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L’enquête de la prévôtale noyautée

par pierre Dieme
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Vingt-quatre heures après l’inhumation sans autopsie du sergent Fulbert Sambou, le procureur de la République est monté au créneau pour confirmer la thèse de « décès par noyade » du soldat en poste à la direction des Renseignements militaires

L’inhumation sans autopsie du corps du sergent Fulbert Sambou, porté disparu avec son ami gendarme, l’adjudant-chef Didier Badji en service à l’Inspection générale d’État (IGE), le mardi 29 novembre dernier, suscite des interrogations sur la procédure d’enquête ouverte pour déterminer les conditions de cette « mystérieuse disparition » des deux soldats. Dans un deuxième communiqué de presse rendu public hier, mercredi 30 novembre sur cette affaire, le procureur de la République est monté au créneau pour confirmer la thèse de « décès par noyade » du soldat en poste à la direction des Renseignements militaires.

Vingt-quatre heures après l’inhumation du sergent Fulbert Sambou, le procureur de la République est monté au créneau pour confirmer la thèse de « décès par noyade » du soldat en poste à la direction des Renseignements militaires.

Dans un deuxième communiqué de presse rendu public hier, mercredi 30 novembre sur cette affaire, le ministère public révélant l’absence de signe traumatique ou de traces de violences sur le corps du défunt soldat a également réaffirmé l’impossibilité d’une autopsie. Les conditions de décès du sous-officier  de l’armée sénégalaise dont le corps sans vie a été repéché le mercredi 23 novembre soit, 5 jours après avoir été porté disparu avec son ami gendarme, l’adjudant-chef Didier Badji en service en l’Inspection générale d’État (IGE), continuent de susciter des interrogations.

En effet, réfutant cette thèse de « décès par noyade », des ressortissants des îles Bliss Kassa à Dakar, localité d’où sont originaires les deux soldats et des membres de la famille du défunt sont montés au créneau le lendemain de la découverte du corps sans vie du Sergent Fulbert Sambou pour exiger une autopsie. Seulement en réponse à cette demande, les autorités qui avaient invité la famille à venir procéder à l’identification du défunt, s’étaient montré réticentes « au motif que l’état de putréfaction avancée du corps, ne permettait pas une telle intervention ». C’est ainsi qu’il a été procédé le mardi dernier à l’inhumation sans autopsie de feu Fulbert Sambou. Une situation qui n’a fait que renforcer davantage des suspicions sur la volonté réelle du pouvoir en place d’élucider les vraies raisons de la disparition des deux soldats amis dont l’un, en l’occurrence l’adjudant-chef Didier Badji, est toujours introuvable. Quelle sera la suite de l’enquête ouverte par le Parquet, confiée à la Brigade prévôtale de la Gendarmerie pour déterminer les causes de cette « mystérieuse disparition » des deux soldats ? Sans ce rapport d’autopsie, cette enquête pourra-t-elle déterminé les vraies raisons de la mort du Sergent Sambou, décrit par ses frères d’armes comme un « vaillant soldat», «discret» qui «n’a jamais commis de faute professionnelle» en 20 ans de service ?

PLUSIEURS ENQUÊTES DE DÉCÈS PAR NOYADES ÉLUCIDÉS PAR L’AUTOPSIE EN FRANCE

 En attendant le rapport final de cette procédure qui, espérons qu’il ne sera pas estampillé « confidentiel » ou « secret », il faut préciser qu’ailleurs, l’autopsie pratiquée sur le corps des victimes de noyade dont certains ont passé plus de temps dans l’eau que celui du Sergent Fulbert Sambou, a permis de résoudre plusieurs enquêtes.

Dans un article publié sur www.sciencesetavenir.fr, intitulé : « Autopsie : comment les médecins légistes arrivent à identifier un corps », il est fait état d’une autopsie réalisée sur le corps en «  état de décomposition avancée  » d’un jeune homme de 24 ans du nom de Steve Maua Caniço après plusieurs semaines passées dans l’eau. Cet article, citant le procureur de Nantes Pierre Sennès, précise également qu’il était difficile pour la famille du défunt de reconnaître le corps, qui présente un aspect parfois fortement abîmé et que c’est un bijou présenté à la famille qui aurait permis d’identifier le corps. 

Dans un autre article publié le  19 mars 2020, le site d’information français : « Ouest-France » indiquait qu’une autopsie réalisée sur le corps sans vie d’un jeune homme âgé de 21 ans nommé Hugo Toudret, repêché par la police dans l’eau du port briochin, le 16 mars 2020, soit 8 jours après sa disparition a confirmé la thèse d’un décès par noyade.

REACTIONS … REACTIONS…. REACTIONS

ALIOUNE TINE, PRESIDENT FONDATEUR AFRIKAJOM CENTER : «L’absence d’autopsie n’aide pas à l’éclatement de la vérité»
L’absence d’autopsie n’aide pas à l’éclatement de la vérité et laisse planer le doute sur l’indépendance et la transparence de l’enquête. Il est vrai que cette affaire d’Etat par le statut et le corps d’appartenance des acteurs rend les choses très sensibles. Les familles gardent stoïquement le silence mais la communauté cache difficilement ses doutes, ses colères, ressentiments que quelques représentants expriment avec courage, notamment une ancienne ministre et un député qui a sorti l’expression de ciblage ethnique. C’est exceptionnel dans un pays comme le Sénégal pour ne pas être relevé. C’est une ligne rouge qui vient d’être franchie. Ne jamais oublier qu’en Casamance, les cicatrices d’un vieux conflit sont en train de se refermer lentement et sûrement. Ce n’est pas le moment de réveiller les vieux démons.

ALASSANE SECK, PRESIDENT DE LA LSDH : « La science a tellement évolué que cet argument ne permettant pas l’autopsie nous semble fallacieux »
« C’est regrettable qu’on ait enterré un corps d’une personne décédée dans des conditions opaques sans qu’une autopsie ne soit effectuée. La science a tellement évolué que cet argument de l’état de putréfaction de son corps ne permettant pas l’autopsie, nous semble fallacieux. Attendons de voir comment le procureur compte s’y prendre avec l’enquête annoncée ».

Nando Cabral GOMIS

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