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vendredi, avril 19, 2024
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«Jokko Ak Macky» est une stratégie… pour maquiller une certaine impasse»

par pierre Dieme

L’avis est de Jean Charles Biagui, enseignant en Sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

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Le concept « Jokko Ak Macky » serait tout juste une stratégie du pouvoir en place pour maquiller une certaine impasse dans la prise en charge de la demande sociale et l’élaboration d’une politique publique cohérente en faveur de l’emploi. L’avis est de Jean Charles Biagui, enseignant en Sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Interpellé par Sud quotidien sur cette nouvelle trouvaille du chef de l’Etat, Macky Sall, par ailleurs président de la coalition majoritaire au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar, pour aller à la rencontre des populations de certaines communes notamment les jeunes, Jean Charles Biagui va même plus loin en déclarant que ce concept (« Jokko Ak Macky ») est une tentative pour revenir sur le devant de la scène après les évènements de mars 2021 et surtout au lendemain de la défaite électorale du 23 janvier dans les régions les plus stratégiques du pays.

Jokko Ak Macky », c’est le nouveau concept initié par le chef de l’Etat pour échanger avec des populations, notamment les jeunes des départements. Comment appréciez-vous ce concept ? A votre avis, y a-t-il un rapport avec les prochaines législatives de juillet prochain?

Le concept « Jokko Ak Macky » vient s’ajouter à la liste des nombreux concepts proposés par le pouvoir depuis 2012. « Yonnu yokkute » avait rapidement cédé la place au plan Sénégal Émergent 2035. Dans la perspective de ce dernier, le candidat-président Macky Sall présentera en 2019 le slogan « un Sénégal pour tous ». Un an plus tard environ, il parlera de « Fast Track » dans le cadre de la réalisation des objectifs du programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes. C’est maintenant le « Jokko Ak Macky ». En réalité, tout comme les autres concepts précédemment évoqués, ce dernier concept traduit une certaine impasse dans la prise en charge de la demande sociale, dans l’élaboration d’une politique publique cohérente en faveur de l’emploi. Les concepts ne suffisent pas. Un contenant sans contenu n’a pas de sens. Plus précisément, le concept « Jokko Ak Macky » est une tentative pour revenir sur le devant de la scène après les évènements de mars 2021 et surtout au lendemain de la défaite électorale du 23 janvier dans les régions les plus stratégiques du pays. Malheureusement, le pouvoir fait une analyse incomplète de la situation politique actuelle. Les évènements de mars et le vote en faveur de l’opposition ne se justifient pas seulement par le contexte économique difficile en particulier pour les jeunes. Il résulte aussi de l’affirmation de plus en plus importante d’une conscience politique. En effet, les citoyens comprennent de plus en plus que non seulement le pouvoir est incapable de leur offrir de réelles perspectives d’emploi, mais en plus, il s’inscrit dans les mêmes perspectives politiques que les régimes précédents. Le train de vie de l’Etat est démesuré, la mal gouvernance est banalisée et érigée en règle, certaines libertés fondamentales notamment la liberté de manifester sont remises en cause, la justice est politisée et instrumentalisée. Par ailleurs, est-il possible de réaliser en deux ans ce qu’on n’a pas pu faire en 10 ans ?

Cette initiative « Jokko Ak Macky » peut-elle combler du point de vue communication le vide laissé par les traditionnelles tournées économiques que le chef de l’Etat faisait à la veille de chaque scrutin ?

L’initiative « Jokko Ak Macky » est une mauvaise stratégie de communication pour un président a la croisée des chemins et sur le départ. D’une manière générale, la communication politique est en général largement négligée. Au Sénégal, la communication gouvernementale se confond trop souvent à la propagande dans les médias d’Etat en particulier. Pourtant, le président de la République a l’opportunité de convaincre les Sénégalais en allant à leur rencontre dans leurs villages et leurs quartiers. Les tournées dites économiques auraient dû permettre de tâter le pouls des populations et de leur parler directement. Mais elles sont malheureusement l’occasion d’un folklore inutile pour la nation. C’est seulement dans nos pays africains où les présidents de la République voyagent plus à l’étranger qu’à l’intérieur de leurs propres pays.

Que vous inspire le défi de l’unité au sein de la majorité présidentielle pour les prochaines législatives que s’est fixé le chef de l’Etat après avoir béni des listes parallèles dans certaines localités, lors des dernières locales ?

Les listes parallèles à elles seules ne suffisent pas à expliquer les échecs de Benno Bokk Yaakaar. Elles y ont contribué sans nul doute. Mais, même si le pouvoir réussissait le pari de l’unité, il pourrait perdre surtout dans des départements où il me semble que l’opposition s’est confortablement installée en maître des lieux, comme Ziguinchor, Bignona ou Dakar par exemple.

A votre avis, le contexte actuel milite-t-il en faveur de la victoire du régime en place lors des prochaines élections ?

Il y a de mon point de vue un élément qui sera déterminant lors des prochaines législatives comme lors des précédentes. C’est le mode de scrutin qui privilégie les grandes formations politiques ainsi que les grandes coalitions. Le scrutin majoritaire a un seul tour favorisera le parti au pouvoir dans plusieurs départements, surtout si l’opposition y propose plusieurs listes différentes.

Nando Cabral GOMIS

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