pour l’accélération de l’ensemble des programmes gouvernementaux. Les résultats sont palpables sur le terrain politique, étatique. Il a réalisé d’importantes choses notamment dans les infrastructures, dans la prise en charge de la lutte contre la pandémie de la Covid-19. Des résultats tangibles ont été atteints et on se félicite de cette séquence temporelle du fast-track. Aujourd’hui, on vit une nouvelle réalité qui nous mène vers les élections de 2024. Laquelle aussi a pour signification de nouvelles charges pour le président de la République. Ses succès, la maturité et la responsabilité qu’il a montrées, lui qui apparait aujourd’hui comme un doyen au niveau de la sous-région et de la région au niveau africain non pas du point de vue de sa longévité au pouvoir, mais par sa sagesse, par ses réalisations, sa transparence dans son action publique. Ce sont ces éléments qui font qu’aujourd’hui aussi l’Afrique lui fait confiance. Mais le président de la République reste un homme avec ses possibilités humaines et ses insuffisances. A partir du moment où il va se démultiplier au plan régional, africain, avoir de plus en plus de charges au niveau international, on ne peut pas lui reprocher de chercher à avoir un relais au niveau national. Ce qui ne signifie pas qu’il va abandonner ses charges nationales.

Pourtant ses détracteurs disent que c’est une manière d’abandonner ses charges nationales…

Non pas du tout. Que ses détracteurs le disent, cela n’apporte pas de signification parce qu’ils ne verront jamais quelque chose de positif venant de lui. La réalité est là. Elle s’impose à tout le monde. C’est que le président de la République, compte tenu de ses nouvelles charges à l’international où il va travailler pour l’Afrique — et convenez avec moi qu’il y a quand même beaucoup de matières dans la géopolitique internationale. Déjà dans la politique sous-régionale, il y a beaucoup de choses à faire. Sur le continent, il y a des foyers de tensions où il sera appelé à intervenir en tant que président de l’Union Africaine. Je pense que cela aurait été une demande publique de dire qu’à partir du moment où le président du Sénégal, président d’une entité africaine est appelé à jouer un rôle important pour l’Afrique, il est normal, de bon ton qu’il se cherche un relais qui serait à même de prendre en charge le caractère quotidien de l’activité gouvernementale.

En fait, cette restauration est décriée surtout sur l’aspect de la manipulation de la Constitution. Macky Sall est accusé d’avoir été le chef de l’Etat qui a le plus manipulé la Constitution selon ses intérêts du moment…

(Il nous coupe). Il ne s’agit pas de manipulation. Ces déclarations, ce sont des effets de manches de l’opposition. Des tournures, des poncifs d’une opposition qui n’a pas foncièrement quelque chose à reprocher au président de la République et qui donc parle de manipulation de la Constitution. En quoi, le fait de changer la Constitution pour réintroduire le poste de PM, en quoi cet acte va-t-il toucher de façon négative le vécu des populations ?

Mais justement dans les grandes démocraties comme la France, les Etats-Unis, on ne manipule pas la Constitution à sa guise, en fonction des intérêts du moment. La Constitution est sacrée

(Il nous coupe). Mais chez nous aussi, la Constitution est sacrée. Cela dit, elle n’est pas figée ad vitam aeternam. Les lois, comme la Loi suprême qui est la Constitution, sont appelées à évoluer selon les contextes. Parce qu’une loi n’est que la consécration de la volonté de la majorité du moment. La loi évolue avec le corps social. Je vais emprunter une phrase d’un juriste allemand qui s’appelle Schaeffer. Il disait que « l’idéal, c’est un droit qui croit avec le corps social qu’il serpente, un droit qui non point assure le développement, mais le permet du moins, ne l’entrave pas ». Cela veut dire que la loi est une émanation d’un moment. C’est comme la photographie d’un instant. On ne peut pas reprocher au président de la République de toucher à la Constitution si les exigences du moment, les circonstances, les évolutions… commandent qu’on touche à cette loi.

Oui mais, le problème c’est qu’il le fait au gré de ses intérêts partisans…

Il faut arrêter de penser qu’il y a deux camps qui s’opposent de façon manichéenne. Nous sommes tous des Sénégalais. Le fait d’être encarté dans des partis politiques, c’est quelque chose de marginal. Quand le président de la République raisonne, croyez-moi, il ne raisonne pas en termes de partis et d’alliances. Il raisonne en termes de prise en charge des intérêts des populations c’est-à-dire de la majorité d’entre nous et, au-delà de cette majorité, de l’ensemble des Sénégalais qu’ils soient opposants ou de la majorité. Ce sont tous les Sénégalais qui sont pris en compte lorsque le président raisonne pour prendre des décisions. Quand il construit un hôpital, une route, un pont qui traverse la Gambie, la pose récente de la première pierre du pont de Rosso, le président de la République ne pose pas tous ces actes pour la majorité. Ces actes ne sont pas des préoccupations politiques, mais des préoccupations pour la Nation. Ce sont des actes très forts dans leurs interrelations avec les populations, mais aussi avec les voisins. Au-delà de la Casamance, le pont sur la Gambie, ce sont nos relations avec la Guinée-Bissau, la Guinée et même au-delà. Le pont sur Rosso, au-delà de la Mauritanie, c’est jusqu’au Maroc, la Tunisie, l’Algérie. Quand le président de la République supprime ce poste de PM, il ne faut lui faire l’injure de penser qu’il le fait pour de petits calculs politiciens. Quand on est chef de l’Etat, on est le garant du socle national, ce n’est pas un vain mot, ce n’est pas de la vacuité. C’est la réalité.

Un homme politique de la dimension d’Abdoul Mbaye dit que Macky Sall est le champion du tripatouillage constitutionnel. Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, eux, soutiennent que Macky Sall ne sait pas là où il va. Que pensez-vous de ces critiques de ces responsables politiques ?

D’abord quand vous dites des hommes politiques de la dimension d’Abdoul Mbaye, vous me faites sourire. Quelle est la dimension politique d’un Abdoul Mbaye qui a découvert la politique après ses 60 ans ? Qui a découvert la politique parce qu’il a été limogé du poste de Premier ministre auquel le président de la République, dans sa souveraineté de chef de l’Etat, l’avait mis. Ne parlez pas de dimension politique. Vous savez, ces sorties restent marginales pour moi. D’abord, nous sommes dans une démocratie. Nous ne devons pas cette République à Macky Sall, ni à Abdoulaye Wade, ni à Diouf et Senghor. Nous devons notre République et l’Etat de notre nation, la force de notre administration à l’histoire de notre pays. C’est-à-dire, c’est le fruit des labeurs de tous les Sénégalais qu’ils soient de l’opposition ou pas. Mais depuis la nuit du temps, c’est cette construction palier par palier, strate par strate, sphère par sphère, qui fait qu’on a aujourd’hui un pays assis sur des institutions solides. Alors, quand des gens font ces sorties à la petite semaine, cela me fait rire. De toutes les façons, cette construction qui a abouti à ce que nous sommes aujourd’hui, elle a toujours fonctionné sur des principes qui veulent que c’est la majorité qui gouverne et édicte les lois. On ne peut pas inverser les choses et subitement nous exposer à une dictature de la minorité. On ne peut pas. Dans quel pays voit-on une minorité dicter sa loi ? On serait dans le chaos ! L’opposition reste dans l’opposition. Ces gens, le peuple sénégalais dans sa souveraineté, sa responsabilité, sa maturité a choisi de les confiner dans leur situation actuelle d’opposants. Ils restent des opposants. Des forces de critiques, certes, mais ils ne peuvent pas édicter la loi. Ce n’est pas à eux de déterminer comment on doit faire marcher ce pays. Souverainement les Sénégalais ont dit qu’aujourd’hui c’est à Macky Sall et à sa majorité de le faire en attendant qu’ils soient sanctionnés positivement demain. Je l’espère. Et surtout pas des gens immatures, irresponsables.

Vous pointez du doigt Ousmane Sonko…

Pourquoi, dès que je parle, vous pensez à lui ? Dès que je caractérise, vous pensez à lui. Allez savoir. Il ne sera jamais admis dans ce pays qu’on assiste à une dictature de la minorité. Ce n’est pas le lynchage médiatique, ni les insultes, ni les appels à l’insurrection, ni le chantage, qui vont changer cela. Le Sénégal a un vécu historique avec une administration neutre, des institutions solides malgré les insultes, les appels à l’insurrection qui se font sur des précautions lexicales. Cela ne passera pas et nous prions pour que cela ne passe jamais parce que ce serait le chaos dans ce pays. Personne ne le souhaite.

Le Cudis s’est employé à rassembler tous les acteurs politiques pour un Pacte ou une Charte de non-violence. Le Sénégal est plongé dans un cycle de violences. La responsabilité de l’Etat est pointée. Yewwi Askan Wi a refusé de signer cette Charte. Pastef dénonce la violence exercée contre lui en tant que parti depuis sa création. Etes-vous d’accord sur de telles accusations ?

Sur le phénomène de la violence, je pense que nous devrions tous, chacun d’entre nous à son niveau individuel, tout faire, ouvrir nos yeux grandement face à la réalité qui est là. C’est-à-dire la violence de plus en plus aigüe qui traverse notre société sénégalaise. La violence est dans les stades, dans les arènes, dans les lycées, dans les universités où des éléments des forces de l’ordre sont pris en otage par des étudiants. Cela est traité comme si c’était un épiphénomène, comme si cela relevait de faits divers. Cette violence est diffuse dans notre société, elle est dans la rue. Elle est quotidienne, elle est dans la circulation routière, elle est dans le visage de chaos que montre Dakar dans sa circulation routière, dans l’occupation de l’espace public, dans le comportement du Sénégalais dans la rue. Est-ce que nous nous rendons compte que la circulation à Dakar est caractéristique de notre comportement à nous tous, de notre rapport à la chose publique ? Ce rapport à la chose publique, ce n’est pas seulement de prendre Facebook et d’accuser de corruption. La corruption commence déjà dans la rue par le comportement individuel de chacun d’entre nous. Voyez-vous l’état de nos trottoirs, de la circulation et le comportement du Sénégalais dans la circulation. Moi, automobiliste, je n’ai jamais assisté depuis 5 ans à une verbalisation d’un automobiliste par un agent de la circulation parce qu’il aura violé le Code de la route. Jamais, jamais. Maintenant, avec le phénomène des motos qui sont de plus en plus nombreuses dans la circulation, c’est devenu banal de remonter les sens interdit. Partout dans le pays, dans la capitale, les gens remontent les sens interdits allègrement.

N’assiste-t-on pas alors à une faillite de l’Etat ?

Non ce n’est pas une faillite de l’Etat. C’est une faillite de notre société. Parce que parler de l’Etat, c’est se dédouaner soi-même. Parler uniquement de l’Etat, c’est dédouaner les familles, l’opposition. Vous avez entendu deux éléments des forces de l’ordre qui ont été kidnappés. Vous avez vu ce qui s’est passé à la lutte, aux navétanes à Rufisque, avez-vous entendu un seul opposant s’émouvoir ou condamner de tels événements ? Ce qu’ils font, c’est de faire des sorties pour mettre tout sur le dos du Gouvernement. En le faisant ils se rendent complices de ces actes par la promotion de ces actes de violence, des incivilités, et de l’incivisme. Comment pouvez-vous donner crédit à quelqu’un qui aspire à diriger le Sénégal et qui, devant des faits de cette nature, non seulement s’abstiennent de les condamner, mais encore détourne la responsabilité des choses, en montrant qu’il n’y a pas de responsabilité individuelle, il n’y a qu’une responsabilité de l’Etat. Nos opposants font la promotion de cela. Ce sont eux qui, lorsqu’ils ont des problèmes de mœurs ou de comportements ou autres avec la justice, avec l’Etat c’est-à-dire la Nation sénégalaise, politisent le débat en évoquant des complots politiques qui ne sortent que de leur imagination. Pour se dédouaner mais aussi, par la même occasion, appeler les populations à les soutenir pour une licence, pour leurs faits et gestes. Cela veut dire qu’aujourd’hui, si on suit ces individus dans leur irresponsabilité, aucun opposant ne peut poser un acte répréhensible. Tout ce qu’ils font en intimité, en privé qui relève de leur responsabilité pénale personnelle, doit être mis au chapitre de la responsabilité du Gouvernement. Il se trouve une partie de la presse pour se rendre complice de cela en ne dénonçant jamais leur responsabilité personnelle individuelle pénale.

Alors quelle réponse doit-on apporter à ces graves dérives de la violence ? Quelle est votre solution ?

Je n’ai pas de baguette magique mais j’estime en toute humilité que le pays a soif d’un surcroit d’autorité. Les responsables intermédiaires à savoir le Gouvernement, les forces publiques et autres doivent montrer un surcroit d’autorité, de rigueur dans l’application des directives du président de la République. Quand le président de la République va dans un autre pays et tombe sous le charme de la propreté de l’hygiène publique, du comportement des gens dans la rue et qu’il revient le dire, si vous êtes à responsabilité de l’hygiène publique, de la sécurité, de l’environnement, vous êtes son ministre…, à tous les paliers, vous devez vous retrousser les manches pour aller dans le sens de l’application de ces directives parce que même si symboliquement le président de la République peut prendre une fourchette, un râteau, il ne le fait que pour l’exemple.

Vous serez alors d’accord si on vous dit qu’il y a un décalage entre le président de la République et son gouvernement qui peine à mettre en application les directives reçues…

Absolument, c’est patent et c’est dans tous les secteurs. Les directives du président de la République ne sont pas appliquées de façon rigoureuse par son gouvernement et les autorités intermédiaires. Je ne sais pas d’ailleurs quelle en est la raison. A ce propos, les gens me disent pourquoi tu ne parles pas, pourquoi tu te tais ? Mais parce que ma conviction, c’est que la fonction gouvernementale, être ministre c’est d’abord une fonction de paroles. Un ministre, c’est quelqu’un qui doit consacrer son temps à parler pour expliquer, défendre et vendre le programme gouvernemental. A parler pour défendre le président de la République, à convaincre les bailleurs de fonds, pour expliciter de façon pédagogique la fonction gouvernementale. Un ministre doit consacrer 60 % de ses activités à parler. Si tous les ministres le faisaient, il n’y aurait pas de déficit de communication. Cela dit, ce n’est pas parce que des ministres ne parlent que chacun d’entre nous doit se sentir la fonction de combler ce vide. D’abord ce n’est pas efficient car cela entraine une sorte de chaos, de désorganisation qui est très mauvaise pour notre image. Cela va entrainer une cacophonie et des thèses contradictoires émises par des gens du même pouvoir et du même camp. Encore une fois, j’estime que notre pays a besoin d’un surcroit d’autorité. Il faut que l’Etat révise sa position pour montrer plus d’autorité. Ce que Dakar montre actuellement, si cela continue, on va aller dans un chaos. Les choses s’aggravant chaque jour, il arrivera un moment où la solution ne sera plus facile. Il faut un surcroit d’autorité, il faut que l’Etat se fasse sentir, voir, entendre par la prévention, certes, mais aussi par les sanctions. Il faut sanctionner les comportements, les incivilités dans la rue. Ce n’est pas seulement au moment des émeutes qui sont favorisées et encouragées par l’opposition, ou en période électorale qu’on doit sanctionner. Non ! Il faut qu’on sente l’Etat dans la rue. D’abord pour nous-mêmes, mais j’estime qu’il faut, comme l’a dit le président de la République, que les bailleurs de fonds acceptent la flexibilité budgétaire. Pourquoi ? Parce que le chef de l’Etat a pris conscience des dangers qui nous guettent. Des dangers qui étaient à nos portes, mais maintenant ils sont à nos fenêtres et bientôt dans les chambres. On est entouré par une ceinture de feu. On voit des Etats tomber un à un. Malheureusement, un Etat comme le Mali n’existe plus. Quand vous avez une bonne partie du territoire aux mains de bandits enturbannés qui, sous le prétexte de jihadisme religieux, viennent mettre en coupe réglée un pays, incendier des bus, tuer des soldats, faire des razzias, occuper des zones minières et aurifères, empêcher une bonne partie de l’administration d’accéder à une grande partie du territoire… Cela veut dire que l’Etat n’existe plus. Ce qui est arrivé au Mali nous guette si nous ne prenons pas nos mesures à présent. Bien sûr, il se trouvera toujours des Sénégalais irresponsables pour penser que, quand le président de la République évoque la flexibilité budgétaire, c’est pour se remplir les poches. Alors que, lui, il a montré la voie en équipant nos forces de défense et de sécurité. Parce que quand on me dit que la solution n’est pas militaire, je réponds que la solution est militaire. Il faut que nos Etats se donnent les moyens de pouvoir combattre le jihadisme qui, dans sa forme militaire, est une nouvelle guerre. Ce n’est plus comme les guerres conventionnelles. Vous voyez aujourd’hui des gouvernements au Mali, au Burkina qui appellent leurs populations à s’équiper, à s’armer pour être des supplétifs des armées conventionnelles pour faire face aux jihadistes. Encore que, pour le faire, il faut que ces populations soient armées, qu’elles sachent manipuler des armes. C’est pourquoi, moi, j’appelle ardemment à l’instauration au Sénégal d’un service militaire obligatoire pour former nos jeunes. Parce que le danger qui a fini de casser le Mali est en train de casser le Burkina Faso. Ce cancer qui est aujourd’hui au Bénin, en Côte d’Ivoire, il ne faut pas penser qu’il ne nous guette pas. Il n’est plus à nos portes comme je l’ai dit, mais fait toc toc à nos portes de salons. Il faut dès à présent faire prendre conscience aux populations de ce danger. Il faut un service militaire obligatoire pour que dans 4, 5 voire 6 ans, si on a besoin de Sénégalais en âge d’aller au front pour combattre ce jihadisme, que cela ne soit pas simplement des civils, mais des militaires robustes qui auront des rudiments pour pouvoir manipuler les armes et ensuite servir valablement leur pays. La violence nous guette à l’extérieur, mais elle est aussi en notre sein. Les forces publiques doivent être dotées de moyens surtout humains. Nous tous dans la rue le soir, dans la circulation, on se sent abandonnés parce que nous ne voyons pas de forces de sécurité. Le discours ambiant tenu par l’opposition, les thèses avancées font qu’une bonne partie de la population pense que faire des incivilités, c’est glorieux. Quand des responsables qui aspirent à diriger le pays regardent les choses se faire, et qu’ils participent à organiser des commandos pour boucher des égouts pour qu’il y ait des inondations afin de provoquer des sorties populaires créant des insurrections…. Quand vous assistez à cela, j’ai peur pour mon pays, mes enfants.

Il reste qu’on voit des milices privées dans le camp présidentiel et qui accompagnent certains de vos responsables politiques. Une violence qui incite à la violence montrant votre part de responsabilités dans cette violence. Qu’en dites-vous ?

Je vous dis que le pays n’est pas manichéen. Je vous parle de la société sénégalaise, vous me parlez de la responsabilité de l’Etat. Vous pensez que les membres du pouvoir, du Gouvernement sortent du néant ? Ce sont des Sénégalais comme vous et moi ! La violence qui traverse la société sénégalaise ne peut pas ne pas toucher les gouvernants. Quand vous voyez des politiques entourés de gardes rapprochées, c’est qu’il y a un problème, il y a un problème.

Vous bannissez alors l’utilisation de ces gardes rapprochées, de ces milices ?

J’estime que le climat de violence ambiant fait qu’il y a des nervis partout, du côté de l’opposition comme de celui du pouvoir. Cela, c’est à bannir. Ce n’est pas seulement la faute du Gouvernement. Il ne faut pas toujours rester exclusivement sur la responsabilité de l’Etat. La responsabilité est d’abord sociétale. Elle est d’abord de la part de l’opposition qui encourage cela, qui appelle à l’insurrection, à brûler. Même si ce n’est pas politique, quand elle voit des actes de violence comme dans les navétanes, vous ne l’entendez pas les condamner. Quelle est leur responsabilité, à ces gens de l’opposition, dans tout cela ? Quelle est leur responsabilité de chefs de familles ? De citoyens avant d’être des acteurs politiques ? La violence est diffuse dans notre société, elle est partout. Ces dernières années, on assiste à des gens qui tirent des coups de feu en pleine circulation. Des phénomènes qu’on n’a jamais connus dans ce pays. Nous tous qui avons plus de 50 ans, nous sommes effarés de la différence qu’il y a entre Sénégal que nous connaissions jusque dans nos années à l’Université et le Sénégal qu’on voit aujourd’hui. Quand on parle de Nouveau type de sénégalais, (NTS), moi le NTS que je vois c’est celui d’un citoyen incivique, injurieux, violent, non travailleur, qui occupe la rue comme il veut, qui, sous prétexte de démocratie et autres, fait ce qu’il veut. Il se trouve un adjuvant pour encourager tout cela. Ce sont les nouveaux éditorialistes. Tout le monde devient éditorialiste à travers les réseaux sociaux. Des prêcheurs au lieu de vous parler de religion, ils vont vous parler de l’Assemblée nationale, de gouvernement, de budget. Ils vont donner leurs avis tranchés sur des choses qu’ils ignorent totalement et deviennent des dangers parce que ce sont des aprioris, des approximations, des choses qu’ils ne maitrisent pas. Sous leurs manteaux d’experts en religion, en football, en lutte, ils se permettent de donner des avis tranchés et définitifs, ils sont malheureusement écoutés par une bonne partie de la population. Laquelle, pensant que leur expertise dans leurs domaines est réelle mais confinée à ce niveau peut être transférée dans d’autres domaines. C’est cela notre malheur. Tout le monde est éditorialiste. Tout le monde connait tout en tout et maintient tout. Ce qui nous donne le NTS mal fagoté.

Il y a la violence physique, mais il y a aussi la violence morale. L’audience accordée par le président de la République à Djibril Ngom de Matam participe à cela. Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas une violence, mais c’est une audience à condamner. Moi je crois que cela a dû échapper à la vigilance du président de la République. J’estime qu’une telle audience n’était pas opportune.

Les élections locales sont en ligne de mire. Quelle est votre lecture de cet important scrutin qui est un baromètre important pour votre camp relativement aux futures échéances, notamment les législatives et la présidentielle ?

Si je m’en réfère au coefficient notable du président de la République sur ces élections, les Sénégalais, par gratitude, devraient donner non pas une majorité écrasante — moi, je n’aime pas le vocable « écrasante » pour une majorité —, mais une majorité fortement confortable, très confortable pour le président de la République. Le président Macky Sall que j’ai soutenu avant qu’il ne devienne Premier ministre parce que j’ai d’abord de l’amitié et de la fraternité pour lui, un homme que j’ai appris à côtoyer dans son travail de tous les jours, dont le bilan me rend fier de l’avoir accompagné pour ce qu’il a fait pour ce pays. Ce que Macky Sall est en train de faire pour le Sénégal est historique. Sur les infrastructures, je vous ai parlé du pont de la Gambie. Il ne faut pas s’arrêter sur la construction du pont. Qu’est ce qui a amené la construction du pont ? Ce qui a amené la construction du pont, c’est l’action diplomatique du président Macky Sall qui a trouvé en Gambie un régime dictatorial de Yaya Jammeh qui était là-bas pendant longtemps et qui nous a causé énormément de problèmes. Le président Macky Sall a d’abord essayé d’apaiser nos relations avec la Gambie. J’ai accompagné deux fois le président en Gambie en visite officielle, j’ai vu avec quelle générosité, avec quelle responsabilité, il a tenté de montrer au régime de Jammeh que le Sénégal et la Gambie n’avaient aucun intérêt à être dans un conflit latent et durable. Malheureusement, il s’est heurté à l’incrédulité de Yaya Jammeh. Lorsque Jammeh a voulu s’accrocher au pouvoir, les Sénégalais ne s’imaginent pas ce que le président de la République a fait en termes d’efforts diplomatiques, militaires pour sécuriser la Casamance en mettant celle-ci hors de portée des agissements et incursions favorisés par le régime de Jammeh. Sur le plan diplomatique, il a réuni la Cedeao et l’ensemble des partenaires pour montrer que nous avions suffisamment de forces pour ne pas accepter que Yaya Jammeh se maintiennent au pouvoir de façon non démocratique et continue de nous poser des problèmes. Ce que le président Macky Sall a réussi en Gambie, aucun chef d’Etat sénégalais ne l’a réussi jusqu’ici. En respectant la souveraineté de la Gambie, il a montré l’autorité et la détermination du Sénégal à ne pas se laisser enquiquiner par le régime de Yaya Jammeh. Résultat, la Gambie a retrouvé un processus démocratique en élisant de façon souveraine son président. Le résultat pour nous, ce sont les relations apaisées entre nos pays et la construction d’un pont qui sert les intérêts mutuels des deux pays. C’est historique. Il faut le reconnaitre. Les Sénégalais ne savent pas dans sa juste mesure l’importance de ce que le président a fait pour notre pays et la Gambie accessoirement. Pour la Mauritanie, c’est la même chose. On est en train de pacifier notre relation avec elle parce que ce n’était pas toujours des relations de bon voisinage. Aujourd’hui, avec le gaz découvert entre les deux pays, le président a pris son bâton de pèlerin pour aller en Mauritanie plusieurs fois pour négocier des clés de partage qui font que les deux peuples pourront chacun en tirer bénéfice dans le calme, dans la paix et sans heurt. C’est historique. Le président Macky Sall est dans le train de l’histoire et dans l’histoire du train du Sénégal. Cela veut dire quoi ? Que le Sénégal, jusque dans les années 60, avait un réseau ferroviaire important. Aujourd’hui, le Président est en train de le réhabiliter. Ce qu’aucun chef d’Etat n’avait réussi jusqu’ici. Depuis les indépendances à nos jours, on n’avait pas construit un seul km de rail. Pour la mobilité urbaine, il y a les travaux en cours du BRT mais aussi le TER qui va démarrer. Ce que je ne dis pas, ce sont les efforts incommensurables que le président de la République a déployés en faveur du monde rural. L’équipement rural partout dans le pays, les paysans bénéficient d’équipements ruraux qui font que le paysan sénégalais devient un agriculteur. C’est extrêmement important. Je ne parle pas des autres prouesses sur le plan social avec le soutien aux ménages les plus défavorisés. Pour toutes ces raisons et par gratitude, les populations doivent donner au président Macky Sall une majorité confortable pour ces élections locales. Je n’en doute pas. La majorité des Sénégalais comprend. La majorité des Sénégalais n’est pas dans les réseaux sociaux où règnent l’invective, l’insulte à la bouche et les appels à l’insurrection.

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