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jeudi, avril 18, 2024
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IBK confiné, à qui le tour ?

par pierre Dieme

A l’instar de ce qui s’est dernièrement passé en Côte d’Ivoire, les armes devraient en ce moment tonner à Bamako. Comme les chefs d’Etat l’ont explicitement indiqué à travers des communiqués aussi acculant, qu’accablant, les forces de la CEDEAO devraient être en train de chercher à libérer IBK en vue de le rétablir dans ses fonctions de dictateur. En ces temps d’épidémie du troisième mandat, Ado et ses potes ne veulent pas de coups si ce ne sont pas eux qui les administrent. Seulement, il va leur falloir compter sur cette vive aspiration au changement du très jeune Peuple ouest-Africain pris en otage par une classe politique moyenâgeuse juste utile à la France.   

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« Il nous faut agir avec responsabilité et célérité afin d’éviter que le Mali ne sombre dans un vide institutionnel et dans une impasse politique. Le coup de force contre un Président démocratiquement élu constitue une violation du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Nous l’avons fermement condamné ». C’est le président SALL qui réagit ainsi suite à ce qu’il considère comme un « coup de force » des militaires maliens. Comme à l’accoutumée, le leader de l’APR ne s’est guère cassé les méninges pour trouver des arguments. Un conseiller avisé lui aurait sans doute recommandé de parler de tout à l’exception du protocole de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). De tous ses homologues, il est le moins bien placé pour parler de violation du protocole de la CEDEAO. Et ce n’est pas seulement parce que Macky SALL a piétiné de nombreux arrêts de la Cour de Justice de la CEDEAO avec les affaires Karim WADE et Khalifa SALL. S’il ne s’agissait que de cela, Alassane Dramane Ouattara lui disputerait certainement le titre de champion des torpilleurs de charte fondamentale et d’arrêts d’organes d’Institutions internationales.

Quand le 22 avril 2020, dans le cadre de l’affaire Guillaume Soro,  la Cour Africaine des Droits de l’homme et des peuples (CADHP) a ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire d’arrêter le processus et d’observer le « statu quo ante », la réplique du régime Ouattara n’a pas tardé. Le 28 avril, c’est à-dire moins d’une semaine après,  la justice ivoirienne condamne Guillaume Soro à 20 ans de prison, 4.5 milliards de francs CFA d’amende et à la privation de ses droits civiques pendant cinq ans. Pas seulement, dans un communiqué lu par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidi Tiemoko Touré, la Côte d’Ivoire annonce avoir « décidé de retirer la déclaration de compétence prévue au protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples émise le 19 juin 2013». Autrement, désormais, ce qui dit la CADHP n’engage pas la Côte d’ivoire. Selon le régime Ouattara, les récentes décisions de la Cour africaine, « non seulement porteraient atteinte à la souveraineté de l’Etat de Côte d’Ivoire, mais aussi  à l’autorité et au fonctionnement de la justice » .Pas plus tard que le 15 juillet dernier, la Cour Africaine des Droits de l’homme et des peuples (CADHP), suite à une saisine des opposants, a ordonné à la Côte d’Ivoire d’organiser de nouvelles élections dans les commissions électorales locales avant la tenue de la présidentielle. Comme l’avait indiqué le gouvernement ivoirien, la réponse a été d’une méprisante ignorance. ADO, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle, est plus préoccupé par le matraquage des contestataires. Sur ce point-là, ADO n’est pas moins balèze que son homologue sénégalais. C’est avec la contradiction et le paradoxe que Macky SALL lui dame le pion. En effet, en septembre 2015, le gouvernement de transition, mis en place après la chute de Blaise Compaoré a été éjecté, Macky SALL, en tant que président en exercice de la CEDEAO, s’est dépêché de se rendre au Burkina où il a été accueilli par le général Gilbert Diendéré et ses amis putschistes. Le monde entier a été ébahi de l’entendre dire devant la presse que ces derniers allaient bénéficier d’une amnistie pour les actes commis lors du coup d’Etat.

Ce ne sont pas les « coups de force » qui indisposent Macky SALL et son compère Ouattara qui s’y est même appuyé pour parvenir au pouvoir.  Les droits de l’homme et des peuples, les institutions et la culture démocratiques, la bonne gouvernance et l’Etat de droit ne sont pas leur préoccupation, contrairement à ce qu’ils disent. L’autre reproche que la Cour africaine fait au régime ivoirien c’est d’avoir constaté que les présidents de toutes les commissions électorales indépendantes sont des militants et cadres en faveur du parti présidentiel, le RHDP.  Après cela, quel poids a le vote ? Où sont les élections régulières et transparentes dont se targuent ces chefs d’Etat aussi mal élus que Kim Jong-un. En vérité, ce qui les incommode par-dessus tout, c’est le timing, le contexte. A un autre temps, les militaires auraient même fait des victimes en prenant le pouvoir, ils n’auraient pas été aussi expéditifs en décidant illico presto de placer le Mali sous embargo. Mais, en ces temps d’épidémie du troisième mandat, les militaires sont appelés au cantonnement permanent. Leur intervention n’est souhaitée que quand la gendarmerie et la police sont dépassées. Ce qui n’était pas le cas du Mali où les forces de l’ordre maintenaient la situation sous contrôle en multipliant les morts. En entrant en jeu, en même temps que les forces de l’ordre, les militaires ont suscité l’ire des chefs d’Etat de la CEDEAO qui n’auraient pas hésité à lancer une opération militaire au Mali. Deux facteurs les ont arrêtés : La France qui a  lâché IBK et le Peuple malien resté debout. « La France avait pris acte de l’annonce de la démission du président  malien et qu’elle se tenait comme elle l’a toujours fait, aux côtés du peuple malien.  Elle s’est engagée, à la demande de ce pays, en poursuivant deux priorités : l’intérêt du peuple malien et la lutte contre le terrorisme », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui annonçait les couleurs que son patron allait dessiner. En effet, en Indiquant le 19 août, que « la paix, la stabilité et la démocratie sont notre priorité », Emmanuel Macron a compris que s’en était terminé pour Ibrahima Boubacar Keïta désavoué par son peuple et son armée. Ce n’est que le lendemain 20 août que Macky SALL et Alassane Ouattara ont réagi en personne. Jusque-alors, c’est seule la CEDEAO qui représente tout le monde et personne qui communiquait sur la question. La France, qui promeut la paix et qui dit être aux côtés du Peuple, ne laisse aucun choix aux chefs d’Etat de la CEDEAO. D’autant que le Peuple, qui appelait IBK à la démission, soutient les militaires qui ont arbitré le différend national en confinant le président, pour éviter qu’il ne contamine tout le Mali. C’est ce sort salutaire que refuse de connaitre les présidents de la CEDEAO habitués au tripatouillage de Constitution. Mais avec des peuples aussi debout que les Malien, aspirant fondamentalement au changement de système et d’hommes, les soubresauts ne s’arrêteront pas au Mali.

Mame Birame WATHIE

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