Invité de l’émission « Point de Vue » sur la RTS, le ministre d’État et président du Conseil d’administration de la Senelec, Habib Sy, a admis sans détour que le coût de l’électricité demeure trop élevé pour les ménages sénégalais. Il a également pointé du doigt la mauvaise compréhension du système de comptage Woyofal par une grande partie des usagers.
« Les gens n’apprécient pas. Ils se plaignent carrément parce que l’électricité coûte cher actuellement. Et ils ont raison », a reconnu Habib Sy d’entrée de jeu.Le ministre d’État promet d’agir rapidement. « Je vais tenir une réunion dans les prochains jours avec la direction générale de la Senelec, le ministère du Commerce, la division de la métrologie, les associations de consommateurs et la Commission de régulation de l’électricité. Il faut qu’on fasse la lumière sur cette question et qu’on améliore la communication. »
Selon lui, la majorité des Sénégalais ne comprend pas bien le fonctionnement du compteur Woyofal, ce qui alimente frustrations et incompréhensions.
Un prix élevé malgré la subvention de l’État
Habib Sy a rappelé que le prix moyen du kilowattheure au Sénégal est de 127 francs CFA, un tarif supérieur à celui observé en Côte d’Ivoire.
« C’est cher, je le reconnais. Mais il faut aussi savoir que l’État continue de subventionner lourdement le secteur, à hauteur d’environ 214 milliards de francs CFA pour l’exercice passé. Sans ces subventions, les factures seraient encore plus élevées », a-t-il expliqué.
Une production maîtrisée, mais un coût de production élevé
Pour Habib Sy, le problème ne vient pas de la production, qui atteint 1 950 mégawatts, mais plutôt du coût des matières premières importées.
« La production couvre la demande. Le vrai problème, c’est le coût du fuel, et des intrants que nous importons pour faire fonctionner les centrales », a-t-il précisé.
Le président du CA de la Senelec a par ailleurs souligné que 23,4 % de la production nationale provient du solaire, grâce à une dizaine de centrales réparties dans le pays. Cependant, la plus grande partie de l’électricité reste produite par des opérateurs privés, à la suite d’une ouverture du marché décidée par l’État il y a plusieurs années.
Vers une transition au gaz pour réduire les coûts
Habib Sy a réaffirmé la volonté du gouvernement d’accélérer la transition vers le gaz naturel.
« Le Premier ministre et le président de la République ont donné des directives claires pour qu’en 2026, nos centrales, notamment celle de Bel-Air, puissent fonctionner au gaz. Cela permettra de réduire considérablement les coûts de production », a-t-il indiqué.
L’objectif, selon lui, est clair : « Nous visons un prix moyen de l’électricité à 80 francs CFA d’ici 2034, et à 60 francs d’ici 2050. »
Communiquer pour mieux expliquer
Conscient du désarroi des usagers, Habib Sy entend placer la pédagogie et la transparence au cœur de son action à la tête du Conseil d’administration.
« Je ferai en sorte que la communication soit renforcée. Les populations doivent comprendre comment fonctionnent les compteurs et pourquoi les prix sont ce qu’ils sont. Nous devons sortir de cette situation difficile. »