Accueil ActualitésSociété Insuffisants rénaux : «il faut qu’un malade décède pour libérer une place»

Insuffisants rénaux : «il faut qu’un malade décède pour libérer une place»

par pierre Dieme

Les malades atteints d’insuffisance rénale chronique qui se font suivre dans les hôpitaux publics bénéficient de la gratuité des séances de dialyse. Parallèlement, ceux qui sont inscrits sur les listes d’attente devront se rabattre vers le privé pour se faire suivre et bénéficier de la subvention de l’Etat, encore que celle-ci est de moins en moins respectée par les structures privées. Cependant il est important de noter qu’il y a tout un amalgame derrière la gratuité de la dialyse dans le public, dans la mesure où pour en bénéficier, il faut qu’un malade décède.Une attente parfois longue et pénible, mais surtout mortelle. Tel est le sort des insuffisants rénaux inscrits sur les listes d’attente.

En effet, l’Etat du Sénégal à beau chanter les mérites de sa politique sociale, au premier chef la prise en charge de la dialyse, hélas le quotidien des malades laisse à désirer. D’après une source médicale contactée par «L’As», «chaque jour, on peut recevoir cinq patients qui arrivent en stade de dialyse ». Et cela au moment où il y a un manque criard de place dans le public, dit-il. 

A en croire notre source, désormais, il faut qu’un malade décède pour libérer une place. Une attente qui peut être longue, dans la mesure où, les malades qui gèrent bien leur dialyse peuvent vivre jusqu’à en moyenne 7 à 8 ans, voire plus», souligne-t-il. S’il s’agit de malade particulièrement jeune et qui arrive à gérer les traitements qui tournent autour de la dialyse, il pourra vivre plus de 25 ans en dialyse. «C’est dire que la mort n’arrive pas souvent en dialyse». De l’avis toujours du spécialiste, les patients qui arrivent en consultation ne peuvent pas attendre. Ils sont donc obligés d’aller vers les structures privées en attendant qu’une place se libère dans le public. Il peut arriver aussi qu’on appelle une personne qui figure sur la liste d’attente pour lui annoncer qu’elle va bénéficier désormais de la gratuité et on apprend malheureusement que cette dernière est décédée. «Ce qui signifie que l’attente même peut être mortelle».

A en croire le néphrologue, il est quasi impossible pour la plupart des Sénégalais de tenir un an de dialyse dans le privé en raison de 65.000 FCFA par séance et 3 fois par semaine. Encore que la dialyse n’est que la face visible de l’iceberg du traitement, surtout que cela concerne une partie du rôle du rein, c’est à dire la partie épuration. L’autre problème est relatif au manque de personnel. «Un centre qui a, par exemple, 12 postes, prend seulement 24 malades par jour, s’il décide de dialyser 2 fois par semaine». En plus de cela, il y a le problème de technicien de dialyse surtout dans les nouveaux centres. «Souvent, on nous envoie un seul technicien de dialyse, alors que dans la norme un technicien de dialyse, c’est pour 4 malades. Donc, on ne peut pas prendre plus de 5 malades», se désole le spécialiste. 

LA SENSIBILISATION COMME FREIN A LA MALADIE 

Malheureusement, les structures privées ne respectent pas les accords de partenariat noués avec l’Etat du Sénégal. De l’avis du toubib, ceci découle du fait que l’Etat est mauvais payeur. «Si une structure privée dialyse ses malades et paie les consommables, et qu’après l’Etat tarde à payer, cela pose problème», regrette notre interlocuteur. Il ajoute que la structure peut, à la longue, contracter des dettes. D’où le refus de nombreuses structures de prendre les malades qui n’ont pas de prises en charge. «Si l’Etat était bon payeur ou bien si les entreprises répondaient, les structures privées pourrait se permettre de prendre les malades tout en sachant qu’après le paiement se fera sans problème». C’est pourquoi, il propose d’axer la stratégie sur la sensibilisation. «Nous sommes un pays pauvre, donc cela ne sert à rien de laisser les patients arriver à un stade de dialyse. Même dans les pays développés, c’est souvent difficile de gérer tout le monde en dialyse. Donc dans les pays pauvres, il faut axer le combat sur la sensibilisation. Mais derrière, il faut aussi des mesures d’accompagnement par rapport à cette sensibilisation. Surtout par rapport à l’alimentation, d’autant les grands pourvoyeurs de malades rénales dans le monde restent l’hypertension artérielle et le diabète. Si ces deux pathologies sont bien gérées, on pourrait retarder l’entrée en dialyse de 50% des malades qui sont aujourd’hui hémodialysés», soutient le médecin.

LA DIALYSE PERITONEALE COMME PALLIATIF A LA LONGUE ATTENTE 

Pour éviter les longues attentes, le néphrologue propose d’adopter le modèle américain qui reste la dialyse péritonéale. De l’avis du spécialiste, c’est une dialyse qui permet après apprentissage au malade de faire sa propre dialyse chez soi. Au Sénégal, seul l’hôpital Aristide Le Dantec a expérimenté ce type de traitement. «On a des malades de l’hôpital Le Dantec qui sont sous cette dialyse depuis presque 5 ans», explique-t-il avant d’ajouter : « Si l’environnement le permet, qu’il y a une certaine propreté et que le malade comprend bien comment manipuler, il parvient à faire sa dialyse à domicile. On lui donne tout simplement les cartons de consommables. La dialyse se fait au niveau abdominal». Il renseigne que dans certains pays, le malade ne va pas directement en hémodialyse, sauf quand il y a des contre-indications à la dialyse péritonéale. 

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