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vendredi, avril 19, 2024
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Le mandat d’amener contre l’opposant Yaya Daillo cause la mort de deux personnes

par pierre Dieme

Il est étonnant de voir que les pays africains fonctionnent pratiquement au même tempo musical du point de vue des libertés publiques et de la démocratie.

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Pendant qu’au Sénégal, l’opinion s’attend que la Justice aille cueillir Ousmane Sonko qui a déclaré ne pas déférer à une quelconque convocation, au Tchad, un opposant, Yaya Dillo, recevait, chez lui, les forces spéciales pour exécuter un mandat d’amener.

Un dispositif de trois chars blindés était présent autour de son domicile à Ndjamena et à la suite de l’assaut donné par les forces de l’ordre et de la riposte de la sécurité personnelle de l’homme politique, deux personnes y ont laissé la vie, sa mère et son neveu et cinq blessés ont été enregistrés dont au moins deux du côté des forces de l’ordre. Les faits se sont passés ce dimanche.

Nous apprenons d’ailleurs que l’opposant a été exfiltré par des proches, ce qui n’a pas été confirmé par les autorités tchadiennes.

Dans tous les cas, on lui reproche ses relations exécrables avec la Première Dame et surtout des ‘’injures et diffamations’’ à son égard.

Ce lundi, les chars se sont retirés et un calme relatif règne dans une capitale qui se prépare à une élection présidentielle dont le Président sortant, nommé Maréchal tout récemment, brigue un…sixième mandat.

D’ailleurs, Dillo est loin d’être la première personnalité tchadienne à avoir des démêlés avec la Première Dame, Madame Déby Itno.

En tout état de cause, à deux mois des élections, s’attaquer de cette façon à un opposant est une façon de le disqualifier durablement de la compétition.
D’ailleurs, le principal opposant tchadien Saleh Kebzabo l’a tellement compris qu’il a décidé de se retirer du jeu électoral pour ne pas cautionner ce qu’il appelle une mascarade préparée.

Au pouvoir depuis 30 ans, le Maréchal a su profiter du contexte local de guerre contre le terrorisme. Non seulement il s’est rendu indispensable face aux Français qui le soutiennent et des autres pays occidentaux, mais l’Armée tchadienne est perçue en interne comme à l’extérieur du pays comme la seule capable de venir à bout de certains groupes terroristes comme Boko Haram.

Au regard des menaces de rébellion venant notamment du Soudan, du Qatar où ces neveux s’organisent contre lui, Déby a certes des défauts, mais c’est le moindre mal aux yeux des occidentaux et de beaucoup de pays du monde qui comptent sur lui pour assurer une stabilité dans son pays et dans la sous-région.

Dans ce contexte, il acquiert, ainsi, de facto, le droit d’étouffer toute velléité d’opposition dans son pays et à attenter aux libertés publiques par des interdictions systématiques de manifestations publiques.

Comme au Sénégal, Déby à son jeune ‘’patriote’’, Masra, qui a créé le parti ‘’Les réformateurs’’ et qui catalyse l’espoir des jeunes générations.

Mais, l’homme qui pense à sa succession avec son fils officier Mahamat, veut rester, encore, au pouvoir, jusqu’en 2033 si sa santé le lui permet.

Nous avons en réalité beaucoup de présidents qui ont trop duré au pouvoir en Afrique comme au Cameroun et en Guinée Equatoriale et d’autres qui aspirent y à rester, le plus souvent à s’en prenant à leurs opposants.

C’est vrai que chaque pays vit un contexte particulier par rapport à l’autre, mais les règles de base démocratiques doivent être respectées par tous notamment la transparence des élections, le respect du calendrier électoral, des droits de la minorité notamment des partis de l’opposition, des constitutions, etc.

Malheureusement, c’est parce que ce minimum démocratique est escamoté que nombre de pays africains ne cessent de basculer dans la violence et l’instabilité.

Il est dommage que 50 ans après les indépendances que nous soyons gouvernés le plus souvent avec des réflexes d’un autre âge et que les peuples soient souvent privés du droit élémentaire de choisir ou de renouveler ses représentants.

Des réalités qui empêchent le vieux continent à rattraper son retard sur les autres peuples poussant certains, comme l’ancien Président français Sarkozy, qui est aujourd’hui sous les feux de la rampe avec sa condamnation, d’oser prétendre que l’Afrique n’est pas entrée dans l’histoire.

Assane Samb

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