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Les investissements « massifs » annoncés depuis 2012 n’arrivent pas à venir à bout des inondations. Ou est passé l’argent des inondations

par pierre Dieme

Dès son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall avait initié la mise en œuvre d’une politique de gestion des risques d’inondation visant à préserver les vies humaines, à réduire les incidences négatives aux plans économique et environnemental. Les options stratégiques retenues furent réaffirmées dans le Plan Sénégal Emergent (PSE).

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Dans le cadre de leur mise en œuvre, un Programme Décennal de Gestion des Inondations (PDGI) fut mis sur pied pour la période 2012- 2022. D’un montant de plus de 750 milliards de FCFA, le PDGI est articulé autour de quatre volets essentiels : l’amélioration de la connaissance des zones d’inondation, le relogement des populations sinistrées, la planification, l’aménagement des villes et un important aspect relatif au renforcement de la résilience des villes consistant, entre autres, à réaliser des ouvrages de drainage d’eaux pluviales.

Hélas, cette somme colossale censée éradiquer les inondations afin d’alléger les souffrances des Sénégalais, ne semble pas encore avoir produit les effets escomptés, huit ans après…Encore qu’il faille se demander si la somme de 750 milliards a été effectivement débloquée. Elle devait l’être en tranches annuelles de 75 milliards de francs.

Huit ans après le lancement de ce plan ambitieux, des quartiers, voire des villes entières, sont sous les eaux. Il suffit de quelques gouttes de pluie pour que le calvaire des populations recommence. L’hivernage de cette année n’a pas échappé à cette règle. de partout montent les récriminations et les manifestations de protestations se multiplient à travers le territoire national.

Conscient du fait que son fameux plan décennal n’a pas produit les résultats escomptés, le président de la République a, mercredi dernier en Conseil des ministres, demandé au ministre de l’Eau et de l’Assainissement de lui soumettre un rapport détaillé sur l’état de mise en œuvre du Programme décennal de lutte contre les inondations sur la période 2012-2022. Il a aussi enjoint serigne Mbaye Thiam d’intensifier, à l’échelle du territoire national, l’exécution de la matrice d’actions prioritaires adoptées pour faire face aux inondations au titre de l’année 2020. De même, il avait recommandé aux ministres concernés par les inondations « d’accorder une priorité spéciale à la restructuration et à la rénovation des quartiers inondables, notamment ceux de Kaolack, Saint-Louis, Kaffrine, Ziguinchor, Guédiawaye et Pikine ». Ce, en « en relation avec les maires des communes concernées. ».

21 255 349 897 F CFA pour la gestion des eaux pluviales en 2019…

Pour la mobilisation du financement de la phase d’urgence du Programme décennal de Gestion des Inondations (PdGI) ainsi que d’autres programmes prioritaires du gouvernement tels que les Programmes de gestion intégrée des ressources en eau et d’accès à l’eau potable et l’assainissement (PAGIRE, PEPAM et Plan directeur d’Assainissement de Ziguinchor), une table ronde des bailleurs de fonds s’est tenue le 12 décembre 2012 avec le soutien financier de la Facilité Africaine de l’Eau (FAE).

Cette réunion a rassemblé des membres du Gouvernement avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) suivants : l’Agence française de développement (AFd), la banque africaine de développement (bAd), la banque islamique de développement (bId), l’Union européenne (UE), la banque mondiale, la banque ouest africaine de développement, la JICA et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ainsi que diverses représentations diplomatiques. Elle avait permis de confirmer le financement par la BID de 17 milliards de FCFA (34 millions Usd) pour principalement la construction de logements sociaux et par la banque mondiale pour la réalisation de travaux de drainage prévus dans le cadre de la phase d’urgence du PROGEP.

D’ailleurs, dans un message adressé au gouvernement au cours de cette réunion, les bailleurs avaient tenu à insister sur la nécessité de mettre en place un cadre institutionnel et de viabilité financière pour la prise en charge de l’exploitation et de la maintenance des ouvrages de drainage à financer. La raison en est simple : un tel mécanisme n’était pas opérationnel dans le pays ; or, les ouvrages à financer devaient être régulièrement entretenus pour continuer à jouer efficacement leur fonction d’évacuation des eaux vers la mer.

Ces conditions fixées par les bailleurs pour l’allocation de fonds supplémentaires au profit du programme ont été intégrées par le Gouvernement qui s’évertue depuis 2012 avec l’accompagnement du PROGEP à mettre en place le cadre institutionnel ainsi que des fonds dédiés à l’exploitation et la maintenance des ouvrages de drainage.

Le Projet de Gestion des Eaux pluviales et d’Adaptation au Changement climatique (PROGEP), piloté par l’Agence de développement municipal (Adm), le PROGEP, qui est l’une des composantes du Plan décennal de Lutte contre les Inondations (PdLI), est lancé en 2012 pour une durée de cinq ans (2012- 219). Son coût global de 121,3 Millions de dollars Us (60,65 Milliards de FCFA) a été mobilisé par l’Etat, avec le concours de la banque Mondiale, du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et du Fonds nordique de développement (FEM).

La zone d’intervention couvre les Villes de Pikine et de Guédiawaye, l’agglomération de Saint-Louis et le Pôle urbain de Diamniadio. Conçu comme un programme intégré de développement urbain, le PROGEP est structuré en 4 composantes notamment l’Intégration des risques climatiques dans l’aménagement et la gestion urbaine (SIG, Pdd, PUD, Normes, Etudes diverses ….) ; la Construction et gestion des ouvrages primaires de drainage ; l’Engagement communautaire dans la réduction des risques d’inondations et l’adaptation au changement climatique et la Coordination, gestion et suivi-évaluation du Projet.

Son objectif de développement (OdP) est de réduire les risques d’inondation dans la zone périurbaine de dakar et de promouvoir les pratiques de gestion durable des villes dans les zones urbaines sélectionnées. En 2019, le budget du Projet de Gestion des Eaux pluviales et d’Adaptation au Changement climatique est estimé à la somme de 21 255 349 897 F CFA. Comparé au budget de 2018 qui se chiffrait à 12 201 444 385 F CFA, celui de 2019 connaissait une hausse relative de 74 %, soit 9 053 905 514 F CFA en valeur absolue.

D’ailleurs, c’est le Comité technique du Projet de Gestion des Eaux pluviales et d’Adaptation au Changement climatique (PROGEP) qui avait validé, lors de sa session du lundi 17 décembre 2018, le Plan de travail et budget (PTbA) du PROGEP. Cette rencontre s’était déroulée sous la présidence de M. Cheikh diop (conseiller spécial du Premier ministre), de M. Cheikh Issa sall (directeur général de l’AdM) et des représentants des différents ministres et collectivités territoriales concernées par ledit projet.

Près de 113 milliards pour la période 2014-2016

A l’issue de la réunion, le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Amadou ba, avait annoncé l’acquisition d’un financement d’un montant de 66,375 milliards FCFA pour la phase d’urgence du Programme décennal de gestion des inondations (PdGI 2012-2013), sur lequel l’Etat du sénégal a pu contribuer à hauteur de 17 milliards FCFA. Pour la période triennale 2014 2016, le sénégal avait prévu des investissements d’un montant de 112,736 milliards FCFA dont 85,703 milliards FCFA (76 %) étaient annoncés acquis tandis que le « restant (24 %) était en négociation avec la banque Africaine de développement (bAd) pour la mise en œuvre du Projet sectoriel Eau Assainissement. »

L’État patauge dans les eaux de milliards…

Hélas, huit ans après le lancement de ce plan Marshall, le 19 septembre 2012, pour venir à bout inondations, beaucoup de localités du pays pataugent encore dans les eaux à chaque hivernage. Autrement dit, ces investissements « massifs » annoncés à cors et à cris depuis 2012 n’arrivent pas à venir à bout des inondations. Avec les dernières précipitations, la ville de dakar et d’autres capitales régionales du pays se sont retrouvées complètement sous les eaux. Il n’y a donc pas meilleure preuve de l’échec de ce plan qui se voulait si ambitieux : éradiquer les inondations en dix ans !

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