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mardi, avril 16, 2024
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Le ouiā€¦mais du Pr Ngouda Mboup

par pierre Dieme

Le Pr Ngouda MBOUP, enseignant en droit public, apporte ses Ć©clairages sur le transfert des pouvoirs lĆ©gislatifs en matitĆØre d’Etat d’urgent et de siĆØge au prĆ©sident de la rĆ©publique.

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Ā«Je pense que la loi Ć©tait trĆØs attendue, il faut le dire quand mĆŖme. Parce que la loi de 1969 qui, en rĆ©alitĆ©, applique lā€™article 69 de la Constitution qui fixe le rĆ©gime de lā€™Ć©tat urgence et lā€™Ć©tat de siĆØge, Ć©tait obsolĆØte. Donc, du coup, il fallait passer Ć  un toilettage. Le rĆ©gime de lā€™Ć©tat dā€™urgence que nous avons est un Ć©tat policier alors quā€™aujourdā€™hui, lā€™Etat du SĆ©nĆ©gal fait face Ć  une pandĆ©mie sans prĆ©cĆØdent et que cette pandĆ©mie sans prĆ©cĆØdent, mĆŖme si elle est prise en compte dans le cadre de cet Ć©tat dā€™urgence, cet Ć©tat dā€™urgence qui est une urgence sanitaire, nĆ©cessite un Ć©tat social et non pas un Ć©tat policier.

Cā€™est la raison pour laquelle le gouvernement sĆ©nĆ©galais a pensĆ© initier cette loi pour modifier la loi de 69 pour quā€™il puisse intervenir de faƧon beaucoup plus rapide et beaucoup plus efficace pour rĆ©gler les problĆØmes de la pandĆ©mie. Ou encore une question qui nā€™a pas encore eu lieu, mais qui est prĆ©vue dans la loi, cā€™est Ć  dire les catastrophes naturelles. Et Ć  ce niveau, la loi Ć©tait innovante parce quā€™elle ajoute un nouveau titre 5 qui permet de gĆ©rer les catastrophes naturelles. Mais par contre, au regard de la loi et de la briĆØvetĆ© des articles qui sont intĆ©grĆ©s dans ce nouveau titre, il y a quelques difficultĆ©s et quelques anomalies. Et je ne pense pas que ce soit conforme Ć  lā€™esprit et Ć  la lettre de la Constitution dans la mesure oĆ¹ si nous sommes toujours dans le rĆ©gime de lā€™article 69 de la Constitution strictement qui prĆ©voit lā€™Ć©tat dā€™urgence, on ne peut pas dĆ©crĆ©ter lā€™Ć©tat dā€™urgence quelle que soit la situation, que ce soit un Ć©tat dā€™urgence appelĆ© sanitaire ou un Ć©tat dā€™urgence considĆ©rĆ© policier. Il faudrait que le prĆ©sident le dĆ©crĆØte et que quand mĆŖme, lā€™Ć©tat dā€™urgence ne puisse pas dĆ©passer douze jours.

Au-delĆ , il faudrait impĆ©rativement lā€™intervention de lā€™AssemblĆ©e nationale. Cela Ć©tant, la nouvelle loi qui est initiĆ©e et qui doit ĆŖtre votĆ©e ne prĆ©voit pas cela. Cā€™est Ć  dire que cā€™est une dĆ©rogation qui est appelĆ©e Ć  ĆŖtre appliquĆ©e, qui permet au PrĆ©sident de la RĆ©publique de pouvoir dĆ©crĆ©ter un Ć©tat dā€™urgence en cas de pandĆ©mie ou de catastrophe naturelle, au bout dā€™un mois sans passer Ć  lā€™AssemblĆ©e nationale et avoir la possibilitĆ© de le renouveler encore un mois. Et cela, pour moi, porte atteinte Ć  lā€™esprit Ć  la lettre de lā€™article 69 de la Constitution qui fixe ce dĆ©lai Ć  douze jours.

Ā«LES CRAINTES SONT-ELLES FONDEES?Ā»

Effectivement, les craintes sont fondĆ©es dans la mesure oĆ¹ le PrĆ©sident se renforce dans ses prĆ©rogatives et que le rĆ©gime de lā€™Ć©tat dā€™urgence est un rĆ©gime trĆØs lourd. Je dis tout le temps que lā€™Ć©tat dā€™urgence est un rĆ©gime dā€™exception. Ce nā€™est pas un rĆ©gime dā€™exceptionnel. Quand jā€™utilise le subjectif Ć  la place de lā€™adjectif, cela signifie quā€™en rĆ©alitĆ© lā€™Ć©tat dā€™urgence est dans le cadre de la lĆ©galitĆ© et que lā€™Ć©tat dā€™urgence ne signifie pas que la lĆ©galitĆ© est en congĆ©. Cela signifie tout simplement que la lĆ©galitĆ© est assouplie. Mais que les autoritĆ©s administratives, Ć  commencer par le PrĆ©sident de la RĆ©publique, sont soumis Ć  la lĆ©galitĆ© certes. Mais par contre, dans le cadre du rĆ©gime dā€™exception, les pouvoirs publics et, notamment le PrĆ©sident de la RĆ©publique et lā€™ensemble des membres du pouvoir exĆ©cutif voient leurs prĆ©rogatives Ć©tendues, les libertĆ©s sont restreintes. Et quā€™aujourdā€™hui, maintenant, si le PrĆ©sident renforce ses prĆ©rogatives lĆ , et si le PrĆ©sident de la RĆ©publique cherche Ć  se renforcer, dā€™autant plus que si nous parlons de lā€™Ć©tat dā€™urgence sanitaire, la premiĆØre chose Ć  voir est quā€™en rĆ©alitĆ©, Ƨa doit ĆŖtre bien dĆ©taillĆ©, bien dĆ©fini avec les concepts et autres. Mais ce que nous avons vu, cā€™est un texte trĆØs bref avec la briĆØvetĆ© des articles et au-delĆ  de Ƨa quand mĆŖme, ce qui fait peur, cā€™est que le parlement est contournĆ©.

Et dans une dĆ©mocratie, si le parlement ne parvient pas Ć  contrĆ“ler lā€™ExĆ©cutif, cela peut ĆŖtre dangereux dans la mesure oĆ¹ des concepts de catastrophes naturelles et autres, ce sont des concepts valises que le gouvernement pourrait utiliser Ć  sa guise. Donc, nā€™importe quelle situation pourrait ĆŖtre mise dans ce sac. Et voilĆ  donc des craintes qui pourront ĆŖtre dissipĆ©es lorsque les dĆ©putĆ©s auront regardĆ© la loi pour faire les amendements. Mais je pense que cā€™est hypothĆ©tique dans la mesure oĆ¹ il y a toujours la question de la majoritĆ© mĆ©canique qui se pose Ā».

Serigne Saliou YADE (STAGIAIRE) & SUD FM

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