L’abdication

par admin

Nulle part ailleurs au monde qu’au Sénégal n’a’t’on encore vu un haut galonné de l’armée s’installer aux commandes de la gestion de la crise du coronavirus dans un pays.
En l’y plaçant hier, en une journée de repos, signe de sa fébrilité qui confine à une extrême nervosité, Macky SALL, le déjà illégitime President du Senegal, a fait du General Francois Ndiaye l’homme fort de la nation. Cest autour de lui que gravite désormais le cœur du pouvoir d’état qui a ainsi fini de reposer sur le nouveau logiciel qu’il s’est imposé dans la précipitation : plan Sénégal Corona (PSC). Ce dernier supplante le plan Sénégal émergent (PSE), dont le pouvoir se flattait, qui a été achevé et renvoyé à la morgue par le virus perturbateur.

Dans aucun autre pays, en particulier les plus puissants, un militaire, policier ou gendarme, n’a été conscrit pour diriger la manœuvre contre la pandémie en cours.
Ce qui s’est passé hier au Sénégal, loin d’être donc un acte de leadership, traduit plutôt son absence sinon son abdication. C’est même, peut-on dire, la remise en question d’une doctrine fondamentale dans l’ordre institutionnel du Sénégal depuis son indépendance. Un tel acte n’est semblable qu’au transfert de la gestion des élections à la fin des années 1990 aux militaires et là c’était encore sur la recommandation d’une instance collective et paritaire.
Les plus cyniques s’empresseront de voir au premier degré dans la nomination de l’ancien chef d’état major de l’armée de terre la preuve d’une panique générale à la tête du pays, la perte de sang froid de celui qui en théorie le dirige et la confirmation du tâtonnement indicible qui le caractérise.

Qu’elle soit intervenue au lendemain d’une conférence de presse ayant viré en tragi-comédie du beau-frère de Macky SALL, devenu la source d’inspiration des chasseurs d’anagrammes, le ci-devant Mansournois Éteint, était suffisamment parlant pour signaler la volonté de circonscrire l’incendie qui engloutit le pouvoir sénégalais, par terre, dans la rue.
Tous ont vu fondre comme beurre au soleil les prétentions de Mansour Faye et s’effondrer sa posture de Tsar, qui lui avait été imprudemment taillée, dans la lutte contre le Covid19. Brusquement, le pays l’a découvert tel qu’en lui-même: pantin et petit, hissé à des responsabilités et nanti de ressources et pouvoirs hors limites à seule fin de le projeter en…présidentiable.

Le pauvre, en s’emmêlant les pinceaux sans lever le moindre soupçon sur les graves délits d’initiés qui pèsent sur lui, son neveu, Amadou SALL, fils de Macky, ses acolytes dans le mega-crimeriZ, notamment une bande de libanais corrupteurs, il s’est révélé n’être qu’une ratatouille pourrie, riZée de l’année, et donc renvoyée à ses chères études de minable.

Cette déconfiture Live d’un plan successoral, encore un autre fracassé, peut être perçue comme une énième manifestation de l’impéritie de Macky SALL, Trissotin et professeur Occultis des temps modernes, chaque jour explosé par ses élucubrations et alchimies funestes.

Ce qui est plus grave, c’est qu’au delà de son impuissance actée et de son incompétence consacrée, il a remis en question l’un des dogmes centraux de la relation militaire-civil telle que conçue depuis l’aube des indépendances des pays africains, notamment celle du Sénégal.
Il postulait un lien de sujétion, de dépendance, du militaire au civil. C’est pour cette raison que les militaires ont été les acteurs opérationnels dans un partage des rôles qui voyaient les civils dicter les missions.

En se posant en supérieur direct du Général Ndiaye, Macky cherche, de toute évidence, à sauver les meubles mais nul n’est dupe: il ne fait que masquer, sans y parvenir, le dessaisissement de son beau-frère et donc l’éviction d’un civil au profit d’un militaire dans la gestion de la pandémie.
Il se retrouve ainsi en dernier verrou dans une armature qui place l’armée à portée de main de l’instance suprême d’Etat.

Qui est fou? Sûrement pas les forces militaires qui le voient nu, nul et inutile, devenu encombrant parce qu’incapable d’ajouter une valeur quelconque dans la guerre contre le virus où, en un tournemain, son incapacité à montrer la voie s’est révélée au grand jour pendant que, de partout, dégoulinent ses compromissions avec les crimes financiers et alimentaires contre un peuple qu’il a trahi avec une camarilla d’escrocs, familiaux, politiques et affairistes.

C’est justement parce que les premiers dirigeants civils africains n’ont pas respecté le pacte avec les forces armées que celles-ci sont sorties de leur rôle initial qui était d’abord d’assurer l’intégrité territoriale des États, ensuite de superviser la sécurité des populations et enfin de contribuer par leur génie à l’édification d’infrastructures de développement. Elles ont quitté les casernes quand les civils ont failli dans la gestion rigoureuse et équitable, on ne disait pas encore démocratique, des pays africains. Des 1963, en renversant le président civil Togolais, Grunitsky, l’armée africaine rompait pour la première fois le deal avec les civils.

Pendant de nombreuses années, elle s’incrustera au pouvoir au nom de son devoir, disait-elle, de sauver l’Etat, du salut public ou encore de la restauration d’équilibres détruits.
Ce n’est qu’en juin 1999 qu’au sommet de l’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA), à Alger, où je fus présent, que fut adoptée une résolution bannissant les coups d’état et donc restituant la prééminence du civil sur le militaire.

Le retour des militaires dans les casernes était cependant assujéti à l’engagement des civils d’être plus justes et transparents, démocratiques, dans leur gestion des États.
Or, tel n’est pas le cas. Et dans celui de Macky SALL, s’adjoint à son pillage crapuleux du pays son incompétence légendaire devenue béante avec la pandémie actuelle.
En faisant appel hier au General Francois Ndiaye, qui se prévaut de son titre de patron de la force militaire envoyée en Gambie pour déloger le Président Yaya Jammeh qui s’accrochait à son poste malgré une lourde défaite électorale, la preuve est faite qu’il a de facto marqué son abdication du pouvoir.

Nous ne sommes pas encore à une situation identique à celle qui, il y a 4 ans, à la demande des pays de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait permis à Ndiaye de mettre fin au régime dictatorial de Jammeh.
Les prémisses n’en sont pas moins déjà là, dont la plus significative est que le projet autour duquel bat le cœur de la nation est entre les mains d’un militaire.

On ne l’imagine pas se rabaisser à couvrir la retraite des personnes impliquées dans les scandales autour du riz et de la pandémie dont l’étendue touche jusqu’à Macky SALL lui-même. Le peuple est là, la rage aux dents, qui ne demande rien moins que les scalps des coupables, quels qu’ils soient, le Khalife General Koulou todjeman (KGKT), naturellement en tête…

Il y a fort à parier qu’avec la famine et la paupérisation endémiques et grandissantes, les ruées vers les aides alimentaires, le chômage, les dislocations des solidarités et de la société, l’Etat ethnicisé, les médiocres et crapuleux à ses flancs, bref les incertitudes mortelles, la présence d’un général ayant fait ses preuves et formé à bonne école ne sera pas que plus rassurante. Elle tranchera face au symbole de l’échec qu’est le président de toutes les forfaitures.

Entre l’un, porteur de stabilisation et d’espoir, et l’autre, symbole de la pourriture et du règne des ripoux, le choix est évident.

En réalité, nous sommes dans une transition. Le pouvoir de Macky SALL relève du passé: comme l’ombre évanescente de Mansournois Éteint (Faye), celle du président né après les indépendances n’est plus qu’un regret, un rejet et une répudiation dont le pas le plus symbolique s’est présenté hier au pays sous les traits d’un homme d’ordre.

La transition a débuté. Attachez-vos ceintures: ce n’est là que l’Acte 1 d’une pièce à plusieurs tiroirs, mouvement turbulent de quête d’un bout de tunnel, loin d’avoir révélé toutes ses énigmes ni ses différents protagonistes.

C’est heureusement l’aube d’un nouveau jour, le début de l’après macky, la fin d’une gouvernance louche et lugubre par le piratage du rêve démocratique d’une grande nation et de son peuple, pris en otages par une horde d’imposteurs emmitouflés en promoteurs de l’intérêt général quand ils n’étaient mus que par le leur, grégaire !
Terminus: qu’il rende le tablier au lieu de tergiverser…

Adama Gaye, Le Caire, 20 Avril, 2020

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