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jeudi, avril 18, 2024
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Imams en défiance, l’autorité de l’état chahutée

par admin

A Médina Gounass, si l’on en croit nombre d’informations jusque-là non démenties, des fidèles vont à la prière, fréquentant des mosquées, violant la fermeture des lieux de culte décrétée par le chef de l’Etat dans le cadre de la lutte engagée par le Sénégal pour contenir la dissémination de la pandémie du Covid19.

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Au nez et à la barbe des forces de sécurité censées veiller à l’application des lois. Pendant ce temps, à Dakar, Mbour et quelques autres localités du pays, des gens qui ont défié l’arrêté de fermeture des mosquées et autres lieux de culte, ont été interpellés par la police et parfois de façon musclée.

Il en a été ainsi au quartier Léona Niassène de Kaolack, où des fidèles, en violation de la loi, se sont pliés vendredi dernier à la prière collective. La tension était montée d’un cran avec des croyants d’autant plus ulcérés, qu’ils avaient le sentiment de réparer une injustice. Aussi, pour manifester leur incompréhension, ont-ils fustigé le fait qu’« ailleurs au Sénégal , d’autres communautés musulmanes ouvrent leurs mosquées et prient sans être inquiétés ». Une incompréhension que l’on retrouve du reste dans l’interrogation sur la non-fermeture des marchés, lieu par excellence de concentration et de promiscuité. Une manière de dire qu’en ces moments d’inquiétude et d’angoisse, l’Etat aurait pu édicter des mesures barrière permettant aux fidèles de prier et d’invoquer dans les lieux de culte la miséricorde du Seigneur.

n tout état de cause, comment comprendre qu’on puisse en arriver là, après que les réserves des uns et des autres ont été surmontées, grâce à une concertation intelligente qui a su emporter l’adhésion des familles religieuses musulmanes et de l’Eglise ? Et maintenant, voilà que le laxisme d’Etat a installé un dissensus dans l’espace public. Pour sûr, ce qui se passe en ce moment, notamment à Médina Gounass et au quartier Léona Niassène de Kaolack, menace la cohésion nationale. En République, faut-il le rappeler, la religion, les confessions, ont leur existence garantie et protégée mais, à l’intérieur d’une forme politique et d’un ordre collectif qu’elles ne déterminent pas. Ce faisant, par son louvoiement, l’Etat contribue à fragiliser ainsi ce qui fait sa force, à savoir son positionnement impersonnel. Démocratique et laïque, la République a en effet l’obligation de se distancier de tout parti pris et de toute coterie pour couver tous ses enfants du même amour , la même protection et la même intransigeance. Quels que soient leurs sexes, leurs croyances, leurs catégories socio professionnelles, leurs appartenances ethniques.

Il est d’autant plus important de rappeler que ce pays est une république laïque, qu’hier dimanche, on a même entendu Kalidou Diallo, un ancien ministre de l’Education, prôner sur I. radio l’ouverture des mosquées avant celle de l’école. De l’Eglise et des temples ? Point de mot. Le comble du comble ! Que l’on sache, même s’il est habité par une majorité d’hommes et de femmes de confession musulmane, le Sénégal n’est pas un pays musulman.

Les pères fondateurs l’avaient si bien compris, eux qui ont élu un catholique à la magistrature suprême et se sont employé à asseoir une bonne entente entre les différentes communautés. Il est important de ne pas oublier que la laïcité n’est pas la domination de la religion majoritaire mais la garantie par l’Etat de la pratique de toutes les croyances. Musulman, chrétien, animiste, athée, nul ne doit être persécuté pour ses croyances religieuses. En République il y a une séparation des pouvoirs, entre le temporel et le spirituel. Mais le Sénégal montre parfois un visage étrange où, au sortir des élections, on remercie d’abord son guide religieux et ensuite les militants et sympathisants.

Craignant que de telles pratiques ne viennent dévoyer durablement la démocratie, un brillant universitaire de l’Ucad avait dénoncé en son temps « la République couchée». Par cette formule forte, il signifiait non point que l’Etat ne doit pas relationner avec la religion mais veiller à pérenniser ses prérogatives régaliennes. Sur les réseaux sociaux circule un post qui rappelle une réalité qui nous interroge.

Des pays arabes qui comptent cinq voire dix fois plus d’habitants que le Sénégal ont vu les autorités prendre la décision de fermeture des mosquées dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. Ainsi est-il rappelé que : « l’Iran des Ayatollah, 84 millions de musulmans prient à la maison sans problème. En Arabie Saoudite 34 millions de musulmans, la Kaba est fermée et le pèlerinage de cette année annulé. Les gens prient à la maison ».

D’où cette pertinente interrogation : « Avec ses 14 millions le Sénégal serait-il plus croyant que les autres ? » On le saurait si dans ce pays n’avaient cours que les bonnes pratiques. Les détournements, les entourloupes, la pédophilie, les viols et autres prévarications qui s’y dévoilent font croire que non. Ce qui devrait nous inciter « à économiser Dieu » , en sachant simplement que s’Il « nous a donné des noix », il nous revient « de les casser ».

Pour être acceptée, l’autorité de l’Etat doit se montrer impartiale. La laisser se déliter par connivence coupable fait courir de gros risques à la cohésion nationale. Et puis, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la fermeture des mosquées, de l’Eglise et des lieux de culte, est un acte de foi, de compassion et de fraternité, dans la mesure où il s’agit de prendre soin d’autrui, de la société dans son ensemble.

Calame

 

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