Home A la Une Le président Moustapha Niasse rattrapé par des cadavres chinois

Le président Moustapha Niasse rattrapé par des cadavres chinois

par pierre Dieme

L’affaire du trafic des passeports diplomatiques impliquant des députés est en passe d’écorner la diplomatie sénégalaise dans le monde. Aussi bien dans les
chancelleries que dans la presse internationale, le Sénégal est devenu la risée du monde. Une situation qui nous renvoie au titre de notre confrère français
L’Express : « Cadavres chinois, passeports sénégalais… » pour parler d’une autre affaire qui avait déjà valu à notre pays les feux de la rampe de bien triste
manière. Un titre inspiré au lendemain de la découverte macabre des corps de deux Chinois dans la Seine à Paris. Les morts étaient en possession de passeports sénégalais… Ironie du sort, le nom du président Moustapha Niasse avait été abondamment cité dans cette affaire. Et voilà que, par une de ces curiosités de l’histoire, le même Moustapha Niasse préside une Assemblée nationale devant lever l’immunité parlementaire de députés…accusés de trafic de passeports diplomatiques. « Si la diplomatie échoue, alors elle cède la place à la guerre » disait le général allemand Karl Von Clausewitz, un théoricien de la guerre moderne. Cela se vérifie avec notre pays. En effet, si le Sénégal n’a pratiquement jamais eu de guerre ou de conflits armés avec son voisinage, il le doit à ses éclatantes actions diplomatiques. Partout dans le monde, la diplomatie de notre pays a en effet brillé de mille feux. C’est pourquoi, nos
compatriotes sont d’autant plus peinés de voir des députés qui profitent de leur statut pour s’enrichir illicitement au risque de décrédibiliser notre diplomatie. Et, à travers elle, notre pays. Comme mobile du crime, des passeports diplomatiques portant les sceaux de la République qu’une bande de députés faisait confectionner sur la base de faux documents.
Parmi les non ayants droits qui en ont bénéficié, des fils adoptifs, des maitresses, des restauratrices, des marabouts-charlatans, des musiciens et autres citoyens de la rue. Un scandale au cœur de l’Assemblée nationale mis à nu par la Police et relayé par la presse et les réseaux sociaux jusqu’à ce que les faits s’invitent dans le monde entier. Un triste constat, la diplomatie sénégalaise devient la risée du monde le temps que les responsabilités soient situées. Et que les auteurs et complices soient punis à la hauteur de l’affront diplomatique qu’ils ont fait subir à notre pays. Justement c’est dans ce sens que le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Malick Sall, a saisi le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse pour qu’il livre les députés incriminés à la Justice.
Passeportgate !
Hélas, ce n’est pas la première fois que des documents de voyage valent une très mauvaise publicité à notre pays. A preuve, d’une conférence de presse en 2007, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait accusé son ex allié Moustapha Niasse en ces termes : « En sa qualité de ministre des Affaires étrangères, il avait ouvert un bureau
consulaire à Hong Kong pour vendre des passeports aux Chinois. Un jour, les Français se sont réveillés et ont trouvé le cadavre d’une Chinoise dans la Seine qui avait par-devers elle un passeport diplomatique sénégalais. Moustapha Niasse vendait des passeports à des Chinois qui voulaient se rendre aux Etats-Unis ou ailleurs. Il l’a reconnu ! Il n’a pas reversé l’argent au Trésor public Je lui demande seulement de rapporter la preuve. Et quand on lui demande cela, il dit qu’aux Etats-Unis on vend des passeports » avait accusé le président de la République d’alors. Toujours est-il que l’affaire de ces cadavres chinois dont parlait Me Wade peut être mise en corrélation avec celle qui éclabousse actuellement l’Assemblée nationale. Au sommaire, un article du journal français « L’Express » intitulé : « Cadavres chinois, passeports sénégalais ! » Un titre inspiré au lendemain de la découverte macabre de deux ressortissants chinois dans la Seine (Paris). Pour reprendre le récit de nos confrères français, « cette histoire commence comme un roman de Simenon, avec deux cadavres dans la Seine, et continue comme un James Bond, mêlant mafia chinoise et hauts dignitaires du Sénégal.

Le 31 juillet 1998, rappelons-le, des promeneurs découvrent le long des berges de la Seine, à Bonnières (Yvelines), sous le barrage de Méricourt, le corps d’une jeune Chinoise de 32 ans, enveloppé comme une momie dans du tissu maintenu par des bandes de large scotch marron. L’autopsie révélera
qu’elle a été frappée de neuf coups de couteau puis égorgée. La mort remonterait tout au plus à une semaine ». Trois mois plus tard, selon toujours L’Express, « cette fois-ci à Colombes, nouvelle trouvaille macabre : le corps d’une fillette chinoise de 4 ans est repéré par des maçons, toujours dans la Seine, lui aussi prisonnier du même tissu. Elle a été étouffée avant
d’être jetée à l’eau. L’analyse Adn révèle que l’enfant est la fille de la victime de Bonnières. Les deux corps ont sans doute été jetés dans le fleuve le même jour. Pour la justice et les gendarmes de la section de recherches de Versailles, l’énigme des deux Chinoises commence. Comment identifier ces cadavres qui ne portent aucun papier sur eux ? La chance sourit
aux enquêteurs français : deux jours avant la découverte du premier corps, un homme qui promenait son chien sur les bords de la Seine est intrigué par un sac
en plastique rose, qui contient des documents en Chinois.

A l’intérieur, les gendarmes vont trouver un numéro de portable griffonné sur un morceau de papier. Ce numéro les mène à un appartement du «Chinatown» de Paris. Sur place, les enquêteurs découvrent un album de photos avec de nombreux clichés de la fillette. Ce sont bien Mary et Linda qui ont
été découvertes dans la Seine. L’agence immobilière a gardé un double de leurs passeports. Nouvelle surprise de taille : il s’agit de passeports diplomatiques sénégalais, délivrés à Dakar le 24 décembre 1997. En poussant leurs investigations, les policiers et gendarmes français ont appris que les défunts chinois avaient acheté les passeports à Dakar. Tout a commencé en 1996 à la veille de la rétrocession de Hongkong à la Chine. A cet effet, Dakar crée, dans la concession anglaise, un organisme destiné à inciter des Chinois à investir au Sénégal. Son nom : le Fodes (Fonds de développement économique et social). Première étape obligatoire pour les investisseurs intéressés : un passage par Dakar où ils reçoivent un passeport de service sénégalais. Seule condition : régler au Fodes 20 000 dollars soit 10 millions cfa par personne ou par couple. Et 5 000 dollars soit 2.500.000 cfa par enfant. L’argent est ensuite viré de Hongkong au Sénégal via la Western Union Bank.
Niasse le…Chinois
En tout cas, l’enquête menée par la justice française suite à une commission rogatoire avait permis de découvrir que des milliers de ressortissants chinois ont pu bénéficier de passeports diplomatiques sénégalais. C’était sous l’ère du président Abdou Diouf qui, informé, était dans tous ses états ! En effet, l’ancien président Diouf n’avait vu que du feu dans une affaire pilotée à l’époque par l’ambassadeur Saliou Djody Faye, consul général à Hongkong, chargé de superviser le Fodes. Celui-ci déclarait qu’il rendait compte directement au ministre des Affaires étrangères, Moustapha Niasse, actuel président de l’Assemblée nationale. A en croire toujours « L’Express » en quelques années, le « Fonds des passeports sénégalais » avait brassé des centaines de milliards CFA. « Moustapha Niasse remettra d’ailleurs un chèque élevé au Trésor public sénégalais. Mais une partie on évoque 600 000 dollars (300 millions cfa) se serait évaporée entre Hongkong et Dakar, provoquant une affaire d’Etat au Sénégal. A l’époque, Moustapha Niasse avait été entendu les 6 et 7 décembre 2002 par la Division des investigations criminelles (Dic). A sa sortie, il avait déclaré ceci : « Je n’ai rien à me reprocher dans la gestion de ce dossier ». Une déclaration qui n’avait pas convaincu l’ancien président de la République. Car, au cours de cette fameuse conférence de presse de 2007, Me Wade avait publiquement accusé Moustapha Niasse d’être le « cerveau » de cette mafia d’Etat relative aux
passeports diplomatiques version…chinoise. Aujourd’hui, c’est ce même Moustapha Niasse qui va sceller le sort des deux députés accusés de trafic de documents de voyage. Encore des passeports diplomatiques comme ordre du jour ! Mais, nul doute, c’est en connaisseur (et comment !) que le président de l’Assemblée nationale instruira cette affaire qui secoue son institution…


Pape Ndiaye du Témoin Quotidien

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