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La classe politique, toujours à l’épreuve !

par pierre Dieme

La commémoration de l’an 10 du soulèvement citoyen contre un projet de loi visant à instituer un ticket présidentiel et une élection du chef de l’Etat à la majorité relative de 25% des suffrages, en juin 2011, s’effectue au Sénégal dans un contexte partic

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23 juin 2011-23 juin 2021 : une décennie après la journée historique de refus citoyen du ticket présidentiel associé au quart bloquant de Me Abdoulaye Wade, finalement retiré du circuit législatif sous la pression populaire, le Sénégal semble encore se retrouver sur la ligne rouge. Et pour cause, comme si des leçons n’avaient pas été retenues de ces fameux évènements qui avaient sérieusement ébranlé la démocratie sénégalaise, les acteurs politiques donnent aujourd’hui encore l’impression de vouloir se faire peur. Le présumé maître du jeu politique, en l’occurrence Macky Sall, préférant cultiver le clair-obscur dans la tentation du troisième mandat présidentiel qui avait donné corps et forme au M 23 de Alioune Tine et cie, et laissant prospérer un mode de gouvernance politique à polémique. De l’autre côté, l’opposition qui en a marre des coups de Jarnac du régime donne libre cours à la radicalisation de ses actions. Au grand dam de la démocratie sénégalaise !

La commémoration de l’an 10 du soulèvement citoyen contre le vote d’un projet de loi visant à instituer un ticket présidentiel et une élection du chef de l’Etat à la majorité relative de 25% des suffragants, vainement tenté par Me Abdoulaye Wade en juin 2011, s’effectue au Sénégal dans un contexte particulier. Celle d’une tension politique et sociale manifeste, suite aux émeutes de mars dernier, à l’exacerbation des rivalités entre le pouvoir et l’opposition, au «mortal kombat» donc sur la scène politique, surtout à la morosité ambiante qui touche en particulier la jeunesse sénégalaise frappée de plein fouet par le chômage, le sous-emploi et le manque de perspectives.

Au centre de ce micmac, on retrouve les travers de presque 10 années de gouvernance politique, économique et sociale d’un chef de l’Etat, soucieux de « réduire l’opposition à sa plus simple expression », en déphasage avec son slogan originel de « Servir la patrie et non le parti», en rupture de politiques de jeunesse efficientes. Pis, la commémoration du dixième anniversaire du 23 juin 2011, s’effectue dans un contexte politique chargé par les incertitudes autour de l’organisation programmée des Locales, les suspicions relatives à un processus électoral quasiment biaisé par le jeu de yoyo d’un pouvoir ayant effrité tout soupçon de confiance de la part de ses adversaires politiques.

Qui plus est, la tentation du troisième mandat qui guetterait le chef de l’Etat, incapable de se prononcer pour de bon sur sa « candidature » à la présidentielle de 2024, à défaut d’un « ni oui ni non », participe à radicaliser l’opposition dont les «grands» leaders soient presque tous sous le coup de la loi. De Karim Wade, l’ex-candidat du Pds, à Khalifa Sall, l’ancien maire socialiste de Dakar, en passant par Ousmane Sonko de Pastef Les Patriotes, le candidat arrivé en troisième position à la dernière élection présidentielle.

Tout ce magma de coups durs vécus par l’opposition sous Macky Sall a fini par déboucher sur un irrédentisme politique au niveau de certains acteurs politiques et par s’agglomérer autour d’un nouveau cadre dénommé Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D). Une sorte de pendant et/ou de réinvention du M23 originel (Mouvement des forces vives de la Nation), qui entend prendre en charge tous les avatars et nouvelles dynamiques dans la confrontation face au régime en place.

Ce mercredi 23 juin 2021, c’est ce même M2D qui sera au cœur de la manifestation de commémoration des événements de juin 2011 qui se tiendra sur le terrain des HLM Grand-Yoff. Au même moment, un autre rassemblement est prévu à la Place de la Nation à l’initiative de « personnes plus ou moins proches du pouvoir » et qui refusent au M2D l’actionnariat majoritaire du M23.

Une preuve, si besoin en était, que le peuple du 23 juin 2011 s’est scindé, du septennat au quinquennat, en deux segments compartimentés entre d’une part une bonne partie de l’opposition et/ou de la société civile, et d’autre part des proches et tenants du pouvoir. De Moustapha Niasse actuel président de l’Assemblée nationale, à Macky Sall, chef de l’Etat, en passant par Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau, et beaucoup de leaders de la gauche actuellement dans les filets de la mouvance présidentielle.

REJET DU TICKET PRESIDENTIEL ET DU QUART BLOQUANT :Jeudi de refus

Le 23 juin 2011, des manifestations avaient éclaté à Dakar et dans plusieurs localités du pays en guise de protestation contre le vote du projet de loi instaurant l’élection simultanée du Président de la République et de son vice-président. L’affaire du “ticket présidentiel” a enflammé en effet la rue sénégalaise et diverses composantes de la société : jeunes, syndicats, opposition, société civile…

Des manifestations, réprimées, ont eu lieu dans différentes villes comme Kaolack (Centre), Ziguinchor (Sud) et Dakar. Dans la capitale, des groupes de jeunes avaient été violemment dispersés par les forces de l’ordre, qui ont interpellé un nombre indéterminé de personnes. Parmi celles-ci figurent deux rappeurs, dirigeant le mouvement Y en a marre, engagé contre les “injustices” du régime d’Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000.

Cette réforme de la Constitution devait abaisser à 25 % le seuil minimum des voix nécessaires au premier tour pour élire un “ticket présidentiel” comprenant un président et un vice-président et ainsi assurer le maintien au pouvoir de Wade père et fils. Face à la colère de la rue, Abdoulaye Wade a renoncé in extremis, à son projet controversé de réforme constitutionnelle qui devait assurer son élection et le passage du pouvoir à son fils après son départ.

C’est son ministre de la justice, Cheikh Tidiane Sy, qui annonça le retrait du projet de loi en question aux députés. L’opposition sénégalaise qui vit en ce retrait une victoire du peuple, a immortalisé l’évènement de contestation par la mise sur pied du “Mouvement du 23 juin ».

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