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jeudi, avril 25, 2024
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Le nouveau désordre africain

par pierre Dieme

Ce devait être jour de fête, ce n’est qu’une longue gueule de bois. L’image est malheureuse. Ce 25 mai était censé être le premier anniversaire de l’entrée du continent dans un cycle où les armes s’y sont tues ; il n’est hélas que celui d’une litanie de fracas qui symbolisent les faiblesses qui le fracturent.
Le Mali, retombé hier dans le cycle qu’on avait pensé éteint des pronunciamentos, ces coups d’Etat qui l’agitent de temps à autre, est venu, hier soir, effacer toute idée de célébrer ce qui est la journée de l’Afrique.
C’est l’échec que sanctionne la capture par des soldats maliens des deux chefs de file qui dirigeaient depuis près d’un an une transition militaro-civile dont l’objectif était de ramener ce pays Ouest africain sur les rails de la normalité constitutionnelle. Brutalement, le processus est interrompu et un retour à la case départ acté. Ce n’est pas seulement une déculottée pour les porteurs du projet de réinvention institutionnelle entreprise à la suite de l’éviction, il y a 8 mois, par le président civil démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, mais une remise en cause d’un projet entamé sous la supervision de ce qui tient lieu de communauté internationale, notamment sa version continentale, l’Union africaine (Ua), et régionale, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Nul ne sait ce qu’il sortira, in fine, du maelstrom Malien, sauf qu’il est loin d’ouvrir les perspectives de paix et progrès, de reconquête du territoire national perdu. Ce qu’il signale, c’est le désordre qui s’ancre de jour en jour à travers l’Afrique et casse la dynamique de l’espoir d’une Afrique championne du 21ème siècle que l’on s’imaginait, trop précipitamment, possible.
Le tableau est désastreux. Au Sénégal, outre le recours à une violence d’Etat illégitime, c’est le gaspillage des ressources publiques qui vient s’ajouter au sang des victimes du Boucher de Dakar, Macky Sall. Après avoir fait main-basse sur les hydrocarbures nationaux, avec son frère, Aliou, et ses acolytes sulfureux, l’achat d’un onéreux avion pour son loisir, sans en référer ni au peuple ni à l’Assemblée nationale, confirme la bamboula qu’il provoque dans un pays paralysé par un endettement insupportable.
La Guinée-Bissau reste dans l’orbite du trafic de drogue et d’un prisme éthniciste toujours plus affirmé tandis qu’à côté, en Guinée-Conakry, en forçant une victoire à la présidentielle, l’ancien militant démocrate devenu autocrate sanguinaire, Alpha Condé, imposé le règne d’une terreur qui fait de Sékou Touré, pourtant peu tendre, un…enfant de chœur.
La Gambie somnole sous le genou du débonnaire mais incompétent Adama Barrow. Le Nigéria est entre les mains de braqueurs, l’insécurité y est totale, sans oublier une guerre religieuse à son pic. Non loin de là, le Tchad vit une transition illégitime. Le peuple n’en veut pas. Une rébellion maintient la pression et l’opposition civile ne veut pas de la bénédiction injustifiée que l’UA apporte au fils du dictateur tué ou assassiné, Idriss Déby.
Dans la région du Tigré, en Ethiopie, un génocide est en cours. Des millions de vie sont sur la table. Le Nord du Mozambique, le Cabo del Gado, malgré, ou à cause, d’importantes réserves de gaz, est la proie d’un fondamentalisme musulman qui a contraint la firme Total a y interrompre son plus grand projet énergétique mondial –de gaz naturel liquéfié.
Entre traque des personnes impliquées dans la corruption d’Etat et fragilités démocratiques, la République mal-nommée démocratique du Congo n’a pas encore fini de combattre les menées criminelles ou sécessionnistes dans sa région orientale tandis qu’un volcan s’y réveille sans réponse d’un pouvoir absent. Son sous-sol reste pourtant un scandale géologique par ses potentialités.
Les satrapes et malades au pouvoir sont çà et là, à travers un continent esseulé : au Congo-Brazzaville, au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Zimbabwé ou encore dans une Algérie rongée par la colère de ses populations mais de plus en plus raciste au point de jeter dans le désert les africains du Sud du Sahara qui osent y venir.
Ce 25 mai 2021, sur beaucoup de wébinaires, profitant de cette nouvelle technologie, partie prenante de la techtonique des plaques numériques, on peut gager que le débat sur l’état du continent fera rage. Ne nous y trompons-pas : l’anniversaire de cette journée de l’Afrique, qui consacre celle de la création en 1963, de l’’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA), est triste. Les Africains souffrent. Leurs dirigeants ont échoué. L’espoir se dissipe. Le ciel s’assombrit. Le désordre rampant, total.
Adama Gaye*, opposant en exil du régime de Macky Sall est auteur de Demain, la nouvelle Afrique (Editions l’Harmattan).

Par Adama Gaye*

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