La mort de Mamadou Khadialy Sylla, un Sénégalais de 35 ans, continue de susciter une onde de choc en Italie. Tailleur respecté et apprécié dans son entourage, il a perdu la vie dans des conditions mystérieuses au sein de la prison de Santa Maria Capua Vetere, dans la région de Campanie. Selon L’Observateur, ce décès trouble et inexpliqué a déclenché une vive colère au sein de la communauté sénégalaise et au-delà, posant une nouvelle fois la question du sort réservé aux détenus étrangers dans le système carcéral italien.
Une mort en détention aux zones d’ombre inquiétantes
Tout commence le 25 septembre dernier à la gare de Caserta. D’après les premiers éléments de l’enquête, Mamadou Khadialy Sylla aurait été impliqué dans trois agressions, dont un vol de téléphone portable. Alertés, des agents de la police ferroviaire interviennent pour le maîtriser. Mais l’interpellation tourne mal : une bagarre éclate et une technique d’immobilisation est utilisée sur le Sénégalais, qui finit blessé.
Transporté à l’hôpital pour des soins, il est ensuite conduit à la brigade de police avant d’être écroué. Le lendemain, vendredi 26 septembre, il est retrouvé mort dans sa cellule, dans des circonstances toujours obscures.
Colère et mobilisation de la communauté
La nouvelle de son décès a provoqué une vive émotion. Le dimanche 28 septembre, plus d’une centaine de personnes, dont de nombreux Sénégalais installés dans la région, se sont rassemblées sur la place Dante, en Campanie, pour réclamer « vérité et justice ». Les slogans scandés — « On ne peut pas mourir comme ça », « Nous voulons transparence » — traduisent la méfiance grandissante vis-à-vis d’un système judiciaire et carcéral accusé de banaliser les drames touchant les immigrés.
Des proches de Mamadou rappellent qu’il travaillait comme tailleur dans une entreprise de renom et qu’il était unanimement apprécié pour son professionnalisme et sa gentillesse, un portrait qui contraste fortement avec l’image d’un homme violent véhiculée par son arrestation.
Une enquête ouverte, trois médecins visés
Face à la pression, une autopsie a été ordonnée et une enquête pour homicide involontaire a été ouverte par le parquet. Trois médecins sont déjà dans le collimateur de la justice italienne, deux d’entre eux travaillant aux urgences de l’hôpital où Mamadou avait été admis.
Selon des témoignages recueillis par L’Observateur, la famille et les amis du défunt estiment que « des médicaments avaient été administrés de manière rapprochée », laissant planer le doute sur une éventuelle surdose ou une négligence médicale.
Les investigations devront déterminer si ces pratiques médicales ont contribué à précipiter la mort du jeune Sénégalais.
Un drame de plus dans une longue série
Mamadou Khadialy Sylla rejoint malheureusement la liste déjà trop longue de Sénégalais décédés à l’étranger dans des conditions troublantes. Sa disparition met en lumière la fragilité des migrants face à des systèmes judiciaires et carcéraux souvent opaques.
Dakaractu