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mardi, avril 16, 2024
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Afrique: la menace d’une violente crise économique

par admin

Chute des cours des matières premières, effondrement des flux financiers, tourisme à l’arrêt, travailleurs confinés… Les conséquences de la pandémie vont être considérables.

Elle était en quelque sorte le symbole des ambitions économiques du continent, le héraut de « l’esprit nouveau africain », comme le clame sa devise. Ethiopian Airlines, la première compagnie aérienne d’Afrique, détenue à 100 % par l’Etat, lutte aujourd’hui pour sa survie. La pandémie provoquée par le nouveau coronavirus cloue ses avions sur le tarmac de l’aéroport d’Addis-Abeba, que cette entreprise publique avait pourtant transformé en quelques années en principale plate-forme aérienne du continent vers l’Europe et le Moyen-Orient.

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Elle prévoyait de l’agrandir encore en y investissant 5 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros). Depuis l’explosion de cette crise mondiale, son activité a chuté de 85 %. Son PDG, Tewolde Gebremariam, exprimait récemment son désarroi : « Je n’aurais jamais pensé que ça se répandrait comme ça, à cette vitesse, et avec une telle ampleur. Ça va juste trop vite, ça coûte trop cher et c’est au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer. » A la différence d’autres compagnies africaines, Ethiopian n’a pas mis la clé sous la porte, mais elle mettra des années à se relever.

Son cas est emblématique. Emblématique du choc économique, violent, imprévisible et aux lendemains incertains, encaissé comme un uppercut dans la face des Etats africains qui affichaient ces dernières années des chiffres de croissance enviables. Tout vacille : des mastodontes comme Ethiopian jusqu’aux vendeurs des rues calfeutrés de force dans les bidonvilles ; du budget de l’Afrique du Sud, première économie du continent, jusqu’au bas de laine d’une famille malienne vivant habituellement des maigres fonds envoyés par un proche émigré.

Les modèles économétriques tournent à plein régime pour tenter d’évaluer l’ampleur de la catastrophe économique annoncée alors même que celle, sanitaire, n’a pas (encore ?) eu lieu. Le 27 avril, le continent, Afrique du Nord comprise, soit 1,3 milliard d’habitants, ne comptait en effet « que » 31 639 cas confirmés de Covid-19, fatal à 1 456 personnes. Des chiffres à rapporter aux 2,6 millions de cas et 583 000 décès dans le monde. Quelle que soit la crédibilité des données, le coronavirus a d’ores et déjà mené son entreprise funeste en enrayant la machine économique davantage encore que les organismes humains.

Faire dérailler la croissance

C’est à peu près l’inverse qui se passe pour de nombreux pays africains. « Le problème d’un Etat n’est pas tant le montant de sa dette rapporté au PIB que sa capacité à se financer », explique Jean-Michel Severino, président du fonds Investisseurs et partenaires. « Or les Etats africains ont un accès réduit aux marchés financiers et ils en auront besoin au moment où l’Occident sera sans doute lui-même confronté à une crise des financements », ajoute-t-ilLe moratoire sur le paiement des intérêts et du capital jusqu’à la fin de l’année annoncé récemment par les vingt pays les plus riches du monde ne saurait être suffisant. Pour de nombreux spécialistes de l’Afrique, la somme de toutes les contributions annoncées – FMI, Banque mondiale, Banque africaine de développement (BAD), Eximbank notamment – ne répond pas, non plus, aux besoins de la crise.

Ce qui est vrai pour les pays les plus pauvres l’est également pour les plus riches du continent, dont le Nigeria, illustration des faiblesses induites par une extrême dépendance à l’exploitation de ses ressources naturelles. Plus de la moitié de la richesse nigériane créée chaque année provient en effet de l’industrie pétrolière. « Tout d’abord, son économie a été mise à mal par l’effondrement du prix du pétrole, puis par la hausse des coûts pour lutter contre la propagation de Covid-19. Une seule de ces crises aurait suffi à faire dérailler la croissance de 2020, mais les deux survenant simultanément sont dévastatrices », peut-on lire dans une note de l’Institute for Security Studies (ISS). Comment dès lors compenser cette perte alors que sa marge fiscale est limitée et ses réserves de change, qui s’élevaient à 34 milliards de dollars début 2020, ont fondu de 10 milliards pour défendre le naira. La monnaie nigériane a finalement été dévaluée en mars, augmentant mécaniquement le coût des importations.

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